samedi 21 mars 2020

CONFINEMENT


L’épidémie du coronavirus[1] s’étend.
Comme le reste de la population, elle est doit rester chez elle.
Si elle veut quitter son domicile, elle doit avoir une justification.
Confinement.
Le virus va-t-il se répandre encore ?
Qu’avait-elle fait jusqu’à présent de sa vie ?
Elle a le temps de se poser des questions, de réfléchir, de méditer.
Parmi les livres bien rangés de sa bibliothèque, presque tous attendent, parfois depuis des années, d’être lus.
Elle achète, comme d’innombrables autres, des livres avec l’idée de les lire plus tard.
Beaucoup de choses sont en attente pour « plus tard ».
Sans choisir, elle s’est saisie d’un livre, s’est installée sur un fauteuil face à une fenêtre qui permet de voir le ciel.
Au bout d’un moment, elle s’est mise à lire de manière audible :
« […] Alors que je faisais mon ablution en me lavant les mains, le visage et les pieds avec l’eau d’une outre, quelques gouttes tombèrent sur une touffe sèche à mes pieds, petite plante misérable, jaune, flétrie et sans vie sous les âpres rayons du soleil. Mais dès que l’eau commença à s’égoutter sur elle, un frisson parcourut ses feuilles recroquevillées que je vis s’ouvrir lentement et en tremblant. Quelques gouttes de plus, et les petites feuilles s’animèrent, s’enroulèrent et se redressèrent doucement, en hésitant et frissonnant…Je retins ma respiration et versai encore un peu d’eau sur la touffe d’herbe. Elle s’anima plus vivement, presque avec violence, comme si quelque force mystérieuse la faisait sortir du rêve de la mort. Ses feuilles se contractèrent et s’étendirent comme les tentacules d’une étoile de mer, apparemment saisies par un délire timide, mais irrépressible, véritable petite orgie de joie sensuelle. Ainsi la vie entra victorieusement dans ce qui, il y a un moment, n’était que chose morte ; elle y entrait visiblement, passionnément, irrésistiblement, avec une majesté dépassant l’entendement ».[2]
Elle s’est arrêtée de lire.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Elle s’est mise à pleurer.
À chaudes larmes.[3]

BOU’AZZA

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