Mis dans un coma artificiel pendant plus de trois semaines,
les soignants ont fait ce qu’ils pouvaient, mais l’attaque d’un virus
foudroyant s’est achevée par la mort.
Sa compagne qui ne quittait pratiquement pas l’hôpital
depuis son admission, n’a pas cessé d’espérer.
Né au Maroc, il est resté un certain temps là-bas avec sa
mère, ses frères, ses soeurs, et d’autres membres de la famille, pendant que le
père, comme d’innombrables autres immigrés, trimait en France.
Quelques années plus tard, il a quitté le pays d’origine,
comme ses frères avant lui, emmenés par le père en région parisienne.
Mariée, une des soeurs a suivi son mari en Italie, pour une
vie d’immigrée.
Elle a emmené sa petite soeur.
La mère n’a jamais quitté son Rif[1]
natal, et poursuit son parcours avec son époux, retraité depuis des années déjà,
mais qui continue cependant, en dépit de son âge avancé, de faire la
navette entre la région parisienne, région dite d’accueil, et le Maroc[2] dit
pays d’origine.
En
arrivant en France, le père s’était installé dans un baraquement pour
travailleurs d’Afrique du nord, des hommes relégués.
Un
baraquement où la métropole parquait des hommes des colonies, les indigènes, en
grande majorité « noraf »,[3] donc
« arabes », c'est-à-dire « musulmans » ![4]
Le
père a commencé son existence ici-bas de l’autre côté de la mer blanche
intermédiaire,[5] au Maroc colonisé par la
France et l’Espagne, divisé entre les intérêts de différents États
colonialistes.
Il
était encore jeune bien sûr lorsque la proclamation de
« l’istiqlaal »[6] a eu
lieu.
« L’indépendance
dans l’interdépendance ».[7]
Quelques
années plus tard, il a été débarqué en France qui s’approvisionnait en Afrique
pour ses besoins en main d’oeuvre, et autres.
C’est
parce que les patrons en France avaient besoin des indigènes, que des
représentants de ces patrons se rendaient dans les colonies pour ramener des
ouvriers par milliers.
La
France – et différents États colonialistes – a eu des recours massifs à des
Africains et autres.
En débarquant
dans la région parisienne, le père a été installé, avec d’autres indigènes du
Maroc dans un champ en dehors de l’agglomération dans le baraquement dit
« foyer des travailleurs » où il revenait le soir, après une longue
journée de travaux pénibles.
Au
courant des années soixante dix, dans le cadre dit du regroupement familial, des
travailleurs ont été autorisés à faire venir femme et enfants.
Mais
son épouse n’a jamais quitté le Maroc.
Comme
elle, il est originaire du Rif.
Une
région dont les luttes pour la dignité humaine n’ont jamais cessé.
Dans
les années vingt par exemple, face à la résistance victorieuse des indigènes,
le colonialisme hispano-français,[8]
soutenu par d’autres, a mobilisé une soldatesque de plusieurs centaines de
milliers d’hommes, avec des moyens de destruction des plus sophistiqués[9] à
l’époque.
Horreurs.
Terreurs.
Carnages.
Abjections.
Orgies
exterminatrices.
Avilissements.
Le
criminel Pétain,[10] qui a dirigé les
opérations, s’est illustré dans les massacres.
Le
sinistre Franco[11] a fait ses premières
classes d’assassin à cette époque.
Le
colonialisme et l’impérialisme ont modifié des modes de vie de populations
colonisées et dominées.
Des
massacres ont été perpétrés.
Des
crimes multiples.
Des pillages.
Des usurpations.
Des
tortures.
Des
viols.
Des
transgressions sans nombre.
Des
humiliations.
La
terreur.
La
désagrégation planifiée.
Le
désarroi répandu.
Les
déséquilibres provoqués.
L’harmonie
mutilée.
La
mémoire infectée.
La
décomposition alimentée.
Des
modes d’organisation ont été transformés.
D’autres
critères ont été introduits.
Un
nouvel ordre des choses a été instauré avec des données qui ont contribué à
changer la réalité et les représentations.
Les
« empires coloniaux » ont peut-être disparu, mais pas les effets du
colonialisme et les méfaits du système colonialo-impérialo-sioniste.
Ce
système impose à des populations entières de par le monde de chercher des
moyens de subsistance dans des conditions inimaginables.
Beaucoup
parmi elles, rurales, se sont trouvées dans des faubourgs de villes nouvelles
coloniales, contraintes de s’adapter à des modes de survie dans des
bidonvilles.
Ces
populations ont connu la transplantation forcée dans leur pays d’origine, avant
qu’elles ne soient poussées à le quitter parfois.
Ce
système qui sévit toujours, a accéléré les migrations vers les métropoles.
Les
forces de l’oppression ont installé des serviteurs dits
« dirigeants » des « états souverains du tiers-monde » dont
le rôle principal est de défendre par tous les moyens « l’indépendance
dans l’interdépendance ».
Des
années après l’octroi de « l’indépendance dans l’interdépendance » au
pays où il a commencé son existence ici-bas, le père a été contraint à l’exil.
Et
même pour « ça », il fallait être « pistonné ».
Un
« intermédiaire » se chargeait de sélectionner les partants pour la
France.
Autrefois,
cet « intermédiaire » travaillait comme subalterne dans un service de
« maintien de l’ordre ».
Cet
« intermédiaire » a bien connu un colonialiste du BAI (Bureau des
Affaires Indigènes).[12]
Ce
colonialiste a réintégré la métropole et s’est illustré dans le domaine des
« musulmans nord africains »[13]
qu’il appelle aussi les bougnoules, les melons, les ratons, les terroristes,[14] la
merde.
