dimanche 29 octobre 2023

UN AVOCAT NOMMÉ MOHAMMAD ASSOUUÇII

Après l’obtention du baccalauréat en septembre 1969,[1] j’ai quitté le Maroc pour entreprendre des études universitaires en France.[2]
À mon retour en 1977 avec un épouse et un enfant, il me fallait d‘abord me débarrasser de l’obligation du service civil de deux années, imposé aux personnes ayant un licence de l’enseignement universitaire.
J’ai été affecté à cet effet à la Province[3] de Khémisset.[4]
En 1978, nous avons eu un deuxième fils.
C’est au sein de cette institution que j’ai connu Mohammad Assouuçii,[5]assujetti avant moi au service civil.
À la fin de cette obligation, il a opté pour la profession d’avocat et a décidé de faire son stage avec mon père, magistrat à la retraite, qui avait le droit d’ouvrir un cabinet dans cette ville.
Après le service civil, j’ai fait semblant d’avoir opté pour la profession d’avocat t pour un stage avec mon père moi aussi.
En réalité, je me préparais à retourner en France avec mon épouse et nos enfants.
Et c’est ce que j’ai fait en 1981.
Lorsque quelqu’un me demandait pourquoi j’ai quitté le Maroc, je répondais par le silence, parce qu’il ne m’était pas simple de répondre de manière satisfaisante à cette question.
Parfois, je répondais par un rire.
Il m’arrivait aussi de dire, en riant, que je suis parti parce que je ne suis pas resté, ou que je suis parti parce que je connais.
Dans tous ces cas, c’était, je crois, une manière de signifier qu’il vaut mieux parler d’autre chose.
Il m’est arrivé d’écrire[6] que je n’étais pas dans la justification à posteriori, en notant que j’ai quitté le Maroc pour fuir l’atmosphère avilissante entretenue et répandue par un régime corrompu, fondé sur l’imposture, et maintenu par le système colonialo-impérialo-sioniste.
À l’époque où j’ai décidé de partir, je ne m’exprimais pas ainsi, mais je ne le sentais peut-être pas autrement.
J’ai quitté le Maroc surtout pour ramener mon épouse au pays qu’elle a quitté afin de m’accompagner, pour protéger nos enfants et, je le dis en mots que je n’étais pas en mesure d’utiliser à l’époque, pour ne pas me faire vider de ce qui me remplit avant même que je ne sois de ce monde.
Ai-je bifurqué par rapport au titre de cet écrit ?
Je ne crois pas.
J’ai continué d’avoir des nouvelles de Mohammad Assouçii devenu avocat, un peu à la dérive car il a failli être rayé du barreau s’il continuait à ne pas payer ses cotisations.
Un ami commun,[7] lui même avocat, a pris contact avec moi afin  de participer à payer ce qui pouvait éviter de rayer Mohammad Assouçii de la profession d’avocat.
Cela a été fait, et il n’a pas été rayé.
Du temps s’est écoulé, des années ont succédé aux années, des saisons aux saisons, nous avons vieilli.
J’avais des nouvelles éparses par moments, et aujourd’hui, dimanche 29 octobre 2023, son temps ici-bas s’est achevé.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
« Innaa lillah wa innaa Ilah raji’oune[8] ».[9]
« Nous sommes à Allaah et à Lui nous retournons». 
 
BOU’AZZA
[1] Selon le calendrier grégorien.
[2] Le climat de littoral me provoquait des crises d’asthme m’obligeant à quitter la czpitale où jev devais étudier à l’École Normal Supérieure (ENS).
[3] Préfecture.
[4] Lkhmiiçaate.
[5] Mohammed Assoussi.
[6] À peu de chose près.
[7] Décédé depuis.
[8] Le« r » roulé.
[9] Alqoraane (Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara (le « r » roulé), La Vache, aayate 156 (verset 156).


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