mardi 27 octobre 2020

UN GESTE DES COLONIALISTES


 Au Maroc, les autorités du colonialisme Français ont utilisé mon grand-père paternel, comme elles se sont servies de plusieurs milliers d’autres dans divers territoires colonisés, pour combattre les personnes qui résistaient à l’occupation colonialiste.[1]
Il a été tué.
Les colonialistes ont décidé alors de faire un geste, et avaient décidé d’enrôler mon père dans le système scolaire mis en place pour certains enfants de ce que le colonialisme français appelait les indigènes.[2]
Sa famille, la tribu se sont opposées en vain à cette décision qui leur volait leur enfant pour le transformer en serviteur du colonialisme.
L’enseignement primaire avait lieu à Khémisset.[3]
Après l’école primaire, mon père a été admis au collège d’Azrou.[4]
Il a été marqué, comme d’autres, par un enseignant destiné à inoculer aux « élèves berbères »  l’attachement à la France colonialiste.
Mon père aimait répéter que grâce à cet enseignant, il était devenu « quelqu’un ».
Dans son parcours scolaire, il s’était révélé réceptif, et avait obtenu, comme prévu, un emploi subalterne dans l’administration colonialiste.
Avec « l’indépendance dans l’interdépendance », beaucoup de ceux qui avaient des emplois subalternes, avaient été « promus » : dans certaines couches des populations, ils étaient appelés « lfraneçawiyiine jjdaad ».[5]
Ainsi, mon père a été marqué, comme d’autres, par un enseignant viscéralement décidé à inoculer aux « élèves berbères » l’attachement à la France colonialiste.
Parmi les populations qui au départ s’opposaient au système scolaire mis en place par le colonialisme, des familles s’étaient mises à lutter afin que leurs enfants suivent « une scolarité  à la française, pour devenir des personnes importantes de l’État ».
C’est dans cet esprit que mon frère aîné a été envoyé pour des études universitaires en France.
Et c’est dans ce même esprit que je l’ai été aussi.[6] 
 
BOU’AZZA
[1] Le colonialisme, il faut le rappeler, encore le rappeler, toujours le rappeler, est un crime contre l’humanité.
[2] Avant que le Maroc ne soit colonisé, les hordes du sultan qui s’attaquaient, dès qu’elles en avaient la possibilité, à des populations pour les massacrer, s’emparer de leurs récoltes, de leur bétail, et autres, avaient poussé une partie de la population des ʺSmaa’laʺ de Bj’d (Boujad) aux environs de ouad zm (oued zem) à se réfugier chez les populations de Zmmour, avec qui ils utilisaient les mêmes pâturages de la plaine de Tadlaa, et auxquelles les hordes du sultan n’avaient jamais osé s’attaquer.
Mon arrière grand-père faisait partie des réfugiés.
Mon grand-père paternel avait alors grandi chez les Aït Hkm, et avait épousé une fille de Zmmour.
Mon grand-père paternel était engagé dans des forces supplétives de l’armée colonialiste française qui entre temps, avait pénétré la région (région de Tiddaas).
Lors d’opérations de ʺpacificationʺ, comme disent les armées d’occupation, mon grand-père paternel avait trouvé la mort.
Cette mort avait valu à mon père, en dépit de l’opposition des siens, d’être pris et enrôlé dans le système scolaire mis en place par les forces de l’occupation.
[3] Lkhmiçaate.
[4] Institution dite ʺberbéristeʺ faisant partie du système scolaire mis en place par les forces de l’occupation, colonialiste, destinée à ʺla formationʺ d’élèves indigènes (appellation arrogante et méprisante donnée par le colonialisme aux populations des territoires colonisés), pour occuper des emplois subalternes dans l’administration du colonialisme français.
Beaucoup d’élèves de cette institution, dont mon père, avaient occupés des postes ʺimportantsʺ, au lendemain de ʺl’indépendance dans l’interdépendanceʺ .
ʺl’indépendance dans l’interdépendanceʺ, statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite ″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[5] Le ʺrʺ roulé.
Les nouveaux français.
[6] Certes je ne pouvais pas rester à Rabat dont je ne supportais pas le climat en raison de mon asthme.
La seule ville où je pouvais entreprendre des études universitaires à l’époque, était Rabat, arribaate, rrbaate (le ʺrʺ roulé), mais mon père a décidé de m’envoyer en France dans l’esprit que j’ai indiqué.
Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.com
http://voyageur-autre.blogspot.com
http://lmslm.blogspot.com
http://iimaane.blogspot.com
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com


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