Si j’écris cette chronique
aujourd’hui – alors que j’ai cette conviction depuis longtemps – c’est parce
que les autorités sionistes viennent de prendre une mesure a priori banale mais
lourde de significations, sur leur état d’esprit et sur leur vision de la
coexistence avec les Arabes.
Ces autorités vont recruter 500
propagandistes pour montrer le « bon visage » d’Israël, lutter contre
sa délégitimation, et inverser ce large mouvement de boycott qui prend des dimensions
inquiétantes.
La France fait évidemment partie
des cibles prioritaires.
Pour les plus jeunes qui n’ont
pas connu la « belle époque » du sionisme triomphant, ils auront du
mal à comprendre ce besoin de propagande. Le régime sioniste, jusqu’à il y a une
vingtaine d’années, n’avait pratiquement pas à en faire. Il était adulé,
glorifié, mythifié, admiré, envié, cité en exemple.
Un petit rappel. En juin 1967, à
la veille de lancer sa guerre d’agression qui lui a permis de multiplier son
territoire par 10, une guerre minutieusement préparée pendant des années grâce
à leurs réseaux d’espions en Egypte et en Syrie, Israël avait reçu le soutien
de centaines de milliers de Français, dont celui de Jean-Paul Sartre et de
Serge Gainsbourg (Eh oui ! ils se retourneraient dans leur tombe
aujourd’hui !), mobilisés pour empêcher cette petite « démocratie
socialiste, progressiste et humaniste » d’être rayée de la carte. Des
brigades internationales commençaient à être formées pour aller le soutenir.
Comme pour l’Espagne républicaine. Et pendant les 10 années qui avaient suivi
cette guerre, et alors que l’armée d’occupation sioniste nettoyait ethniquement
la Cisjordanie et le Golan (100000 Palestiniens chassés de Jérusalem en
quelques semaines) et imposait son ordre implacable sur les populations
occupées, des dizaines de milliers de jeunes européens allaient travailler
bénévolement dans les kibboutzim, souvent pendant une année, pour s’imprégner
de « l’humanisme sioniste ».
Cela relève presque de la
science-fiction.
Ah! c'était l'âge d'or du
sionisme! Imaginez! Rika Zaraï chantait à la télévision française dans son
uniforme de Tsahal. Et tout le monde trouvait cela merveilleusement touchant.
C'était l'époque des
"sabras" que Paris-Match glorifiait à longueur de numéros. Ce nouvel
homme juif né en Israël, d'apparence dure mais si tendre à l'intérieur, au
regard clair, intrépide et généreux, puissant et humaniste, un combattant hors
pair, idéaliste et audacieux. Sa valeur était de 1 contre 1000 Arabes sur le
marché des prisonniers.
C'était l'époque où un Lanzmann
pouvait réaliser un film sobrement intitulé "TSAHAL", avec l’argent
public, distribué et diffusé le plus normalement du monde, à la gloire de cette
armée unique au monde, la plus « éthique », l'émanation d'un peuple héroïque,
le concentré de la morale et du courage. Et cela 6 ans après la guerre de juin
67 et alors que la soldatesque sioniste expulsait, rasait des maisons,
torturait, arrêtait, humiliait, prenait des otages, comme n'importe quelle
armée d'occupation.
C'était l'époque où un
Finkelkraut pouvait sans remords se déclarer humaniste et progressiste,
remercier la France pour sa générosité, appeler à la coexistence de tous, y
compris les musulmans. Il n'avait rien à craindre pour sa patrie de cœur.
C'était l'époque où le mot Israël
suscitait la sympathie et l'admiration, où l'Etat sioniste semblait installé
pour l'éternité, même dans ses nouveaux territoires légitimement conquis. Nul
besoin d'invoquer la Shoa ou l'antisémitisme. D'ailleurs on en parlait si peu. Les
faux prétextes viendront plus tard.
L’imprégnation sioniste de la
société française suivait son bonhomme de chemin, dans une harmonie lénifiante,
comme dans un tableau de Renoir.
Et puis, patatras ! Une
nouvelle génération est arrivée que ne croyait plus à ces belles légendes.
L’information a percé les écrans de la censure judéo-sioniste et de leurs
complices attitrés, des goyim musulmans ou chrétiens comptant sur l’influence
légendaire du Lobby et ses retombées, médiatiques et financières.
Et surtout la réalité de
l’occupation était tout simplement là, dans toute sa dureté, son injustice, ses
crimes, son racisme, son apartheid et ses ratonnades.
Panique à bord. Comment ? La
divinité sioniste se retrouve ébranlée, contestée, critiquée, boycottée,
méprisée, délégitimée ?
