jeudi 4 janvier 2018

ENCORE SUR LE RETOUR AU PAYS


Mis dans un coma artificiel pendant plus de trois semaines, les soignants ont fait ce qu’ils pouvaient, mais l’attaque d’un virus foudroyant s’est achevée par la mort.
Sa compagne qui ne quittait pratiquement pas l’hôpital depuis son admission, n’a pas cessé d’espérer.
Né au Maroc, il est resté un certain temps là-bas avec sa mère, ses frères, ses soeurs, et d’autres membres de la famille, pendant que le père, comme d’innombrables autres immigrés, trimait en France.
Quelques années plus tard, il a quitté le pays d’origine, comme ses frères avant lui, emmenés par le père en région parisienne.
Mariée, une des soeurs a suivi son mari en Italie, pour une vie d’immigrée.
Elle a emmené sa petite soeur.
La mère n’a jamais quitté son Rif[1] natal, et poursuit son parcours avec son époux, retraité depuis des années déjà, mais qui continue cependant, en dépit de son âge avancé, de faire la navette entre la région parisienne, région dite d’accueil, et le Maroc[2] dit pays d’origine.
En arrivant en France, le père s’était installé dans un baraquement pour travailleurs d’Afrique du nord, des hommes relégués.
Un baraquement où la métropole parquait des hommes des colonies, les indigènes, en grande majorité « noraf »,[3] donc « arabes », c'est-à-dire « musulmans » ![4]
Le père a commencé son existence ici-bas de l’autre côté de la mer blanche intermédiaire,[5] au Maroc colonisé par la France et l’Espagne, divisé entre les intérêts de différents États colonialistes.
Il était encore jeune bien sûr lorsque la proclamation de « l’istiqlaal »[6] a eu lieu.
« L’indépendance dans l’interdépendance ».[7]
Quelques années plus tard, il a été débarqué en France qui s’approvisionnait en Afrique pour ses besoins en main d’oeuvre, et autres.
C’est parce que les patrons en France avaient besoin des indigènes, que des représentants de ces patrons se rendaient dans les colonies pour ramener des ouvriers par milliers.
La France – et différents États colonialistes – a eu des recours massifs à des Africains et autres.
En débarquant dans la région parisienne, le père a été installé, avec d’autres indigènes du Maroc dans un champ en dehors de l’agglomération dans le baraquement dit « foyer des travailleurs » où il revenait le soir, après une longue journée de travaux pénibles.
Au courant des années soixante dix, dans le cadre dit du regroupement familial, des travailleurs ont été autorisés à faire venir femme et enfants.
Mais son épouse n’a jamais quitté le Maroc.
Comme elle, il est originaire du Rif.
Une région dont les luttes pour la dignité humaine n’ont jamais cessé.
Dans les années vingt par exemple, face à la résistance victorieuse des indigènes, le colonialisme hispano-français,[8] soutenu par d’autres, a mobilisé une soldatesque de plusieurs centaines de milliers d’hommes, avec des moyens de destruction des plus sophistiqués[9] à l’époque.
Horreurs.
Terreurs.
Carnages.
Abjections.
Orgies exterminatrices.
Avilissements.
Le criminel Pétain,[10] qui a dirigé les opérations, s’est illustré dans les massacres.
Le sinistre Franco[11] a fait ses premières classes d’assassin à cette époque.
Le colonialisme et l’impérialisme ont modifié des modes de vie de populations colonisées et dominées.
Des massacres ont été perpétrés.
Des crimes multiples.
Des pillages.
Des usurpations.
Des tortures.
Des viols.
Des transgressions sans nombre.
Des humiliations.
La terreur.
La désagrégation planifiée.
Le désarroi répandu.
Les déséquilibres provoqués.
L’harmonie mutilée.
La mémoire infectée.
La décomposition alimentée.
Des modes d’organisation ont été transformés.
D’autres critères ont été introduits.
Un nouvel ordre des choses a été instauré avec des données qui ont contribué à changer la réalité et les représentations.
Les « empires coloniaux » ont peut-être disparu, mais pas les effets du colonialisme et les méfaits du système colonialo-impérialo-sioniste.
Ce système impose à des populations entières de par le monde de chercher des moyens de subsistance dans des conditions inimaginables.
Beaucoup parmi elles, rurales, se sont trouvées dans des faubourgs de villes nouvelles coloniales, contraintes de s’adapter à des modes de survie dans des bidonvilles.
Ces populations ont connu la transplantation forcée dans leur pays d’origine, avant qu’elles ne soient poussées à le quitter parfois.
Ce système qui sévit toujours, a accéléré les migrations vers les métropoles.
Les forces de l’oppression ont installé des serviteurs dits « dirigeants » des « états souverains du tiers-monde » dont le rôle principal est de défendre par tous les moyens « l’indépendance dans l’interdépendance ».
Des années après l’octroi de « l’indépendance dans l’interdépendance » au pays où il a commencé son existence ici-bas, le père a été contraint à l’exil.
Et même pour « ça », il fallait être « pistonné ».
Un « intermédiaire » se chargeait de sélectionner les partants pour la France.
Autrefois, cet « intermédiaire » travaillait comme subalterne dans un service de « maintien de l’ordre ».
Cet « intermédiaire » a bien connu un colonialiste du BAI (Bureau des Affaires Indigènes).[12]
Ce colonialiste a réintégré la métropole et s’est illustré dans le domaine des « musulmans nord africains »[13] qu’il appelle aussi les bougnoules, les melons, les ratons, les terroristes,[14] la merde.
C’est un « spécialiste » du « maintien de l’ordre ».
Le subalterne devenu lui aussi un personnage « important » avec « l’indépendance dans l’interdépendance », trouve auprès du colonialiste le soutien nécessaire afin de procéder à la traite des salariés, tenus de payer pour « services rendus ».
Le colonialiste touche sa part comme d’autres à la « tête de l’état » exportateur de main d’œuvre.[15]
Tout cela fait partie de l’histoire de l’homme exilé.
Une histoire très ancienne.
Des moyens dits « d’information », c'est-à-dire des médias aux ordres, ne parlent des « immigrés » que pour leur attribuer tous les maux qui touchent la société dite « d’accueil ».
Lorsque ces médias parlent des « immigrés », ils disent les « maghrébins voleurs », les « arabes violeurs », les « musulmans terroristes ».
Ils éructent, sèment la souillure, la pourriture, la puanteur, perdent tout sens de la retenue.
Les rafles se succèdent.
Les humiliations.
Le mépris.
Les insultes.
Les ratonnades.
Les appels aux crimes pour « défendre la Civilisation contre la Barbarie ».
Le fils vient de mourir en région parisienne.[16]
Le corps sera rapatrié pour être enterré dans le Rif.
Retour au pays.
« Nous sommes à Allaah et à Lui nous retournons ».[17]
  
