« Le luth, il le fit
glisser sur ses genoux en un geste très lent, comme s’il se fût agi d’un enfant
endormi. Les cordes, il les effleura du bout des doigts pour les réveiller.
Puis il leur fit donner de la voix, à plein. Et voici : le passé rejoint
le présent, l’instrument devient aussi vivant que l’arbre plein de sève qui lui
a jadis offert son bois. Quatre cordes en boyau de chat, tendues à rompre.
Placée au centre, la cinquième est en crin de cheval tressée : le bourdon.
Naissant à partir de ce bourdon et y revenant à intervalles réguliers, à la
fois pour y mourir et pour en renaître, monte la langue de la vie, musicale charnellement, monte, scande et bat
selon l’alternance du jour et de la nuit, selon le déroulement des saisons, le
flux et le reflux de tous les océans du monde, le déferlement des vents issus
des quatre horizons du ciel, danse la mélodie de l’arbre du Destin, danse et
vibre en flots ininterrompus de pulsations l’éternité sans durée. Sans
néant ».[1]
[1] Driss Chraïbi (Driis Chraaïbii), L’homme qui
venait du passé, Paris, Denoël, p. 122.
Je
ne fais que reprendre ce que j’ai déjà cité.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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