On a « redécouvert » la
Shoa et on en a fait une espèce de sacralité intouchable censée attendrir le
cœur et la raison des incroyants, en les prenant en main de préférence dès leur
entrée au collège. La tentative de les prendre à la crèche avait hélas échoué.
Il y aurait trop à dire, comme pour l’exploitation à outrance de
« l’antisémitisme ». Mais gare au risque de saturation et de l’effet
boomerang.
Ce qui ébranle cette armada de
type mafieux à la double allégeance, le portefeuille en France et le cœur en
Israël, c’est que malgré la toile d’araignée dans laquelle elle étouffe et
prend en otage tous les champs de la société, Israël est de plus en plus
détesté. Mais pas uniquement par les musulmans comme veulent nous le faire
croire désespérément Finkelkraut et ses acolytes. Songez aux sondages commandés
par la Commission européenne et que celle-ci cache honteusement parce qu’ils
sont terriblement hostiles au seul « Etat juif et démocratique ».
Défense de ricaner.
Et pourtant, les serviteurs d’Israël
ne relâchent pas la pression. Les Patrick Cohen, les Lanzmann, les Elkabbach,
les Adler, les Bruel, les Finkelkraut, les Cyril Hanouna, les Yvan Attal, les
Patrick Timsit, les Lévy (Maurice pour la pub et Elisabeth pour l’animation de
la meute) etc. etc. (il en faudrait 10
pages pour les citer tous), chapeautés par le grand manitou des réseaux, le
contrôleur d’Arte, le proprio de Libé, le sous-marin du Mossad en Libye,
l’empereur de l’édition et du cinéma, le gourou de Canal +, le mec qui donne
envie de gerber à des millions de gens rien qu’en le regardant.
Ils surveillent et sanctionnent.
Trois rédacteurs en chef de RFI limogés pour déviance idéologique à l’égard
d’Israël. Eyal Sivan qui avait eu le tort de réaliser « ROUTE 181 »
n’a plus jamais trouvé de financements en France. Une anecdote qui montre la
servilité empressée des médias au Lobby : Un artiste engagé avait
participé récemment au Grand Journal de Canal +. Il portait un t-shirt avec
écrit dessus « Free Palestine ». On l’a constamment filmé en plan
serré pour que le slogan n’apparaisse jamais à l’écran. Le réalisateur devait
avoir des sueurs froides. L’ombre tutélaire de BHL plane sur les médias,
vigilante, menaçante et vindicative. Leur message ? « Ils » ont
suffisamment de puissance et d’influence pour abattre n’importe qui.
Sans compter la classe politique
française, presque dans son entier, qui se presse au dîner du CRIF, en courbant
l’échine, tout sourire, pour recevoir qui des félicitations, qui des
admonestations, mais des injonctions et des instructions pour tous. Ah !
Valls criant son sionisme une kippa blanche sur la tête ! A quand sa
conversion pleine et entière à la religion du peuple élu ?
Je reviens à l’information du
début. Le recrutement des 500 propagandistes
payés par le contribuable nous renseigne sur un point capital. Israël se
conduit au fond comme n'importe quel Etat colonial. Puissant et arrogant,
méprisant la population indigène, pourquoi accorderait-il à cette populace
soumise et humiliée une souveraineté étatique? Même un protectorat-banthoustan
dont la pauvre "Autorité" palestinienne se contenterait à condition
de sauver les apparences semble trop pour la 5e puissance nucléaire du monde.
Ivres de gloire et de conquêtes, et
malgré les avertissements de leurs alliés et de personnalités israéliennes
lucides et effrayées, les sionistes ne peuvent même pas imaginer que le
désamour du monde à leur égard a quelque chose à voir avec l'occupation et la
domination. Ils veulent continuer à croire qu’on ne les « comprend »
pas.
Pour montrer l’aspect dérisoire et
pathétique de ces soubresauts médiatiques, je fais un parallèle. Imaginez la
France en 1956-57, en pleine guerre d’Algérie, faisant venir la grande équipe
de l’époque, le Real Madrid, grâce aux soutiens des financiers et des
gouvernements (ce dont les sionistes ne manquent pas) jouer à Alger avec de
jeunes français et algériens « pour favoriser la paix entre les 2
peuples ». C’est ce que vient de réaliser Netanyahou. Mais combien de fois
peut-il nous faire le coup ? Et imaginez que la France d’alors ait recruté
500 propagandistes pour expliquer au monde qu’elle veut la « paix »
en poursuivant la colonisation en Algérie.
Le propre d’une entreprise
coloniale est de foncer comme un train fou contre le mur de sa propre annihilation.
Le sionisme ne peut que poursuivre dans cette voie. Dans une agonie violente,
longue et désespérante.
Jacob Cohen
26 août 2013
Publié
par Dé-Manipulations (blog).39 commentaires.
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