vendredi 30 août 2019

ILS CROIENT À « QUELQUE CHOSE »


Dans les pays dits « musulmans », des populations se réclament de l’Islaam, tout simplement parce qu’elles font partie de pays dits « musulmans ».
Parmi elles, des personnes dites instruites, cultivées, modernes, évoluées, laïques, adoratrices des imposteurs, et tout le toutim, craignent de dire qu’elles ne croient pas à Allaah.
Elles préfèrent dire qu’elles croient à « quelque chose ».
L’Islaam depuis Aadame[1] sur lui la bénédiction et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer[2] Allaah, comme Allaah le demande.
L’Islaam n’est pas une question d’ethnie, de tribu, de clan, de classe sociale, de sexe, de couleur, de langue, de parti politique, de pays, de nationalité, d’Etat.
L’Islaam est ce qui unit les personnes qui croient où qu’elles soient, sur la base du Message d’Allaah.
Alqoraane[3] est la continuation, la synthèse, le parachèvement du Message d’Allaah.
Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix[4] a eu pour mission de le transmettre.
Faire partie d’un pays dit « musulman », ne peut donc, en aucun cas, signifier automatiquement être Moslime.[5]
Et c’est quoi ce « quelque chose » auquel croient ceux qui, dans des pays dits « musulmans », craignent de dire qu’ils ne croient pas à Allaah ?
Je suis originaire d’un pays dit « musulman », où dans leurs relations, beaucoup de personnes cultivent, depuis des lustres, le « non-dit » qu’elles habillent de bavardages stériles, creux, vides, mensongers.
Les combines et les magouilles n’épargnent aucun domaine.
Cette attitude est tellement ancrée qu’elle est même transmise comme un « savoir », un « capital », une « richesse », un « patrimoine ».
C’est du « tribalisme » et du « clanisme » qui alimentent et entretiennent des dysfonctionnements graves.
Du « tribalisme » et du « clanisme » qui se parent de n’importe quoi pour que n’émerge pas ce qui est caché, dissimulé, enfoui, camouflé, masqué, travesti.
S’opposer à ce « tribalisme » et à ce « clanisme », c’est s’exposer à subir l’incompréhension, le rejet, l’insulte, et autres.
Les personnes attachées à ce « tribalisme » et à ce « clanisme » s’appuient sur le faux, derrière un masque d’emprunt.
Les codes et les rituels qui sous-tendent ces agissements parfois dévastateurs, sont présentés comme une « force », alors que c’est le reflet de profondes désagrégations.
Et comme le pays est dit « musulman », ces personnes se réclament de l’Islaam, pour essayer de « justifier » des agissements que l’Islaam rejette, dénonce, condamne et combat.
Le « quelque chose » auquel croient des personnes qui craignent de dire qu’elles ne croient pas à Allaah, c’est tout simplement du bavardage stérile, creux, vide, mensonger.
« Par le soleil et par sa clarté.[6] Par la lune quand elle le suit.[7] Par le jour quand il l’éclaire.[8] Par la nuit quand elle l’enveloppe.[9] Par le ciel et par Celui qui l’a construit. Par la terre et par Celui qui l’a étendue.[10] Par l’âme et par Celui qui l’a harmonieusement façonnée.[11] Et lui a inspiré son immoralité et sa piété. A réussi celui qui l’a purifiée.[12] Et a perdu celui qui l’a
corrompue ».[13]
Allaah n’a besoin de personne, c’est nous qui avons besoin de Lui pour tout.
D’après Abou dharr[14] qu’Allaah le bénisse, le Prophète sur lui la bénédiction et la paix a rapporté qu’Allaah tabaaraka[15] wa ta’aalaa[16] a dit[17] :
