Voilà
le paradis où nous vivions autrefois : arbre de roc, la montagne plongeant
abruptes ses racines dans les entrailles de la mer. La terre entière, humanité
comprise, prenant source de vie dans l’eau. L’Océan montant à l’assaut du ciel
le long de la falaise et, jusqu’aux cimes, le long des cèdres hérissés.
Un
cheval blanc court et s’ébroue sur la plage. Mon cheval. Deux mouettes
s’enlacent dans le ciel. Une vague vient du fond du passé et, lente,
dandinante, puissante, déferle. Explose et fait exploser les souvenirs comme
autant de bulles d’écume.
Souffrance
et amertume d’avoir tant lutté pour presque rien : pour être et pour
avoir, faire et parfaire une existence ─ tout, oui, tout est annihilé par la
voix de la mer. Seule subsiste la gigantesque mélancolie de l’autrefois, quand
tout était à commencer, tout à espérer. Naissance à soi et au monde.
Une
autre vague vient par-dessus la première et fulgure. Etincelle et ruisselle
d’une vie nouvelle. Sans nombre, débordant par-delà les rives du temps, de
l’éternité à l’éternité d’autres vagues naissent et meurent, se couvrant et se
renouvelant, ajoutant leur vie à la vie. D’aussi loin qu’on les entende, toutes
ont la même voix, répètent le même mot : paix, paix, paix … »[2]
[1] Salaam.
[2] Driss Chraïbi (Idriis AChraaïbii),
la Civilisation ma Mère !...,
Paris, éditions Denoël, 1972, P.13-14.
Je
ne fais que reprendre ce que j’ai déjà cité.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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