Il s’appelait ‘Abd Alhafiid.
Le serviteur du Préservateur.[1]
Il
était marié, et père de deux filles.
Il
est décédé le vendredi 25 novembre 2016.[6]
Après
avoir pris son déjeuner avec le frère de son épouse, celui-ci s’est absenté le
temps de se laver les mains ; à son retour, il a trouvé mon frère allongé,
en train de réciter achchahaada,[7] l’index
levé.[8]
Et
c’était ainsi qu’il avait rejoint l’au-delà.
L’enterrement
a eu lieu le lendemain, à Lkhmiçaate.[9]
Ce
frère avait cinq ans de moins que moi.
Flots
de pensées.
Averses
d’images.
Afflux
de sensations.
Il n’avait
pas encore quinze ans lorsque j’avais quitté le Maroc, pour des études
universitaires en France.[10]
Et
jusqu’au baccalauréat, j’avais passé de longues périodes à l’internat.
Je
suis retourné au Maroc en 1977, mais nous n’avions pratiquement pas de
contacts.
Depuis
mon installation en France en 1981, je ne l’ai revu que les très rares fois où
je me suis rendu là-bas.
C’est
dire que lui aussi, je ne le connaissais pas bien.[11]
Lorsque
j’étais adolescent, j’appréciais sa compagnie : il était vif, agréable, drôle,
et avait de l’humour.[12]
Il
avait mis au point à partir de l’arabe dialectal du Maroc, une sorte de parler
que nous n’étions pas beaucoup à maîtriser dans la famille, et qui nous
permettait de communiquer, en tenant à l’écart ceux et celles qui l’ignoraient.
Je n’ai
jamais oublié ce parler qu’il m’a enseigné.
Que
dire de ce qui s’en va et comment parler de ce qui demeure ?
Que
dire de ce qui cesse et comment parler de ce qui commence ?
Que
dire de ce qui a été et comment parler de ce qui sera ?
J’aimerais
tant faire entendre le murmure de l’eau qui nous rappelle que « Nous
sommes à Allaah et à Lui nous retournons ».[13]
BOUAZZA
[1]
Du Gardien, du Conservateur, d’Allaah.
[2]
Cinq garçons et trois filles.
[3]
De son premier mariage, mon père a eu mon frère aîné et ma soeur décédée en
1970 (selon le calendrier dit grégorien).
Il a eu trois
filles et deux garçons avec ma mère, sa deuxième épouse.
Avec une autre femme, il a eu un garçon.
Et d’un dernier mariage, il a eu une fille et un garçon.
[4]
Le ʺrʺ roulé.
[5]
La Maison Blanche, Casablanca.
[6]
25 safar1438 (le ʺrʺ roulé).
[7]
Le témoignage qu’il n’y a d’Ilaah (Divinité) qu’Allaah et que Mohammad est le
Messager d’Allaah.
Alqoraane (Le Coran), sourate 4 (chapitre 4),
Anniçaa-e, Les Femmes, aayate 48 (verset 48).
[9]
Khémisset.
[10]
Je n’avais pas encore vingt ans.
[11]
Je connais peu, beaucoup de mes frères et soeurs.
Je fais partie, comme j’ai eu plusieurs fois
l’occasion de l’écrire, d’une famille décomposée.
[12]
Plus tard, il a changé, et n’avait plus grand-chose à voir avec ce qu’il était.
[13] Alqoraane (Le Coran), sourate2 (chapitre 2), Albaqara
(le ″r″ roulé), La Vache, aayate 156 (verset 156).
Dans
sa traduction du Qoraane (le ʺrʺ roulé) Kachriid (le ʺrʺ roulé) note que ʺla formule de consolation citée
dans le verset 156, s’appelle ʺistirjaa’eʺ (le ʺrʺ roulé).
Celui
qui la prononce avec sincérité et conviction y trouve en effet une réelle
consolation dans les moments les plus difficiles.
Quand
on se rappelle qu’on est entièrement la propriété d’Allaah et que c’est vers
Lui que doit se faire notre retour, comment peut-on être écrasé de chagrin
devant la perte des biens éphémères de ce monde ? Quand Allaah nous
reprend un être cher ou un bien auquel nous sommes attachés, Allaah n’a fait
que récupérer ce qu’il nous a prêté par pure bonté de Sa part et sans aucune
contrepartie de la nôtre.
Que
pouvons-nous donner à Celui qui possède toute chose en exclusivité
totale ?ʺ
Salaah
Addiine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran),
Loubnaane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaamii,
cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984).
Note
en bas de la page 30.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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