Ô Mes serviteurs, si du premier au dernier d’entre vous, les humains[18] et les jinn,[19] étiez aussi pieux que le cœur de l’homme le plus pieux qui soit parmi vous, cela n’ajouterait rien à Mon pouvoir.
Ô Mes serviteurs, si du premier au dernier d’entre vous, les humains et les jinn, étiez aussi débauchés que le cœur de l’homme le plus débauché, cela ne diminuerait rien de mon pouvoir.
Ô Mes serviteurs, si du premier au dernier d’entre vous, les humains et les jinn, se trouvaient en un même lieu, m’adressaient des demandes et que J’accorde à chacun ce qu’il a demandé, cela ne diminuerait pas ce que Je possède, pas plus que ne diminuerait une aiguille si elle était trempée dans la mer.
Ô Mes serviteurs, ce sont vos œuvres que Je comptabilise pour vous et pour lesquelles Je vous rétribuerai.
Celui qui trouvera du bien qu’il loue Allaah, et celui qui trouvera autre chose que cela qu’il ne s’en prenne qu’à lui-même ».[20]
L’être humain naît croyant.[21]
C’est « alfitra »,[22] la nature conformément à laquelle l’être est créé avec la croyance à Allaah.
Toutefois, des changements interviennent tout au long de l’existence ici-bas.
Les uns gardent cette croyance, les autres la perdent, et certains, selon des modalités différentes, des cheminements divers et des voies multiples y retournent.[23]
Le Message d’Allaah depuis Aadame jusqu’à Mohammad sur eux la bénédiction et la paix, est Un.
C’est le même Message.
Il concerne les univers.
Les Prophètes et les Messagers sur eux la bénédiction et la paix, ont tous eu pour mission de transmettre ce qui leur a été révélé par Allaah. 
La multiplicité des révélations se rapporte aux diverses étapes du Message et met en relief son essence qui est l’unicité,[24] l’Adoration d’Allaah.
L’Islaam par conséquent, n’est pas né à l’époque où Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, a commencé la mission qui lui a été confiée par Allaah.
Tout cela souligne combien la dimension de la connaissance est importante en Islaam.
Elle est fondamentale.
L’Islaam rejette l’obscurantisme, l’ignorance[25] et pousse à l’effort[26] pour l’acquisition de la connaissance qu’il élève aux degrés les plus hauts.
Une personne peut ne pas être « cultivée » et atteindre la connaissance, comme elle peut être « cultivée » et rester dans l’ignorance.
L’Adoration d’Allaah, n’a pas été imposée à l’être humain.[27]
Allaah lui a accordé la liberté du choix.
Chacun est libre de croire ou de ne pas croire, en toute connaissance de cause.
Bien entendu, chacun est responsable de son choix et chacun aura à en assumer les conséquences.[28]
Chacun sera fixé le Jour où quiconque aura fait le poids d’un atome de bien le verra et quiconque aura fait le poids d’un atome de mal le verra.[29]
Il va de soi que la liberté du choix ne s’oppose pas à la Volonté d’Allaah.
C’est parce qu’Allaah l’a voulu, que l’être humain bénéficie de cette liberté du choix.
Allaah peut imposer ce qu’Il veut, à qui Il veut, comme Il veut, quand Il veut.
L’Islaam n’impose donc pas de croire.
« Pas de contrainte en religion ![30] La voie de la raison s’est différenciée de l’égarement. Quiconque renie la tyrannie des fausses divinités[31] et croit à Allaah saisit l’anse la plus solide, qui ne se brise pas ».[32]
Que chacun se pose cette question et réfléchisse :
« Ô être humain ! Qu’est-ce qui t’a trompé au sujet de ton Seigneur, Le Généreux ? »[33]


