La mer me fait penser à Idriis Achchraaïbii
:
« Une
vague vient du fond du passé et, lente, dandinante, puissante, déferle. Explose
et fait exploser les souvenirs comme autant de bulles d’écume.
Une
autre vague vient par-dessus la première et fulgure. Etincelle et ruisselle
d’une vie nouvelle. Sans nombre, débordant par-delà les rives du temps, de
l’éternité à l’éternité d’autres vagues naissent et meurent, se couvrant et se
renouvelant, ajoutant leur vie à la vie. D’aussi loin qu’on les entende, toutes
ont la même voix, répètent le même mot : paix, paix, paix … »
Bilaal
appelle
à la prière.
Voix
harmonieuse qui s’adresse à tous les sens de l’être.
« Telles
des senteurs exquises émanant d’une buire précieuse, ces paroles [...] se
répandirent
[...]
jusqu’au fond de toutes les demeures, et les Croyants accoururent aussitôt en
rangs pressés, pour aspirer avec délices le parfum vivifiant de la prière
».
Je reprends, pour la énième fois, un livre
qui
constitue pour moi une peinture vivante dont j’aime m’imprégner encore et
encore.
Mes petits-fils, hypnotisés devant l’écran, regardent un
dessin animé.
Nous
avons donc décidé d’y retourner cet été pour la semaine du 13 au 20 juillet
2019.
La
maison louée les deux années d’avant a été vendue, et nous avons donc été
obligés d’en louer une autre.
C’est
une semaine avec mon épouse, notre fils aîné, son fils, et les deux fils de
notre fils cadet
et de son épouse.
Luc-sur-Mer
est une
commune qui se situe au sud de la baie de Seine, au coeur de la Côte de Nacre,
aux confins nord du Bessin et de la plaine de Caen, au nord du Calvados.
Ce
que j’avais noté dans le texte intitulé « Débarquement en
Normandie », s’applique toujours :
L’installation
vite expédiée, ainsi que quelques courses, et nous voilà sur la grève.
L’importante
marée basse permet aux enfants d’entreprendre de « grands chantiers »
sur le sable mouillé et année, de s’adonner avec enthousiasme, à l’exercice qui
consiste à soulever des pierres à travers les algues, à la recherche de crabes.
Cette
année, les amigos, les deux premiers surtout, ont privilégié le football et les
baignades.
Il
va de soi que « la bagarre » fait partie des diverses activités,
principalement entre les deux frères.
Parmi les choses auxquelles il ne fallait pas déroger :
le pain au chocolat du matin, et la glace de la fin de l’après-midi.
Qui
nous dira jamais ce que sentent réellement des enfants savourant ces
délices ?
Les
mots peinent peut-être à en rendre compte.
La
réponse à cette question est plutôt sur les visages des amigos lors de ces
instants bénis, comme d’autres bien sûr.
Les
enfants.
Mohammad,
l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, avec sa nature
aimante,les tenait en haute estime, leur réservait une place de choix dans son
coeur, « avec sa nature aimante, [...] se préoccupant constamment des
rapports entre les enfants et leurs mères.
[...].
Et, lorsqu, pendant les oraisons, il entendait un enfant pleurer, il accélérait
la prière, pour permettre à sa mère d’aller le consoler, car il savait bien
combien souffre une mère, en entendant les pleurs de son enfant ».
Avant
de reprendre le train du retour, nous avions assez de temps devant nous pour
aller, en face de la gare de Caen, déjeuner dans un kebab.
Un
espace pour une restauration simple que nous aimons :
« Kébab »
:
sandwich avec grillade de viande halaal,
salade,
tomate, oignon, sauce « andalouse », « samouraï » ou
autres, frites,
et boissons non alcoolisées.
Je dis de ce mets qu’il satisfait « les papilles »
et « les mamilles » !
À la
vue des amigos, le responsable de ce kebab, quelqu’un de très âgé, ne savait
pas quoi faire pour les choyer : un grand-père débordant d’amour, jouant
avec ses petits-enfants.
Très
réceptifs, les amigos ne perdaient pas un miette de cet amour.
Et
se fut un moment qui sentait la joie de la vie.
Il y a la vie, et il y’a la mort.
Cette dialectique m’accompagne à chaque pas.
Lors
de notre précédent séjour à Luc-sur-Mer, dans une des cabines de plage,
un
vieux monsieur s’adonnait à la peinture et vendait ses tableaux.
Les
deux amigos les plus âgés lui rendaient visite, et nous apprécions ces
instants.
Nous
avons cherché à le revoir, mais il n’y était pas.
Son
existence ici-bas a-t-elle pris fin ?
Que
dire de ce qui s’en va et comment parler de ce qui demeure ?
Que
dire de ce qui cesse et comment parler de ce qui commence ?
Que
dire de ce qui a été et comment parler de ce qui sera ?
« Par
le temps !
L’Homme
est en
perdition.
Sauf ceux qui croient, accomplissent les bonnes oeuvres,
se
recommandent la vérité,
et
se
recommandent l’endurance
».
J’observe
les Signes
et je me souviens.
Au
Maroc,
lorsque
j’étais jeune, beaucoup de médecins considéraient que certains de mes problèmes
de santé provenaient de l’asthme dû à une allergie au climat du littoral, et
conseillaient de m’éloigner de la mer.
C’est
ainsi que je suis venu en France
pour
des études universitaires que je ne pouvais pas suivre à Rabat.
En
France, je n’hésite pas à retrouver la mer lorsque l’occasion se présente.
Un
jour, en arrivant pendant la dernière semaine du mois de janvier 2011 au
Sud-Est, sur la côte d’Azur, albahr
alabyad
almotawassite,
j’ai tout de suite été touché par cette profonde harmonie que procure la
rencontre de la mer et du ciel, rencontre qui fait jaillir d’autres images, d’autres
couleurs, d’autres sons, d’autres mouvements.
La
mer, ce bienfait d’Allaah qui s’ajoute aux innombrables autres bienfaits dont
Il nous comble, est un pétillement intime, un ravissement, un bonheur.
Des
mots clairsemés s’associent, des souvenirs s’assemblent, des pensées se
rassemblent.
Qu’Allaah
déverse sur nous Sa miséricorde.
BOUAZZA
La prière est l’un des piliers majeurs du Message
d’Allaah, la clé de voûte de l’Adoration (al’ibaada).
L’Islaam, depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction
et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah
le demande.
L’Islaam n’est pas une question d’ethnie, de tribu, de
clan, de classe sociale, de sexe, de couleur, de langue, de parti politique, de
pays, de nationalité, d’Etat.