BOUAZZA



[1] Arriif, Rriif, le r roulé.
[2] Almaghrib, le r roulé.
[3] Nord- africains.
[4] Pour la France, les ʺarabesʺ sont les ʺmusulmansʺ, et vice-versa.
[5] Albahr alabyad almoutawassite (le r roulé), la mer méditerranée.
[6] L’indépendance.
[7] Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
[8] Qui craignait de perdre le sultanat et de ne plus pouvoir se référer au protectorat consenti par le sultan pour justifier le massacre des populations imposé donc par l’obligation de protéger l’institution sultanienne, devenue avec l’indépendance dans l’interdépendance, monarchie héréditaire dite de droit divin.
[9] L’aviation a été terrifiante.
[10] Président de la République française durant l’occupation par l’Allemagne (Régime de Vichy, 1940-1944).
À cette époque, des résistants français fuyaient la France occupée pour s’installer au Maroc colonisé par la France qui envoyait des marocains colonisés (et des colonisés d’autres contrées) combattre l’Allemagne pour libérer la France.
[11] Chef de l’État espagnol de 1939 à 1975.
[12] Aux USA, United States of America, les États unis d’Amérique, construits par des européens sur le génocide des Indiens, sur l’esclavage, sur le terrorisme, sur l’utilisation des bombes atomiques et sur d’innombrables autres massacres et destructions qui continuent partout, il y a un bureau des affaires indiennes (BAI).
Les USA sont aujourd’hui la première puissance militaire et atomique à la tête des massacres de multiples populations, dans le monde entier.
Les massacres et les destructions contre les croyants et les croyantes atteignent des proportions inouïes.
Des croyants et des croyantes sont kidnappés dans n’importe quel pays, torturés, emprisonnés dans des lieux d’enfermement des plus sordides, des bagnes un peu partout, liquidés par tous les moyens, en violation totale des règles les plus élémentaires des droits humains.
Et les États-Unis d’Amérique sont applaudis comme défenseurs de la liberté.
Les agressions, les crimes, les exterminations, les violations de tous les droits des populations et des individus à travers le monde, les massacres, les destructions, les anéantissements, les éliminations, les assassinats, le pillage, le vol, la cupidité, la domination, la répression, l’oppression, l’exploitation, le mensonge, le cynisme, la tromperie, la tricherie, les discriminations, les enlèvements, les enfermements, les tortures, les humiliations, le mépris, l’arrogance, le faux, l’imposture, c’est la défense de la liberté selon les applaudisseurs.
Aux USA donc, il y’a aussi le BAI (Bureau des Affaires Indiennes).
[13] Les noraf.
[14] Les résistants sont appelés terroristes.
L’Allemagne du national-socialisme traitait aussi les résistants de terroristes.
[15] Des jeunes immédiatement exploitables et corvéables à merci.
[16] Le mardi 2 janvier 2018 selon le calendrier dit grégorien.
[17] Innaa lillaah wa innaa ilayh raaji’oune (le r roulé).
Nous appartenons à Allaah et c’est à Lui que nous  retournons.
Alqoraane (Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara, La Vache, aayate 156 (verset 156).
Dans sa traduction du Qoraane (le ʺrʺ roulé) Kachriid (le ʺrʺ roulé)  note que ʺla formule de consolation citée dans le verset 156, s’appelle ʺistirjaa’eʺ (le ʺrʺ roulé).
Celui qui la prononce avec sincérité et conviction y trouve en effet une réelle consolation dans les moments les plus difficiles.
Quand on se rappelle qu’on est entièrement la propriété d’Allaah et que c’est vers Lui que doit se faire notre retour, comment peut-on être écrasé de chagrin devant la perte des biens éphémères de ce monde ? Quand Allaah nous reprend un être cher ou un bien auquel nous sommes attachés, Allaah n’a fait que récupérer ce qu’il nous a prêté par pure bonté de Sa part et sans aucune contrepartie de la nôtre.
Que pouvons-nous donner à Celui qui possède toute chose en exclusivité totale ?ʺ
Salaah Addiine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran), Loubnaane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaamii, cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984).
Note en bas de la page 30.
Je reprends beaucoup de ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com

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