jeudi 2 mai 2019

IL N’EST DE GLOIRE QUE CELLE DU PARADIS

La destitution[1] de Khaalid Ibn Alwaliid[2] par ‘omar Ibn Alkhattaab,[3] n’a pas mis fin à son rôle. Il a continué auprès d’Abou ‘obayda,[4] à être un élément important de l’armée islamique, en menant des combats contre ses ennemis, même sans être au sommet de la chaîne de commandement.
L’armée byzantine voulant reprendre ce qu’elle a perdu en Syrie,[5] s’est mobilisée de manière impressionnante, imposant à l’armée islamique de se retirer et de gagner, selon la proposition de Khaalid Ibn Alwaliide, la plaine de Yarmouk.[6]
« Par cette stratégie, Khâlid avait ravi aux ennemis l’initiative de la bataille. Le plan des Byzantins les plaçait pour une fois dans une position d’assaillants et leur laissait donc l’avantage. Mais en évacuant le nord de la Syrie et en n’offrant aucune résistance, les musulmans sont parvenus à faire échouer ce plan. Ils ont gardé l’initiative de la guerre en imposant le nouveau théâtre d’opération. Ils ont donc conservé une fois de plus la maîtrise de l’espace ».[7]
La bataille s’annonçait décisive et Abou ‘obayda, connaissant les capacités de Khaalid Ibn Alwaliid, lui demanda d’assumer à cette occasion, le commandement suprême de l’armée islamique.
Khaalid Ibn Alwaliid « décida aussitôt de réorganiser l’armée selon sa méthode favorite : les bataillons. L’armée islamique s’élevait à 40.000 hommes, dont 10.000 cavaliers ; il divisa les fantassins en 36 bataillons de 800 hommes chacun, tout en gardant sous ses ordres les 40000 cavaliers de la force mobile ».[8]
La supériorité numérique des Byzantins était écrasante.[9]
Les affrontements n’avaient rien épargné.
« Á travers le campement ravagé, Khâlid marchait. Enjambant les armes brisées et les provisions éparses, il regardait sous le ciel rouge s’étendre à perte de vue un spectacle de désolation. La quiétude des nuits précédentes avait disparu pour laisser place à l’affliction et à la ruine ; les stigmates de la guerre partout étaient visibles.
Les hommes valides étaient occupés à soigner les blessés et à mettre les cadavres en terre. Aucune section n’avait été épargnée par la bataille. [...].
Après ces années de conquête, les milliers d’hommes et de femmes qui s’étaient joints à la marche, ceux qui avaient voulu détruire l’ordre des idoles et instaurer le règne de la justice, ceux-là devaient-ils peut-être périr en ces lieux ? Les hommes vivent et meurent et il n’est de gloire éternelle que celle du Paradis ».[10]
Le lendemain, cinquième jour de la bataille, les affrontements s’annonçaient encore plus terribles.
« Quand les lueurs de l’aurore apparurent à l’horizon, Khâlid ceignit son épée et revêtit son armure. Il était le glaive de Dieu, invincible. Celui que le Créateur brandissait contre les négateurs. Sous son casque, il disposa sa coiffe de laine rouge, comme il l’avait fait avant chaque bataille, avant chaque combat depuis maintenant sept ans. La bénédiction du Prophète sallaa Allaah ‘alayh wa sallam le suivait à chacun de ses pas, elle irriguait jusqu’à ses gestes et ses paroles et même le tranchant de son épée vibrait de cette aura mystique ».[11]
Les Byzantins, convaincus de leur supériorité, avaient cependant proposé aux musulmans la signature d’un accord pour que ces derniers se retirent de Châm.
« Quand Khâlid entendit la proposition des Romains, il réalisa que ce qu’il attendait depuis cinq jours était enfin arrivé. Cette proposition de paix, loin de manifester la mansuétude des Byzantins, trahissait en réalité la fatigue insoutenable de leurs soldats et la conscience de leur état-major qu’ils ne pourraient pas livrer aujourd’hui d’autre bataille. Les ennemis tentaient de dissimuler leur peur par une proposition de paix. Il ne fallait pas perdre de temps, ne pas les laisser se reposer. Les Byzantins avaient subi des pertes immenses et malgré les apparences, leur moral était au plus bas. Devant l’insistance de Khâlid, Abû ‘Ubayda céda. Il congédia les messagers byzantins en leur disant :
« Nous préférons en finir au plus vite ! ».[12]
Il n’y a pas eu de combats le cinquième jour.
Durant le sixième jour et jusqu’à l’aube du septième, la bataille a fait rage.
L’armée d’Héraclius a été vaincue.[13]
« Le soleil de Yarmouk se leva alors sur la plaine. Les premières rayons surgirent de l’horizon et vinrent éclairer les collines dominant Yarmouk. Puis, ils s’engouffrèrent dans les creux, éclairèrent les ravins et les vallons, découvrant les cadavres des Byzantins figés dans un silence éternel. Puis le soleil illumina la plaine et les combattants de Khâlid découvrirent leurs visages, noirs de sang et de poussière. Ils se regardaient les uns les autres, encore hagards, incrédules, comme éblouis par leur victoire ».[14]
Le prochain objectif était Alqods[15] en Palestine.[16]
  