BOUAZZA



[1] Adam sur lui la bénédiction et la paix.
[2] Adoration, ’ibaada (la première lettre du mot ‘ibaada c’est la lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans l’alphabet français, et non la lettre i (qui n’est donc pas écrite ici en lettre majuscule).
[3] Le ʺrʺ roulé, le Coran.
[4] Sallaa Allaah ‘alayh wa sallame (la première lettre du mot ‘alayh c’est la lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans l’alphabet français, et non la lettre a (qui n’est donc pas écrite ici en lettre majuscule).
[5] Musulman.
[6] Et par ses lueurs matinales.
[7] Quand elle vient après lui.
[8] Quand il le refait paraître dans toute sa splendeur.
[9] Quand elle le recouvre de son voile.
[10] Et par Celui qui a aplani sa surface.
[11] Par un être vivant et par Celui qui l’a fabriqué dans une harmonie parfaite.
[12] A récolté le succès celui qui l’a purifiée.
[13] Et a échoué celui qui n’a pas laissé son humanité s’épanouir.
Dans sa traduction du Qoraane Kachriid (le ʺrʺ roulé) note que le verbe "dassa" en arabe veut dire cacher, empêcher de paraître au grand jour.
L’être humain étant à l’origine d’essence divine, son humanité est l’ensemble de toutes les vertus et noblesses.
Celui qui suit la voie de l’immoralité est comme celui qui a empêché sa bonne nature d’éclater au grand jour pour ne montrer que sa fausse nature inspirée par satan (achchaytaane) et les passions charnelles.
Salaah Addine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran), Lobnaane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaamii, cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984). Note en bas de la page 809.
Alqoraane (Le Coran), sourate 91 (chapitre 91), Achchamç, Le Soleil, aayate 1 à aayate 10 (verset 1 au verset 10).
[14] Le r roulé.
[15] Le r roulé.
[16] Que soient exaltées Sa Gloire et Sa Puissance.
[17] C’est ce qui est désigné par hadiite qodosiyy (qodsiyy), c'est-à-dire une révélation faite par Allaah, Seigneur des univers, à Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix et qui n’est pas dans Alqoraane (r roulé).
[18] Vos humains.
[19] Vos jinn.
Aljinn (les jinn, jnoune les Génies) sont une race autre que la racehumaine, qui compte des croyants et des mécréants, à qui Allaah permet de vivre ici-bas, et qui aura des comptes à rendre dans l’autre monde, le Jour du Jugement.
[20] Hadiite rapporté par Moslime (la première partie du hadiite qui traite d’autres points, n’est pas citée ici).
Lorsqu’on parle de hadiite (hadite, hadiith, hadith), cela renvoie à ce qui a été rapporté concernant la conduite de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, à Assonna.
Alqoraane n’a de sens qu’avec Assonna et Assonna ne peut exister sans Alqoraane.
Assonna procède d’Alqoraane.
[21] Moumine.
[22] Le r roulé.
[23] Et lorsqu’une personne après des errements retourne à la croyance à Allaah, c’est le "retour du cœur dans sa patrie" comme le dit pour ce qui le concerne Léopold Weiss, qui a choisi de s’appeler Muhammad Asad (Mohammad Açad).
[24] Attawhiid.
[25] Aljahl.
[26] Alijtihaad.
[27] Nous ne traitons pas d’autres créatures dans le cadre de ce travail.
[28] Le choix est entre la Voie d’Allaah et celle d’achchaytaane (satan), la Voie du Paradis et celle de l’Enfer.
Quiconque prend le droit chemin le prend pour lui-même et quiconque s’égare, s’égare à son propre détriment.
Alqoraane (Le Coran), sourate 17 (chapitre 17), Alisraa-e, Le Voyage Nocturne, aayate 15 (verset 15).
[29] Alqoraane (le Coran), sourate 99 (chapitre 99), Azzalzala, La Secousse, Le Tremblement de Terre, aayate 7 et aayate 8 (versets 7 et 8).
[30] Laa ikraah fii addiine (le r roulé).
[31] Dans sa traduction du Qoraane, Kachriid (le r roulé) note en bas de page au sujet de taaghoute″, qu’il traduit par tyrannie des fausses divinités″, que le mot est ainsi employé au singulier comme au pluriel. Il vient du verbe taghaa c'est-à-dire outrepasser les limites, déborder. Il désigne tous ceux qui s’attribuent ou à qui on attribue une force ou une prérogative n’appartenant qu’à Allaah. Ce sont, selon les cas, les idoles, le diable (achchaytaane, satan), les puissants de ce monde, son propre orgueil, etc…
Seul Allaah est capable de bien faire ou de nuire et nulle obéissance n’est due à personne si elle implique la désobéissance à Allaah.
Salaah Addine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), op.cit,.note en bas de la page 53.
[32] Alqoraane (Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara, La Vache, aayate 256 (verset 256).
[33] Yaa ayyohaa alineçaane maa gharraka birabbik alkariime ?
(Les r roulés).
Alqoraane (Le Coran), sourate 82 (chapitre 82), Alinefitaar ((Le r roulé), La Fissuration, aayate 6 (verset 6).

