Elle était en confinement
depuis le mois de mars 2020,
en
raison de l’épidémie du coronavirus.
Comme
le reste de la population, elle devait rester chez elle.
Si
elle voulait quitter son domicile, elle devait avoir une justification.
Chez
elle, elle utilisait beaucoup une petite pièce.
Mais
c’est incroyable ce qu’elle est spacieuse.
Dans
cet espace réduit, les souvenirs qui jaillissent ne sont jamais à l’étroit.
La
petite pièce peut en accueillir à l’infini.
Depuis
le lundi 11 mai 2020, c’est le déconfinement.
Aujourd’hui, c’est le premier jour du mois de chawwaal 1441 d‘alhijra.
C’est
‘iide
alfitr,
la fête
de la fin du mois de ramadaane.
Depuis
Aadame
sur lui
la bénédiction et la paix, les croyants et les croyantes
font de
leur mieux pour Adorer Allaah,
comme Allaah le demande.
Le
fabuleux don d’Allaah à Ses créatures.
Ils
témoignent de l’unicité
et font
ce qu’ils peuvent pour avancer sur la Voie de la noblesse.
« Ô
humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et avons fait
de vous des peuples et des tribus
afin
que vous vous entreconnaissiez.
Le plus
noble d’entre vous auprès d’Allaah est le plus pieux ».
Avant
la prière d’al’iide, qu’elle va accomplir chez elle, et non au lieu de cette prière
en commun, en raison de l’épidémie de coronavirus qui ne permet pas le
rassemblement de nombreuses personnes, elle s’est acquittée de zakaate al fitr.
Sa
table pour le petit déjeuner, composée de dattes, de gâteaux, de galettes,
de
crêpes
avec du
beurre et du miel, de thé à la menthe, de café au lait, de jus de fruits, sera
ouverte toute la matinée, pour quiconque viendrait lui souhaiter la bonne fête.
En premier, deux de ses petits-fils, avec leurs parents.
Pour
le déjeuner, elle va leur cuisiner le plat qu’ils aiment, et qu’elle prépare
toujours avec recueillement.
Dans
le domaine culinaire, elle a beaucoup appris en regardant faire, et a assez tôt
saisi que cuisiner, ne consiste pas seulement à préparer des mets.
C’est
observer, réfléchir, se remémorer, sentir, tenir compte des nuances,
transmettre, partager, offrir, témoigner sa reconnaissance au Seigneur des
univers.
C’est
alimenter, entretenir le contact avec des sensations, des saveurs, des sons,
des images, des couleurs, des parfums, des goûts, et autres.
C’est
un parcours à travers le temps et l’espace.
C’est
ce qu’elle vit souvent lorsqu’elle cuisine.
Quand
elle prépare le couscous
par
exemple, le plat pour ce jour de fête, elle est en profonde communication avec
la semoule fine dès qu’elle commence à la caresser en la répartissant dans un
grand plat.
Ce
qui lui parvient, sent l’aube de la vie.
Elle
arrose, avec douceur, la semoule d’eau chaude dans laquelle elle a pris le soin
d’ajouter du sel auparavant, mélange avec une cuillère en bois, puis avec les
mains lorsque les mains se plaisent dans la chaleur.
Un
travail délicat pour que les grains soient bien détachés.
Se
peut-il que ces grains soient plus précieux que des perles ?
Ces
doigts s’enfoncent dans la semoule tiède, et des sensations multiples la
transportent.
Des
pensées se bousculent au rythme des battements de son cœur.
Par
une sorte d’alchimie, les ondulations de la semoule offrent une fabuleuse
fresque avec des signaux immémoriaux : un ruissellement de bien-être, une
miséricorde.
Elle
met la semoule dans la partie supérieure de la couscoussière qui fait
« passoire », dans laquelle la semoule reçoit, pour la cuisson, la
vapeur qui monte de la partie basse de la couscoussière, la marmite dans
laquelle cuisent la viande et les légumes.
Au
bout d’une trentaine de minutes de cuisson, la semoule est répartie de nouveau
dans le plat.
Elle
la rafraîchit d’un bon verre d’eau pour faire gonfler encore les grains et
mieux les détacher.
Elle
prend tout son temps pour mélanger.
L’opération
est renouvelée une deuxième fois, en y ajoutant du beurre ou du
« smne ».
La
viande et les légumes qui cuisent dans la marmite ont eu, bien entendu, à subir
son intervention.
La
viande,
une
fois nettoyée comme il se doit, est coupée en morceaux, mise dans la partie
basse de la couscoussière avec des oignons émincés, du persil, de la coriandre,
hachés,
du safran ou du curcuma, du poivre, du sel, de l’huile d’olive en quantité
suffisante pour avoir une sauce onctueuse à l’arrivée.
Elle
laisse revenir.
Verse
de l’eau.
La
quantité nécessaire.
Ajoute
des tomates coupées en morceaux, des carottes, des navets.
Laisse
cuire, en même temps que les grains de semoule.
Doucement.
Tranquillement.
Toute
une vie s’il le faut.
Un
peu avant la cuisson, elle ajoute des morceaux de citrouille lavés, coupés,
sans enlever la peau, et des fèves fraîches.
Lorsque
c’est cuit, elle adjoint au tout le contenu d’une boîte de pois chiches déjà
prêts.
Pour
servir, elle répartit la semoule dans un plat profond.
La
viande, les légumes et la sauce par dessus.
Une
merveille.
Au
moment de manger et de partager ce délice, elle fait toujours de son mieux afin
de ne pas oublier d’être reconnaissante pour les infinis bienfaits qui lui sont
offerts par Allaah, et d’avoir une pensée pour des personnes qui ont transmis,
qui transmettent, qui transmettront les saveurs de l’amour dans les plats, des
personnes sans lesquelles les « recettes de cuisine » ne valent rien.
Ses
petits-fils, heureux de retrouver leur grand-mère, devinent que pour eux, elle
a préparé le plat qui parle à tous leurs sens.
BOU’AZZA
L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction
et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah
le demande.
L’Islaam n’est pas une question d’ethnie, de tribu, de
clan, de classe sociale, de sexe, de couleur, de langue, de parti politique, de
pays, de nationalité, d’Etat.
L’Islaam c’est ce qui unit les croyants et les
croyantes (almouminoune wa almouminaate) où qu’ils soient, sur la base du
Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers.
Prélèvement purificateur à la fin du mois de
ramadaane.
Il est obligatoire en Islaam de s’acquitter de zakaate
alfitr.
Les croyants et les croyantes sont tenus de s’en
acquitter pour eux-mêmes, et pour les personnes à leur charge.
Elle est destinée aux musulmans et aux musulmanes
pauvres et nécessiteux.
Dans cette marmite, on peut mettre seulement de l’eau
lorsque la viande et les légumes sont mis dans une cocotte-minute pour ʺgagner
du tempsʺ.
Beurre salé et conservé pendant des mois, voire des
années.