BOUAZZA



[1] La destitution continue encore aujourd’hui, de susciter des débats et des prises de position.
Abou ‘obayda  a été désigné  par ‘omar (le ʺrʺ roulé) à la tête du commandement général de l’armée de l’Islaam, en lieu et place de Khaalid Ibn Alwaliid qui était nommé à ce poste par Abou Bakr Assiddiiq (le ʺrʺ roulé).
‘omar Ibn Alkhattaab, commandeur des croyants, a justifié ainsi cette décision : ʺJe ne l’ai pas écarté par rancoeur mais parce que les gens l’ont glorifié à l’excès. Je craignais qu’ils remettent en lui tous leurs espoirs et se détournent de la confiance en Dieuʺ.
A.S. Al-Kaabi, Sayfollah, Éditions Nawa, Paris, 4ème édition, 2018 (la première édition date de 2009, selon le calendrier dit grégorien), p. 449-450.
Abû Soleiman al-Kaabi (Abou Solaymaane Alka’bii).
Livre sur la vie de khaalid Ibn Alwaliid, appelé par Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, Sayf Allaah (le Glaive d’Allaah, l’Épée d’Allaah).
Un peu plus tard, ‘omar va décider d’une seconde destitution, fondée sur l’utilisation des deniers publics, qui va mettre Khaalid Ibn Alwaliid complètement à l’écart.
[2] Khalid Ibn Alwalid, grand combattant, grand commandant, grand stratège de l’armée de l’Islaam qui a défait l’empire Perse, et l’empire Byzantin.
[3] Omar Ibn Alkhattab (la première lettre du prénom ‘omar c’est le lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans l’alphabet français, et non la lettre o qui n’est donc pas écrite ici en lettre majuscule).
Amiir almouminiine (le ʺrʺ roulé), commandeur des croyants.
Lorsque, à la mort d’Abou Bakr Assiddiiq, la désignation de ‘omar Ibn Alkhattaab pour lui succéder  à la tête de l’État a eu lieu, ‘omar Ibn Alkhattab, tout en acceptant de servir et d’assumer ses responsabilités, n’a pas manqué de s’interroger sur la politique à suivre afin d’assurer au mieux sa fonction dans le respect du Message d’Allaah et des enseignements de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
Il a exprimé en public sa crainte devant cette lourde tâche et sa peur de faillir à son devoir vis à vis des croyants et des croyantes.
Dans l’assistance, des personnes l’ont rassuré et lui ont fait savoir que tout manquement à sa mission serait combattu, au besoin par les armes.
Après les avoir écoutées, ‘omar a remercié Allaah qui a fait de lui un membre de cette prodigieuse Omma(communauté, matrie) d’Alqoraane (Le Coran) et d’Assonna (ce qui a trait à la conduite de Mohammad sur lui la bénédiction et la paix).
Le fondement de cette ʺOmmaʺ procède du Message d’Allaah depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix.
L’identité qui en découle, l’identité des croyants et des croyantes (almouminoune wa almouminaate) depuis Aadame sur lui la bénédiction et la paix, permet de sortir des ténèbres à la Lumière, de témoigner, de rappeler, de transmettre.
Après Abou Bakr Assiddiiq et ‘omar Ibn Alkhattaab, il y a eu ‘othmaane Ibn ‘afaane et ‘aliyy Ibn Abii Taalib.
Ce sont les quatre chefs de l’État des croyants et des croyantes, dits alkholafaa-e arraachidoune(les successeurs bien guidés).
Ils étaient des compagnons de Mohammad, l’ultime prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
[4] Abou ‘obayda Ibn Aljarraah (le ʺrʺ roulé).
L’un des premiers compagnons de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, et grand commandant de l’armée de l’Islaam.
[5] Achchaam.
[6] Alyarmouk (le ʺrʺ roulé).
[7] A.S. Al-Kaabi, op.cit, p. 486
[8] A.S. Al-Kaabi, ibid, p. 493.
[9] Armée estimée à plus de 120.000 hommes.
[10] A.S. Al-Kaabi, ibid, p. 523.
[11] A.S. Al-Kaabi, ibid, p. 525.
[12] A.S. Al-Kaabi, ibid, p. 526.
[13] An 15 d’Alhijra (636).
[14] A.S. Al-Kaabi, ibid, p. 535.
[15] Jérusalem.

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