mardi 27 août 2019

LA FEMME QUI ÉTAIT MA MÈRE


Les étoiles du ciel étaient dans ses yeux.
Le pain qu’elle faisait avait le parfum de la miséricorde.[1]
Lorsqu’elle ajoutait une branche de bois dans le four en terre cuiter fait par elle, l’éclat de son visage illuminait l’espace.
Dans la journée, elle s’asseyait sur un tapis, fait par elle, et continuait le tissage commencé.
Des fois une couverture fine,[2] souvent blanche avec des motifs où le bordeaux dominait.
C’était elle qui préparait la laine, récupérée sur les moutons et les brebis.
À divers moments, elle prenait du temps pour se mettre devant l’humble demeure paysanne et observait :
La beauté du ciel, l’éclat du soleil, la lune, les étoiles, la nuit, le jour, les nuages, la pluie, l’hiver, le printemps, l’été, l’automne, les arbres, les fleurs, les plantes, l’eau, les semailles, les récoltes, les oiseaux, les animaux, les chevaux, les femmes, les hommes, les garçons, les filles, le père, la mère, les frères, les soeurs, la famille, et autres.
Le Message du Créateur était dans son coeur.
Depuis l’aube de la Vie.
L’union avec mon père s’était défaite.
Ma mère avait été trompée.
La confiance avait été trahie.[3]
Elle a été divorcée, et ses cinq enfants lui avaient été arrachés.
Ses parents l’avaient reprise.
Des saisons avaient succédé aux saisons.
Elle s’était remariée avec un cousin.
Ils ont eu quatre enfants.
L’existence ici-bas de ce cousin s’est achevée.[4]
Celle de ma mère[5] et celle de mon père aussi.[6]

BOUAZZA



[1] Arrahma (le ʺrʺ roulé).
[2] Tahndirte, hndira (le ʺrʺ roulé).
[3] Le pire dans le mariage.
[4] En 1994, selon le calendrier dit grégorien.
[5] Le samedi 28 juin 2008.
[6] Le samedi 4 octobre 2008.

lundi 26 août 2019

G7, L’ÉTABLE DE LEUR LOI

État de siège ?
Biarritz dans le Sud-Ouest est barricadée par des milliers de policiers, de gendarmes, de militaires.
Soulèvement des populations Basques ?
Le sommet dit du G7, du 24 au 26 août 2019,[1] se tient dans cette ville.
Les chefs d’État et de Gouvernement des USA, du Canada, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Japon, de l’Italie, de la France, se rencontrent, dans le cadre de « la lutte contre les inégalités » dit la propagande.
Ces dirigeants dits des 7 plus grandes puissances du monde dont les pays sont construits sur l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme, les crimes contre l’humanité, poursuivent la domination, les massacres, les destructions, les pillages, l’imposture.
Les imposteurs, à l’œuvre depuis des lustres, ont toujours usé d’une diarrhée verbale concernant leurs horreurs.
Des mots qui alimentent et entretiennent le faux.
Toujours gonflés d’orgueil et d’arrogance, ils consolident les inégalités partout.
Ils répandent les supercheries selon l’étable de leur loi,[2] et recourent à leur Histoire, avec hache majuscule, pour poursuivre les décapitations.
Avec l’autorisation des USA,[3] le ministre des affaires étrangères de l’Iran,[4] Javad Zarif, a été convoqué par la France, le dimanche 25 août, pour quelques heures à Biarritz, afin de faire croire que ces gens-là oeuvrent pour « le bien-être de l’humanité », et que le président de la France[5] s’y atèle.
Pour la photo dite « de famille », lorsque le spectacle tire à sa fin, ces imposteurs font venir certains de leurs employés dans les colonies, déguisés en costard-cravate, en habit de là-bas, en « Lawrence d’Arabie », ou autres, afin de rappeler la place accordée au folklore dans ces « retrouvailles de la fraternité ».[6]
  
BOUAZZA



[1] Selon le calendrier dit grégorien.
[2] Les tables de leur loi.
[3] Donald Trump.
[4] Pays que les USA veulent détruire comme ils ont détruit l’Iraq et d’autres.
[5] Emmanuel Macron.

