samedi 16 novembre 2019

GILETS JAUNES, UN AN DE RÉSISTANCE

Le mouvement des gilets jaunes, mouvement revendicatif déclenché au mois de novembre 2018[1] à travers toute la France, se veut l’expression d’un « ras le bol »[2] en raison du racket dans tous les domaines, face auquel les populations rackettées se révoltent.
La répression a été au rendez-vous de toutes les manifestations.
De novembre 2018 à la mi-février 2019, la contestation a donné lieu à 8400 interpellations, et 1800 condamnations par des tribunaux, dont des condamnations à la prison ferme.
Depuis, ces chiffres ont beaucoup augmenté.
Les blessés se comptent par centaines, et les blessures ne sont pas bénignes : des éborgnés par dizaines, perte d’un bras, ou autres.
Les forces de l’ordre usent de matraques, de canons à eau dont l’eau est mélangée à divers produits, de bombes lacrymogènes, de grenades assourdissantes, de grenades de désencerclement, de flash-ball, de pistolets à impulsion électrique, et autres.
En décembre 2018, des médias ont rapporté que les blindés de la gendarmerie utilisés face aux manifestants étaient équipés d’une réserve de liquide incapacitant.
La pulvérisation de ce liquide sur les manifestants est destinée à les neutraliser même s’ils portent des masques.
Ce samedi 16 novembre 2019, marque une année de résistance des gilets jaunes.
Il marque la terrifiante répression de ce mouvement revendicatif.
En quelques semaines, la répression a fait plus de blessés qu’en vingt ans.[3]
La violence de la répression a été qualifiée de boucherie.
C’est cette répression féroce que connaissent, depuis des lustres, les populations liées au processus migratoire,  parquées dans des cités des banlieues.[4]
La répression continue.
La résistance aussi. 

BOUAZZA



[1] Selon le calendrier dit grégorien.
[2] Exaspération, en avoir marre.
[3] David Dufresnes, Dernière sommation, Éditions Grasset, Paris 2019.
[4] Ils sont français comme le sont les bougnoules, les ratons, les melons,  c’est à dire les arabes, les musulmans.
La métropole recours sciemment à l’amalgame, à la confusion entre ʺethnieʺ, ʺcroyanceʺ et ʺdélinquanceʺ.
Ainsi, pour parler d’hommes et de femmes originaires d’Afrique du Nord, des ʺmaghrébinsʺ, la métropole use de connotations négatives pour dire les ʺarabesʺ, c’est à dire les ʺmusulmansʺ, autrement dit des ʺviolentsʺ, des ʺvoleursʺ, des ʺvioleursʺ, des ʺassassinsʺ et autres.
Le système colonialo-impérialo-sioniste a imposé à des populations entières de par le monde de chercher des moyens de subsistance dans des conditions, le plus souvent, atroces.
Beaucoup parmi elles, rurales, se sont trouvées dans des faubourgs de villes nouvelles coloniales, contraintes de s’adapter à des modes de survie dans des bidonvilles.
Ces populations ont connu la transplantation forcée dans leur pays d’origine, avant qu’elles ne soient poussées à le quitter parfois pour fournir la main d’œuvre, taillable et corvéable à merci, dont les métropoles avaient besoin.
Les régimes mis en place dans les colonies par la suite et qui sévissent toujours, ont accéléré les migrations pour répondre aux exigences de la métropole, et pour en faire un trafic qui rapporte.
C’est dire que le processus migratoire lié au colonialisme, ne peut pas être compris en occultant l’histoire de la transplantation d’êtres de sociétés rurales, d’êtres colonisés, maintenus dans l’ignorance et la misère, dépossédés et sans moyens dans des sociétés industrialisées.
ʺL’oubli de l’histoire n’est jamais neutre. Effacer le passé constitue l’un des plus sûrs moyens de stériliser toute analyse du présent, pour répéter inlassablement de vieilles recettes et réitérer les mêmes mécanismes de dominationʺ.
Philippe Norel, ʺMalgré les sanglots de l’homme blanc...ʺ, dossier ʺPolémiques sur l’histoire colonialeʺ, Le Monde diplomatique, bimestriel, juillet-août 2001, p. 73.
La France a eu recours à la main d’œuvre colonisée et transplantée en métropole et il a fallu de longues années pour que des travailleurs immigrés, dans le cadre dit du regroupement familial, puissent entreprendre des démarches afin d’avoir l’autorisation de faire venir leurs femmes et leurs enfants.
Les immigrés des colonies ne cessent de faire face à de multiples injustices et agressions, qui n’épargnent pas ceux et celles qui ont obtenu la nationalité française.
Le processus migratoire a bien entendu divers ʺvisagesʺ que beaucoup s’acharnent à défigurer, afin de masquer ce qu’ils veulent cacher.
Il importe donc d’essayer sans cesse d’en saisir les développements, les modifications, les changements, et autres.
Cette main d’oeuvre, dont la France et l’Europe ne veulent plus en raison des changements intervenus, continue néanmoins d’essayer d’arriver par n’importe quel moyen, en prenant tous les risques.
Elle fuit les colonies, même s’il n’est pas fait appel à elle, car elle n’arrive pas à se débarrasser de la merde qui gicle de partout, en Afrique et ailleurs.
Ce ʺprocessus migratoireʺ  ne cesse donc pas de mettre en relief certaines conséquences des méfaits du système colonialo-impérialo-sioniste qui a semé, et qui sème l’oppression.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire