La
première fois que je l’ai vue, c’était au début des années soixante dix, au
siège d’une association qui cherchait des bénévoles pour des cours
d’alphabétisation dans des foyers réservés à des travailleurs immigrés.[1]
Il
n’y avait pas longtemps que j’étais en France afin d’entreprendre des études
universitaires.[2]
Elle
avait une maîtrise d’italien et préparait l’agrégation.
Nous
sommes devenus « la cheville ouvrière » des cours d’alphabétisation,
du militantisme auprès des travailleurs immigrés, et parmi des étudiants.[3]
Elle
n’avait pas eu l’agrégation et moi je ne m’étais pas présenté à tous les
examens.
L’université
était devenue « secondaire ».[4]
Je
m’étais attaché à elle et elle à moi.
Avant
que la Mairie « n’officialise » notre mariage sur le plan
administratif, nous nous sommes considérés comme époux et épouse.
Aujourd’hui,
nous sommes grands-parents, installés en France depuis de nombreuses années.[5]
BOUAZZA
[1]
Originaires principalement d’Afrique du Nord.
[2]
Lorsque j’ai quitté le Maroc, je n’avais pas encore vingt ans : je n’étais
pas encore majeur (à l’époque, la majorité étais à vingt et un an).
Á vingt sept ans, en 1977 (selon le calendrier dit
grégorien), je suis retourné au Maroc, avec mon épouse et notre premier fils.
Au bout de quatre ans, en 1981, je l’ai de nouveau
quitté avec mon épouse et nos deux fils (le deuxième fils est né au Maroc) pour nous installer en France où nous sommes
encore, par la miséricorde d’Allaah.
Je
suis rentré au Maroc après sept ans, en 1977 (selon le calendrier dit
grégorien) avec mon épouse et notre premier fils.
Après
quatre années au Maroc, je suis revenu en 1981, avec mon épouse et nos deux
fils, pour vivre en France, et nous y sommes toujours.
Lorsque
j’avais décidé de quitter le Maroc, j’étais avocat stagiaire dans le cabinet
ouvert par mon père à Lkhmiçaate (Khémisset), après sa retraite de magistrat.
Souvent, lorsque quelqu’un me demande pourquoi j’ai
quitté le Maroc, je réponds par le silence, parce qu’il ne m’est pas simple de
répondre de manière satisfaisante à cette question.
Parfois, je réponds par un
rire.
Il m’arrive aussi de dire, en
riant, que je suis parti parce que je ne suis pas resté, ou que je suis parti
parce que je connais.
Dans tous ces cas, je crois que c’est une manière de
signifier qu’il vaut mieux parler d’autre chose.
Il
m’est arrivé d’écrire (à peu de choses près) que je n’étais pas dans ʺla
justificationʺ à posteriori, en notant que j’ai quitté le Maroc pour fuir
l’atmosphère avilissante entretenue et répandue par un régime corrompu, fondé
sur l’imposture, et maintenu par le système colonialo-impérialo-sioniste.
À
l’époque où j’ai décidé de partir, je ne m’exprimais pas ainsi, mais je ne le
sentais peut-être pas autrement.
J’ai
quitté le Maroc surtout pour ramener mon épouse au pays qu’elle a quitté afin
de m’accompagner, pour protéger nos enfants et ─ je le dis en mots que je
n’étais pas en mesure d’utiliser à l’époque ─
ʺpour ne pas me faire vider de ce qui me remplit avant même que je ne
sois de ce mondeʺ.
[3] Nous
faisions ce que nous pouvions pour faire connaître la résistance des
populations de Filistiine (Palestine) contre la colonisation de peuplement
impérialo-sioniste.
[4] Par la suite, j’ai préparé
et obtenu des diplômes, y compris lorsque j’étais sans emploi ou salarié.
Elle a fait de même lorsqu’elle était salariée.
[5] Je ne fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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