mardi 20 août 2019

DOUAR NENEZ

- Je suis content mon frère, depuis la fin du régime de Bouteflika en Algérie,[1] les choses bougent.
- Tu sais ce que j’en pense, la merde là-bas et dans le reste des colonies d’Afrique, sera la même pour très longtemps encore.
- Tu te répètes mon frère.
Pourquoi tu refuses d’admettre que nous avons fait un pas en avant ?
- Je veux bien l’admettre si tu admets que nous sommes au bord du gouffre.[2]
- Prenons la culture mon frère, le cinéma plus exactement, est-ce que tu sais que maintenant même un douar[3] a son festival sur l’Algérie ?
- Non je ne sais pas.
Je suis né en France, mes parents aussi et le bled[4]ne nous intéresse pas spécialement.
- Moi aussi mon frère je suis né ici, à la téci,[5] comme mes parents, mais nous essayons de suivre ce qui se passe là-bas, au bled.
- Alors c’est quoi ce douar qui organise un festival de cinéma en Algérie ?
- C’est douar nenez mon frère.
- Douarnenez ?
- Exactement mon frère.
- Douarnenez c’est une ville dans le Finistère, en Bretagne.
Son festival de cinéma cet été a pour thème en effet l’Algérie.[6]
- C’est ce que j’ai dit mon frère.
  
BOUAZZA



[1] Le rangement de la momie dite Boutafliiqa (Abou tafliiqa) en avril 2019, selon le calendrier dit grégorien n’a rien changé à la nature du régime mis en place en Algérie par le système colonialo-impérialo-sioniste.
Ce régime, comme ses frères en Afrique, dans les contrées dites ʺarabo-musulmanesʺ et ailleurs, est immonde, infâme, abject, hideux, féroce, cruel.
Un régime de l’injustice, du vice, de l’abîme, du chaos.
Un régime du pillage, de la corruption dans tous les domaines.
Un régime de massacres, de carnages, de vols, de viols.
Un régime d’une arrogance et d’une cupidité indescriptibles.
Un régime de tous les trafics.
Un régime de débauchés.
[2] Dans les années 70, un des serviteurs de ce régime avait dit que le pays était au bord du gouffre, mais qu’avec Boumédiène, il avait fait un pas en avant.
[3] Douaar (le ʺrʺ roulé) sorte de hameau regroupant la population d’une tribu ou d’une fraction de tribu en Afrique du Nord.
[4] Blad, blaad, bilaad, pays.
[5] À la cité.
Cité de banlieue où sont parquées des populations issues du processus migratoire lié au colonialisme français, principalement en Afrique du Nord, et dans d’autres contrées d’Afrique.
[6] Son 42ème festival du cinéma prévu du 17 au 24 août a pour thème Algériens Algériennes.

