Elle
est confinée depuis plus d’un mois, en raison de l’épidémie du coronavirus.[1]
Comme
le reste de la population, elle doit rester chez elle.
Si
elle veut quitter son domicile, elle doit avoir une justification.
Chez
elle, elle utilise beaucoup une petite pièce.
Mais
c’est incroyable ce qu’elle est spacieuse.
Dans
cet espace réduit, les souvenirs qui jaillissent ne sont jamais à l’étroit.
La
petite pièce peut en accueillir à l’infini.
Après
avoir envoyé des textos[2] à ses
petits-enfants, la grand-mère, s’est mise à une fenêtre pour échanger avec les
éboueurs, se souhaiter mutuellement un bon mois de ramadaane.[3]
Ils
sont comme elle, issus du processus migratoire lié au colonialisme français en Afrique
et ailleurs.[4]
Elle
s’est installée ensuite sur un fauteuil, face à une autre fenêtre qui permet de
voir le ciel :
Et la voilà qui marche avec des hommes, des femmes,
des enfants.
Depuis
combien de temps ?
Quelle
distance a-t-elle parcourue?
Pour
elle le temps ne compte pas et elle ne mesure pas l'espace.
Elle
entend des mots, et voit des images.
Des mots et des images en mouvement.
Des
mots et des images qui font voler en éclats l’imposture.
Des
mots et des images qui font sortir des ténèbres.
Des
mots et des images qui envoient la Lumière au coeur.
Des
mots et des images qui se répandent dans tout l’être.
Des mots et des images qui permettent de saisir le Sens.[5]
Des mots et des images qui renforcent le Lien.[6]
Elle
témoigne.
Avec
elle, le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, le vent, la mer, les cours
d’eau, la terre, les saisons, les animaux, les plantes, les univers,
témoignent.
Témoignage
proclamé, renouvelé, transmis.
Elle
se souvient de Demain.[7]
BOU’AZZA
[1]
Covid 19.
[2]
Pluriel de texto qui est un court message écrit que l’on envoie depuis un
téléphone mobile, sur un autre téléphone mobile (voir internet).
Mois de jeûne en Islaam.
Un mois où de l’aube au coucher du soleil, les
personnes saines d’esprit et pubères ne doivent ni manger, ni boire.
Les époux et les épouses, des hommes et des femmes, ne
doivent pas avoir de rapports sexuels pendant la journée du jeûne.
C’est un mois propice aux efforts pour se ressourcer
afin de s’améliorer, pour essayer de faire de son existence ici-bas, une
existence alimentée par le Message d’Allaah.
Un mois pour continuer, avec plus de force encore, le
parcours dans la Voie d’Allaah.
[4] Le système colonialo-impérialo-sioniste a imposé à
des populations entières de par le monde de chercher des moyens de subsistance
dans des conditions, le plus souvent, atroces.
Beaucoup parmi elles, rurales, se sont trouvées dans
des faubourgs de villes nouvelles coloniales, contraintes de s’adapter à des
modes de survie dans des bidonvilles.
Ces populations ont connu la transplantation forcée
dans leur pays d’origine, avant qu’elles ne soient poussées à le quitter
parfois pour fournir la main d’œuvre, taillable et corvéable à merci, dont les
métropoles avaient besoin.
Les
régimes mis en place dans les colonies par la suite et qui sévissent toujours,
ont accéléré les migrations pour répondre aux exigences de la métropole, et pour
en faire un trafic qui rapporte.
C’est
dire que le processus migratoire lié au colonialisme, ne peut pas être compris
en occultant l’histoire de la transplantation d’êtres de sociétés rurales,
d’êtres colonisés, maintenus dans l’ignorance et la misère, dépossédés et sans
moyens dans des sociétés industrialisées.
ʺL’oubli
de l’histoire n’est jamais neutre. Effacer le passé constitue l’un des plus
sûrs moyens de stériliser toute analyse du présent, pour répéter inlassablement
de vieilles recettes et réitérer les mêmes mécanismes de dominationʺ.
Philippe Norel, ʺMalgré les sanglots de l’homme
blanc...ʺ, dossier ʺPolémiques sur l’histoire colonialeʺ, Le Monde
diplomatique, bimestriel, juillet-août 2001, p. 73.
La France a eu recours à la main d’œuvre colonisée et
transplantée en métropole et il a fallu de longues années pour que des
travailleurs immigrés, dans le cadre dit du regroupement familial, puissent
entreprendre des démarches afin d’avoir l’autorisation de faire venir leurs
femmes et leurs enfants.
Les
immigrés des colonies ne cessent de faire face à de multiples injustices et
agressions, qui n’épargnent pas ceux et celles qui ont obtenu la nationalité
française.
Le
processus migratoire a bien entendu divers ʺvisagesʺ que beaucoup s’acharnent à
défigurer, afin de masquer ce qu’ils veulent cacher.
Il
importe donc d’essayer sans cesse d’en saisir les développements, les
modifications, les changements, et autres.
Cette
main d’oeuvre, dont la France et l’Europe ne veulent plus en raison des
changements intervenus, continue néanmoins d’essayer d’arriver par n’importe
quel moyen, en prenant tous les risques.
Elle
fuit les colonies, même s’il n’est pas fait appel à elle, car elle n’arrive pas
à se débarrasser de la merde qui gicle de partout, en Afrique et ailleurs.
Ce ʺprocessus migratoireʺ ne cesse donc pas de mettre en relief
certaines conséquences des méfaits du système colonialo-impérialo-sioniste qui
a semé, et qui sème l’oppression.
[5]
Le Sens du Message d’Allaah.
[6]
Le Lien avec Allaah.
[7]
Je ne fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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