mardi 27 août 2019

LA FEMME QUI ÉTAIT MA MÈRE


Les étoiles du ciel étaient dans ses yeux.
Le pain qu’elle faisait avait le parfum de la miséricorde.[1]
Lorsqu’elle ajoutait une branche de bois dans le four en terre cuiter fait par elle, l’éclat de son visage illuminait l’espace.
Dans la journée, elle s’asseyait sur un tapis, fait par elle, et continuait le tissage commencé.
Des fois une couverture fine,[2] souvent blanche avec des motifs où le bordeaux dominait.
C’était elle qui préparait la laine, récupérée sur les moutons et les brebis.
À divers moments, elle prenait du temps pour se mettre devant l’humble demeure paysanne et observait :
La beauté du ciel, l’éclat du soleil, la lune, les étoiles, la nuit, le jour, les nuages, la pluie, l’hiver, le printemps, l’été, l’automne, les arbres, les fleurs, les plantes, l’eau, les semailles, les récoltes, les oiseaux, les animaux, les chevaux, les femmes, les hommes, les garçons, les filles, le père, la mère, les frères, les soeurs, la famille, et autres.
Le Message du Créateur était dans son coeur.
Depuis l’aube de la Vie.
L’union avec mon père s’était défaite.
Ma mère avait été trompée.
La confiance avait été trahie.[3]
Elle a été divorcée, et ses cinq enfants lui avaient été arrachés.
Ses parents l’avaient reprise.
Des saisons avaient succédé aux saisons.
Elle s’était remariée avec un cousin.
Ils ont eu quatre enfants.
L’existence ici-bas de ce cousin s’est achevée.[4]
Celle de ma mère[5] et celle de mon père aussi.[6]

BOUAZZA



[1] Arrahma (le ʺrʺ roulé).
[2] Tahndirte, hndira (le ʺrʺ roulé).
[3] Le pire dans le mariage.
[4] En 1994, selon le calendrier dit grégorien.
[5] Le samedi 28 juin 2008.
[6] Le samedi 4 octobre 2008.

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