lundi 19 août 2019

BILINGUE AVEC MACHINE À ÉCRIRE EN FRANÇAIS


Juste avant le début de l’année scolaire 1959-1960[1] je crois, après avoir été à Rbaate[2] pour peu de temps,[3] mon père, magistrat au Mghriib[4] de « l’indépendance dans l’interdépendance »,[5] a été muté.
C’est ainsi que je me suis retrouvé à Lkhmiiçaate,[6] une petite cité sur la route de Mknaas.[7]
Lkhmiiçaate est considérée comme la « capitale » de Zmmour,[8] populations des Imazighnen[9] au Moyen Atlas, dont ma mère était originaire et dont mon père était l’un des « fils adoptifs ».
La maison de fonction était dans le « quartier administratif », un peu en retrait par rapport au reste de l’agglomération.
Avant « l’indépendance dans l’interdépendance », les maisons de ce quartier étaient occupées par des familles de France.
La maison était entourée d’un jardin agréable, et sur son toit, les cigognes à leur retour, retrouvaient leur nid, comme cela était le cas sur plusieurs toits des constructions.
Le mari de ma grande sœur aujourd’hui décédée,[10] s’occupait bien du jardin.
Dans la partie du jardin derrière la maison, il avait transformé certaines constructions pour en faire une étable pour trois vaches  et aussi une basse-cour.
Tôt le matin, ma sœur s’occupait de traire les vaches.
Je l’accompagnais parfois.
J’aimais assister à cette activité, et plus particulièrement au moment où elle permettait aux veaux de téter.
Il m’arrivait d’emmener ensuite les vaches au berger qui attendait, non loin de la maison, dans une petite forêt d’eucalyptus, [11]et d’aller les récupérer en fin de journée pour les ramener à la maison.
Dans la forêt d’eucalyptus, il y avait aussi une église, transformée par la suite en « locaux administratifs ». Nous l’appelions « lmrbbou dnçaaraa ».[12]
Avant sa mutation à Mknaas, à la fin de mon cycle élémentaire à l’établissement scolaire, mon père avait décidé de me laisser à l’internat, « pour ne pas perturber mes études ».
En réalité, le responsable de l’établissement, ami d’enfance de mon père et autrefois, comme lui, agent subalterne[13]dans l’administration mise en place par le colonialisme français, avait jugé bon de me faire « profiter » de ce régime pour une « bonne scolarité ».
Ce régime ne me déplaisait pas car j’avais beaucoup d’amis et je jouais au football tout ce que je pouvais.
L’intendant faisait partie des dirigeants de l’I.Z.K.[14] et faisait de son mieux pour que les internes ne soient pas privés de leur plaisir footballistique.
Ainsi, avec le temps Lkhmiçaate est devenue « ma » ville.
Je caresse souvent, avec une certaine nostalgie, les moments de mon existence dans cette cité.
Lorsque je pense aux « écrivains publics » par exemple, je les revois, adossés au mur du logement du receveur de la poste,[15] « chchaaf dlboustaa »,[16] comme si le temps s’était figé.
Ils étaient trois.
Les gens venaient les voir, surtout le mardi, jour du souq,[17] principalement pour leur lire la lettre reçue généralement d’un membre de la famille et y répondre, ou pour leur rédiger un courrier dont le destinataire est quelqu’un de la famille, au pays ou hors du pays, et aussi l’administration.
Il y avait celui qui ne connaissait que ce qui lui était strictement nécessaire à cet effet, qui rédigeait manuellement, et en langue arabe.
Il y avait celui qui, en plus des compétences du premier, connaissait un peu le français.
Et puis il y avait celui qui, en plus des qualifications des deux premiers, possédait la machine à écrire.[18]
Les trois parlaient tamazighte[19] bien sûr.
Mais les trois n’appliquaient pas le même tarif évidemment.
Un courrier rédigé en français à l’aide d’une machine à écrire, est forcément plus cher qu’un courrier rédigé manuellement et en arabe, ou qu’un courrier rédigé en français, mais manuellement.
« Je parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » chantait l’autre,[20] mort lui aussi.[21]
  
BOUAZZA



[1] Selon le calendrier dit grégorien.
J’avais 9-10 ans.
[2] Le ʺrʺ roulé, Rabat.
[3] Moins de deux ans si mes souvenirs sont bons.
[4] Le ʺrʺ roulé,  au Maroc.
[5] Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite ″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[6] Khémisset.
[7] Meknés.
[8] Le ʺrʺ roulé, Zemmour.
[9] Berbères, singulier Amazigh.
[10] Elle est morte en 1970, à l’âge de 28 ans.
[11] Elle n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même.
[12] Le ʺrʺ roulé, le marabout des Nazaréens.
[13] Par la suite, il était devenu ʺélu parlementaireʺ et ʺprésident du conseil municipalʺ de Khémisset.
[14] Ittihaad Zmmourii de Khémisset, le club de football de Lkhmiiçaate.
[15] Logement attenant à la petite agence postale, toujours en fonction, et dont le personnage incontournable était ‘aqqaa (la première lettre du prénom ‘aqqaa c’est la lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans l’alphabet français, et non la lettre a (qui n’est donc pas écrite ici en lettre majuscule).
Il était au guichet et gérait tout avec autorité.
En cas de problème nécessitant l’intervention du receveur, celui-ci ne pouvait qu’appeler ‘aqqaa pour qu’il tranche.
Il était très aimé, et je l’aimais bien.
En dehors du travail à la poste, il jouait à la pétanque dont il était l’un des animateurs principaux.
[16] Le chef de la poste.
[17] Souk.
[18] Une vieille petite machine portative à écrire en français.
[19] La langue des Imazighn.
[20] Charles Aznavour.