jeudi 1 août 2019

MA CORRESPONDANTE ANGLAISE

Le samedi 3 août 2019,[1] je vais me rendre, ine chaa-e Allaah,[2] en Grande-Bretagne, avec mon épouse, notre fils aîné, son épouse, et leur fils, pour une semaine, chez la fille de ma correspondante Anglaise, son époux, leur fille, et leur fils.
Nous allons bien sûr voir ma correspondante, son époux, leur fils, son épouse, et leurs deux filles.
Il y a de cela plusieurs années déjà, j’avais écrit ce texte intitulé « Réciprocité », au sujet de ma correspondante :
« J’avais 18 ans.
J’étais lycéen à Fès,[3] au Maroc[4] (Maghrib).
Elle en avait 15.
Elle était dans un établissement secondaire à Accrington, dans le Lancashire, en Angleterre.
Aujourd’hui encore, nous nous écrivons, nous nous téléphonons et nous nous voyons.
La relation avec ma correspondante Anglaise dure depuis 38 ans.[5]
Elle a débuté en 1968.
J’avais commencé à étudier l’anglais au collège, à Khemisset.[6]
Tout de suite, comme beaucoup de camarades, je m’y étais intéressé et je m’amusais avec eux parfois, lorsque nous apprenions un mot, à le reprendre en le traduisant en arabe littéraire, en arabe dialectal, en berbère et en français.
Why, limada, ‘lache, mmakh, pourquoi ?
Nous apprenions l’anglais comme dans une sorte de jeu.
Lorsque le professeur,[7]nous faisait répéter des mots ou des expressions, nous nous amusions à trouver quelque chose qui a la même consonance en arabe par exemple : confortable : kane ftbl.[8]
Full : foule.[9]
Isn’t il ? Znntite ?[10]
Les rires fusaient, gagnaient toute la classe.
Un feu d’artifice.
Le professeur, ignorant notre jeu, se désolait de nos « rires imbéciles ».
Il m’arrive parfois de penser avec douceur à ces rires multi-langues, rires joyeux, et je revois des visages en me demandant ce que sont mes camarades devenus.
Les verbes irréguliers[11]n’étaient pas mon verre de thé à la menthe.
Cela ne veut pas dire que j’étais moins bon à l’écrit.
Nous nous amusions moins c’est sûr, mais l’écrit ne me déplaisait pas.
Avec ma correspondante, il m’est même devenu agréable.
Après le baccalauréat, je ne pensais pas m’expatrier pour continuer mes études en France.
Je crois que mon premier voyage en dehors de ce pays a été l’Angleterre.
En effet, quelques mois après avoir quitté le Maroc, j’avais rendu visite à ma correspondante et passé un agréable séjour avec elle, ses parents et son frère. J’ai été reçu à son établissement, j’ai pris le déjeuner avec les professeurs et rencontré plusieurs de ses camarades.
Le journal local nous avait consacré un article avec une photo de ma correspondante et moi. J’étais ainsi reconnu dans la rue et le sourire chaleureux des passants me suivait.
Les parents[12] de ma correspondante faisaient le maximum pour me mettre à l’aise.
Et je l’étais.
La mère m’entourait de tous les soins et m’encourageait à m’exprimer longuement, en dépit de mon anglais approximatif et limité.
Aujourd’hui très âgée, elle garde sa sympathie et sa gaieté.[13]
Ma correspondante a fondé une famille.
Moi aussi.[14]
Avec son époux, ils ont deux enfants : une fille et un garçon.
Nous étions au mariage de la fille, en 2002.
À son tour, elle est aujourd’hui mère de deux enfants : une fille et un garçon.[15]
Nous nous voyons en France et en Angleterre.
Lors de notre première visite avec mon épouse et nos enfants, ma correspondante et son mari avaient insisté pour que nous acceptions de dormir dans leur chambre à coucher préparée pour nous.
Nous étions très touchés par ce geste.
Dans cette chambre, il y avait un petit tapis décoratif, que je lui avais, jadis, envoyé du Maroc.
Nous nous sommes revus bien sûr après cette visite.
En France et en Angleterre.
La relation continue. Fondée sur le respect et la sincérité réciproques.
Tout simplement ».
Que dire d’autre aujourd’hui ?
Qu’Allaah nous éclaire et nous guide.[16]
  
BOUAZZA



[1] Selon le calendrier dit grégorien.
[2] Si Allaah le veut.
[3] Faas.
[4] Maghrib (le r ʺrʺoulé).
[5] Depuis cinquante et un ans maintenant.
[6] Lkhmiçaate.
[7] Homme ou femme.
[8] Il était dans le tambour.
[9] Fèves en arabe.
[10] Znntiite, la queue d’un animal.
[11] Je ne me souviens même plus de leur ʺformeʺ.
[12] Aujourd’hui décédés, comme les miens.
[13] Elle est donc morte depuis.
[14] Nos enfants aussi.
Notre fils aîné et son épouse ont un fils, et notre fils cadet et son épouse ont deux fils.
[15] Son frère s’est marié aussi et avec son épouse, ils ont deux filles.

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