CHÈRE SOEUR

Encore une fois, le repas était excellent, et nous avons passé une soirée agréable : qu’Allaah te récompense, nous éclaire, et nous guide, afin de ne pas oublier de lui témoigner notre reconnaissance pour les innombrables bienfaits qu’Il déverse sur nous.

Comme tu le sais, mon fils aîné qui depuis l’enfance veut toujours connaître les menus, m’a rappelé de ne pas oublier de lui communiquer celui de notre dîner chez toi.

Dois-je te décrire la table cher fils ?

Tu sais que j’en suis incapable : une table des mille et une nuits à côté, c’est pâle.

Pour les raffinés, dont je ne suis pas, comme tu ne l’ignores pas, regarder la table suffit à les rassasier.

Mais pour le Zmmouri[1] que je suis, et pour son épouse de la campagne d’Italie et de la Drôme, la suite est nécessaire :

Avant l’entrée :

Cake salé, avec fromage et autres.

Petits éclairs à la mozzarella, et petites bouchées (je n’en ai fait, évidemment, qu’une bouchée) !

Entrée :

Vols au vents aux fruits de mer sur « zrbia »[2] de salade verte.

Plat :

Poulets fermiers au four, avec une farce (sans attrappe)[3] « takl ‘liihom sbaa’k », comme disent nos « pas amis » de Faas,[4] tu en mangerais tes doigts (puisqu’on mange avec la main[5] là-bas), tellement c’est délicieux ; ici, puisque les « loisgau »[6] mangent avec les pieds, on dirait « takl ‘liihom lfrchitaa »[7] (tu en mangerais la fourchette).

Ces poulets étaient accompagnés de pommes de terre, d’haricots verts et d’une sauce à faire tomber les dentiers.

Et je ne te parle pas du pain !

Des petits pains dont le nombre avalé par ton père tiendrait une place honorable dans le livre des records.

Tout cela arrosé de boissons « halaal »[8] que je te laisse deviner, afin de faire plaisir à tes neurones.

Ceux zé celles[9] qui disent que ce plat fait saliver les papilles, oublient souvent les mamilles, et portent ainsi, sans le savoir, atteinte à la parité, principe bien connu de la Ré-pub-lique !

Dessert :

Les fromages, le zemmouri que je suis n’y a pas touché : connais pas.

Le gâteau glacé, vanille-fraises, y’a bon, comme dirait mon frère Banania.

Petits biscuits.

Après-dessert :

Thé à la menthe, café.

Et nous sommes repartis avec de la nourriture : alhamdo lillaah.[10]

Chère soeur, mon épouse se joint à moi pour te souhaiter le meilleur.

BOUAZZA

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[1] Le ʺrʺ roulé, de la région Zmmour (Zemmour), au Nord du Maroc, dans le moyen Atlas, capitale Khémisset (Lkhmiiçaate).

[2] Le ʺrʺ roulé, tapis.

[3] Farces zé attrapes c’est connu, mais je n’aime que farce.

[4] Fes, au Maroc.

[5] Mais parfois avec personne.

[6] Les gaulois.

[7] Le ʺrʺ roulé.

[8] Licites, contrairement à haraame (le ʺrʺ roulé) qui signifie illicites.

[9] Ceux et celles.

[10] La louange est à Allaah.