mercredi 11 novembre 2015

ENCORE SUR MON PÈRE


Mon père était employé dans l’administration sous contrôle du colonialisme Français.
Il voyageait souvent, avait beaucoup de contacts, sentait qu’en ce début des années cinquante,[1] les choses pouvaient changer.
Il se voulait « moderne » et en mesure de saisir les occasions par rapport à ce qui s’annonçait, et avait pressenti qu’il allait avoir d’importantes opportunités pour faire carrière.
Il avait un peu plus que la trentaine, était « bel homme », ne manquait pas d’argent,[2]  possédait une voiture,[3] faisait des projets.
Les tentatives pour lui indiquer ce qui était sain, n’avaient jamais servi à grand-chose.[4]
Il ne parvenait pas à échapper au processus d’empoisonnement que sont les influences néfastes, destructrices, blâmables.
Son côté corrompu a été accentué lorsqu’il a « gravi les échelons », avec « l’indépendance dans l’interdépendance ».[5]
Dans ses comportements à l’extérieur, il voulait souvent « plaire », et développait un discours en opposition totale avec ce qu’il était réellement et que je n’ai découvert que tardivement.
La belle-mère[6] qui m’a élevé, l’avait mis sur un piédestal.
Devant moi, elle n’avait jamais émis la moindre critique à son sujet.
Selon elle, il était un modèle d’intégrité, de sérieux, d’honnêteté, de compétence et autres.[7]
En vrai, c’était le contraire.[8]

BOUAZZA



[1] Selon le calendrier dit grégorien.
[2] Il cherchait et obtenait de l’argent par divers moyens, et s’empressait de le dilapider.
[3] Les indigènes qui en possédaient à l’époque étaient plus que rares.
[4] Pour ce qui me concerne, j’ai insisté, mais il a toujours considéré qu’un fils n’a rien à lui apprendre.
[5] Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite ″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[6] La troisième épouse de mon père.
[7] D’autres épouses font l’inverse et attribuent à l’époux les défauts qu’il n’a pas, l’accablent en parlant de lui, jouent les victimes du mariage et s’accordent ainsi ʺle droitʺ de ne pas tenir compte de ce que pense le conjoint, de  s’autoriser tout et n’importe quoi et de s’adonner à ce qui est blâmable.
Il en va de même pour des époux bien sûr.

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