C’est
un « spécialiste » du « maintien de l’ordre ».
Le
subalterne devenu lui aussi un personnage « important » avec
« l’indépendance dans l’interdépendance », trouve auprès du
colonialiste le soutien nécessaire afin de procéder à la traite des salariés,
tenus de payer pour « services rendus ».
Le
colonialiste touche sa part comme d’autres à la « tête de l’état »
exportateur de main d’œuvre.[15]
Tout
cela fait partie de l’histoire de l’homme exilé.
Une
histoire très ancienne.
Des
moyens dits « d’information », c'est-à-dire des médias aux ordres, ne
parlent des « immigrés » que pour leur attribuer tous les maux qui
touchent la société dite « d’accueil ».
Lorsque
ces médias parlent des « immigrés », ils disent les « maghrébins
voleurs », les « arabes violeurs », les « musulmans
terroristes ».
Ils
éructent, sèment la souillure, la pourriture, la puanteur, perdent tout sens de
la retenue.
Les
rafles se succèdent.
Les
humiliations.
Le
mépris.
Les
insultes.
Les
ratonnades.
Les
appels aux crimes pour « défendre la Civilisation contre la
Barbarie ».
Le fils vient de mourir en région parisienne.[16]
Le corps sera rapatrié pour être enterré dans le Rif.
Retour au pays.
« Nous
sommes à Allaah et à Lui nous retournons ».[17]
BOUAZZA
[3] Nord-
africains.
[4] Pour
la France, les ʺarabesʺ sont les ʺmusulmansʺ, et vice-versa.
[6] L’indépendance.
[7]
Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est
traduit dans les colonies par la multiplication des "États"
supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de
servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur
l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice,
la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression,
l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de
l’être humain.
[8] Qui craignait
de perdre le sultanat et de ne plus pouvoir se référer au ″protectorat″ consenti par le sultan pour ″justifier″
le massacre des populations imposé donc par ″l’obligation″ de protéger l’institution
sultanienne, devenue avec ″l’indépendance
dans l’interdépendance″,
monarchie héréditaire dite de ″droit
divin″.
[9] L’aviation a été
terrifiante.
[10]
Président de la République française durant l’occupation par l’Allemagne
(Régime de Vichy, 1940-1944).
À
cette époque, des ″résistants
français″ fuyaient la France
occupée pour s’installer au Maroc colonisé par la France qui envoyait des
marocains colonisés (et des colonisés d’autres contrées) combattre l’Allemagne
pour libérer la France.
[11] Chef de l’État espagnol
de 1939 à 1975.
[12] Aux
USA, United States of America, les États unis d’Amérique, construits par des
européens sur le génocide des Indiens, sur l’esclavage, sur le terrorisme, sur
l’utilisation des bombes atomiques et sur d’innombrables autres massacres et
destructions qui continuent partout, il y a un bureau des affaires indiennes
(BAI).
Les
USA sont aujourd’hui la première puissance militaire et atomique à la tête des
massacres de multiples populations, dans le monde entier.
Les
massacres et les destructions contre les croyants et les croyantes atteignent
des proportions inouïes.
Des
croyants et des croyantes sont kidnappés dans n’importe quel pays, torturés,
emprisonnés dans des lieux d’enfermement des plus sordides, des bagnes un peu
partout, liquidés par tous les moyens, en violation totale des règles les plus
élémentaires des droits humains.
Et
les États-Unis d’Amérique sont applaudis comme ″défenseurs
de la liberté″.
Les
agressions, les crimes, les exterminations, les violations de tous les droits
des populations et des individus à travers le monde, les massacres, les
destructions, les anéantissements, les éliminations, les assassinats, le
pillage, le vol, la cupidité, la domination, la répression, l’oppression,
l’exploitation, le mensonge, le cynisme, la tromperie, la tricherie, les
discriminations, les enlèvements, les enfermements, les tortures, les
humiliations, le mépris, l’arrogance, le faux, l’imposture, ″c’est la défense de la liberté″ selon les applaudisseurs.
Aux
USA donc, il y’a aussi le BAI (Bureau des Affaires Indiennes).
[13] Les noraf.
[14] Les résistants sont
appelés terroristes.
L’Allemagne du national-socialisme traitait aussi les
résistants de terroristes.
[15] Des
jeunes immédiatement exploitables et corvéables à merci.
[16] Le mardi 2 janvier 2018
selon le calendrier dit grégorien.
Nous appartenons à Allaah et c’est à Lui que nous retournons.
Alqoraane
(Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara, La Vache, aayate 156 (verset
156).
Dans
sa traduction du Qoraane (le ʺrʺ roulé) Kachriid (le ʺrʺ roulé) note que ʺla formule de consolation citée
dans le verset 156, s’appelle ʺistirjaa’eʺ (le ʺrʺ roulé).
Celui
qui la prononce avec sincérité et conviction y trouve en effet une réelle
consolation dans les moments les plus difficiles.
Quand
on se rappelle qu’on est entièrement la propriété d’Allaah et que c’est vers
Lui que doit se faire notre retour, comment peut-on être écrasé de chagrin
devant la perte des biens éphémères de ce monde ? Quand Allaah nous
reprend un être cher ou un bien auquel nous sommes attachés, Allaah n’a fait
que récupérer ce qu’il nous a prêté par pure bonté de Sa part et sans aucune contrepartie
de la nôtre.
Que
pouvons-nous donner à Celui qui possède toute chose en exclusivité
totale ?ʺ
Salaah
Addiine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran),
Loubnaane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaamii,
cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984).
Note
en bas de la page 30.
Je
reprends beaucoup de ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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