C’était un « chaouch »[1] impitoyable.
Il
ouvrait le portail de l’établissement scolaire afin de permettre aux élèves d’y
accéder, et se tenait d’un côté, avec un long bâton fin et robuste, qui lui
servait à asséner des coups à ceux qui arrivaient juste à l’heure, et
risquaient d’être des retardataires.
Il n’y allait pas de main morte, comme dirait l’autre.[2]
Les
coups s’abattaient, atteignaient des dos, des têtes, des bras, des mains, et
autres.
Les élèves ne pouvaient que courir pour tenter d’y échapper.
Fermant
ensuite le portail, le chaouch continuait à user de l’arbitraire, pour empêcher
ceux qui se trouvaient encore à l’extérieur, d’accéder à l’intérieur.
Au
Maroc de « l’indépendance dans l’interdépendance ».[6]
La
fonction de ce portier a duré un certain temps pendant lequel il n’a pas cessé
de recourir aux coups abusifs et à la fermeture abusive du portail.
Il
m’arrive de penser à lui, et de revoir parfois des traits de son visage que je
n’ai pas oubliés.[7]
BOUAZZA
[1]
Achchaawch, chaawchch, nom répandu au Maroc par le colonialisme français, et
qui désigne en général, le portier d’un service ou d’un édifice dits publics.
Ce
personnage, en apparence ʺinsignifiantʺ, peut occuper une place importante,
dans les réseaux d’une institution.
Sa
ʺfonctionʺ en effet peut ne pas se limiter à voir qui entre dans un bâtiment, ou ce qui en sort.
Son
rôle d’intermédiaire dans ce qui se rapporte à la corruption, et à la débauche,
dans les administrations par exemple, peut être très étendu, et constituer un
rouage non négligeable.
[2] Cette
injustice, cet abus et d’autres du même genre, sont monnaie courante au Maroc.
Ils
sont plus que largement répandue dans tous les domaines.
Pour
tenter de les ʺjustifierʺ, ce proverbe est parfois appelé à la rescousse :
ʺL’çaa, maa tkhllii mne y’çaaʺ, les châtiments corporels éliminent
l’indiscipline (le bâton ne permet pas d’être indiscipliné).
La
torture sous toutes ses formes, un des fondements du régime hideux qui continue
de sévir contre les populations, se nourrit des abus pour terroriser encore et
encore.
[3] Selon
le calendrier dit Grégorien.
[4]
Moussa Ibn Noçaïr (le "r" roulé).
C’était
une école primaire que le colonialisme français avait appelée "école franco-musulmane",
à laquelle s’est ajouté le collège.
L’établissement
est devenu un lycée par la suite, et l’est encore.
[5]
Khémisset.
[6]
Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est
traduit dans les colonies par la multiplication des "États"
supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de
servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur
l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice,
la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression,
l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de
l’être humain.
Au
Maroc, colonie française dite ″protectorat″, le système
colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat moribond, en monarchie
héréditaire, dite de "droit divin".
Le
sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[7] Nous
l’appelionsʺkhaalii ‘Iyyaadʺ (khali Iyyad) qui veut dire oncle ‘Iyyaad, pas par
affection bien sûr (ʺkhaaliiʺ, signifiant oncle maternel), mais parce qu’au
Maroc, ce terme est utilisé lorsque des jeunes s’adressent aux hommes dits
adultes, ou en parlant d’eux.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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