Très
vite après mon arrivée en France, il y a de cela un demi-siècle, pour des
études universitaires, je m’étais lancé à fond dans « la militance ».
J’avais
commencé à apprendre.
Pas
aux cours de l’université où je ne mettais pratiquement plus les pieds, même si
je m’étais inscrit à l’IEP.[1]
Je
cherchais, je rassemblais des données, je les décortiquais, je participais à
des rencontres, à des réunions, à des débats, je les provoquais, j’intervenais
où je pouvais, je parlais, je contestais, j’attaquais, je rédigeais des tracts,
des brochures, j’en faisais le tirage, des fois toute la nuit, je les
diffusais, je collais des affiches, je faisais des collectes, j’organisais des
manifestations, je manifestais.
J’étudiais
le colonialisme, l’impérialisme, le sionisme le néo-colonialisme, les systèmes
mis en place pour continuer la destruction des « indigènes »,[2] le
système de « l’indépendance dans l’interdépendance ».[3]
J’analysais,
j’approfondissais, je comparais.
Et
je commençais à comprendre juin 1967.[4]
La
Palestine.
FILISTINE.
Je
procédais à des exposés.
Je
diagnostiquais.
J’annonçais
des remèdes.
Je
hurlais.
La
police faisait « son travail ».
De
l’autre côté de la Méditerranée, mon père devait se « dépatouiller »,
à sa manière, pour écarter les ennuis dus à mon comportement.
Mon
beau-frère,[5] installé à Paris, s’y
employait aussi.
Et
mon frère aîné ?[6]
Mon
père ne disait rien ouvertement de tout cela.
Il y
faisait parfois allusion.
Mais
c’était rare.
Il
ne m’envoyait pas d’argent.
J’étais
sur plusieurs fronts, comme dirait l’autre.
Des
personnes me soutenaient.
Il
m’arrivait d’avoir des « petits boulots ».
Je
tenais.[7]
BOUAZZA
[1] Institut d’Études
Politiques.
[2] Le
mot ʺindigènesʺ est une appellation arrogante et méprisante donnée par le colonialisme,
la métropole, aux populations des territoires colonisés, la colonie.
[3] Statut
octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans
les colonies par la multiplication des "États" supplétifs,
subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans
l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la
tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge,
le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture,
l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au
Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite
″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat
moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le
sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[4] Selon le calendrier dit
grégorien.
[5]
L’installation de ma sœur avec son époux à Paris avait bien commencé. Elle
logeait à côté du jardin des Tuileries et n’avait pas de problème matériel. Son
mari lui avait obtenu un emploi où elle pouvait se rendre à sa convenance.
Apparemment, cela n’avait pas suffi. Elle avait regagné le Maroc, et par la
suite, divorcé. Elle avait obtenu la garde des deux enfants, une fille et un
garçon, aujourd’hui majeurs et mariés. Pour le garçon, c’est même son deuxième
mariage. Le premier avec une Française d’origine d’Afrique du Nord, et le
second aussi. La fille a épousé un Français d’origine Arménienne. Ils ont eu
une enfant ; ils ont divorçé.
Des
années plus tard, ma sœur s’était remariée, avec un père de cinq enfants, trois
garçons (dont un est décédé) et deux filles. Il avait divorcé par la suite de
sa première épouse.
Avec
ma sœur, ils ont eu un garçon.
Le
premier époux de ma sœur s’est également remarié et a eu des enfants dont un
garçon est décédé.
[6] Il venait d’avoir un poste
de haut fonctionnaire au ministère de l’intérieur.
[7] Je ne fais que reprendre
ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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