« Petit à petit, le nid
fait son oiseau ».
L’institutrice s’arrachait
régulièrement les cheveux, devenait, petit à petit, une « Cantatrice
chauve » parce qu’il refusait de répéter après
elle :
« Petit
à petit, l’oiseau fait son nid ».
Il
n’avait aucun respect pour l’ordre qui, dans la logique de l’institutrice,
répond aux « canons de la loi » qui tonnent plus fort et plus
longtemps que les canons tout court.
Canons et autres armes de
destruction massive utilisés par l’Etat colonisateur, employeur de
l’institutrice, pour « pacifier » le pays où l’enfant est né,
et
imposer à certains « petits indigènes » l’histoire de « leurs
ancêtres les Gaulois », afin de leur faire oublier que les ancêtres de
l’espèce humaine sont nos parents Aadame
sur
lui la bénédiction et la paix, et Hawwaa-e,
qu’Allaah la bénisse.
À bout de
« patience », l’institutrice a fini par alerter les « autorités
compétentes » afin que le nid de l’insoumission cesse d’être le lieu
d’accueil de ce « drôle » d’oiseau.
Le
nid a connu toutes les agressions.
Mais
la résistance de l’oiseau continue.
« Ces
populations doivent se mettre à l’heure de notre logique.
Nous
devons imposer nos règles.
Notre
discipline.
Notre
grandeur.
Nous
devons les pénétrer profondément.
Avant
nous, elles n’avaient rien.
Maintenant, nous allons leur
apprendre à acquérir le sens de notre hiérarchie, à comprendre l’immense
intérêt de la séparation des pouvoirs et de la distinction entre la vie privée
et la vie publique, de la différence entre le profane et le sacré.
Nous allons les éduquer.
Leur montrer la richesse de
l’éducatif.
De la démocratie.
De la liberté.
Il nous appartient d’éveiller
les consciences.
D’assurer la conscientisation
de
ces masses incultes et sauvages pour les intégrer à notre civilisation.
Les
assimiler.
Nous devons libérer ces
populations de leurs servitudes qui s’opposent à notre modernisme.
Ces
populations ont besoin des maîtres que nous sommes.
Sans
nous, elles ne peuvent pas penser.
Elles
ne peuvent pas avancer.
Nous
résister est un crime.
Il
faut donc être sans pitié avec les criminels.
Nous
sommes les missionnaires de la déclaration universelle des droits de
l’Homme ».
Les
arrières grands-parents maternels et paternels de l’enfant ont résisté.
Ils
ont été tués par le colonialisme.
Des
massacres.
Des
crimes.
Des
carnages.
Des
horreurs.
Des
pillages.
Des
tortures.
Des
viols.
Des
transgressions.
Des
humiliations.
La
mort semée.
La
désagrégation planifiée.
Le
désarroi répandu.
Les
déséquilibres provoqués.
L’harmonie
mutilée.
La
décomposition alimentée.
La
mémoire infectée.
Les grands-parents, maternels
et paternels, dépossédés et chassés, se sont trouvés parqués dans des
bidonvilles, prélude au processus migratoire, une transplantation plus dure,
plus douloureuse.
Comment parler du système
colonialo-impérialo-sioniste, qui a mis en place les « indépendances dans
l’interdépendance » ?
Comment raconter Filistiine ?
Comment expliquer la mafia
qui alimente et entretient l’imposture partout ?
Flots
de pensées.
Averses
d’images.
Afflux
de sensations.
Saisir
le Sens.
Renforcer
Lien.
Des compagnons d’un
« drôle » d’oiseau continuent leur envol, et entonnent avec lui la
Glorification.
BOUAZZA