Le serviteur du Déterminant.[3]
Il a
dirigé la résistance contre l’invasion, les massacres, les destructions, les
horreurs, et autres, du colonialisme français en Algérie, qui ont commencé en
1830, et qui ont permis à des militaires, des criminels comme Bugeaud, de
s’illustrer dans l’extermination des populations.
Marquis, duc et maréchal, Bugeaud[4] s’est
distingué dans les répressions de révoltes à Paris, et surtout dans les
horreurs de l’invasion de l’Algérie où il a été « gouverneur général ».
Il disait que le but du colonialisme « est
d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer […] ou de les
exterminer jusqu’au dernier ».
L’armée colonialiste française chantait « la
casquette du père Bugeaud » que certains continuent encore de chanter en
refusant d’admettre qu’il était un criminel contre l’humanité, comme
d’innombrables autres avant lui, et d’innombrables autres après, à qui des
hommages sont toujours rendus.
Au Maroc, « l’indépendance dans l’interdépendance »[5] a gardé
son nom, ceux d’autres criminels, en a donné, donne et donnera encore aux rues
des noms de criminels.
Adolescent à Meknaas,[6] notre
habitation se trouvait dans ʺla rue Bugeaudʺ.
C'était
dans les années soixante.
Lorsque mon père, fonctionnaire,
a été muté à Mknaas, il avait décidé de me laisser à Lkhmiçaate,[7] à
l'internat de l’établissement Mouçaa Ibn Noçayr.[8]
Lkhmiçaate est entre Rbaate[9] et
Mknaas et n'est éloignée de cette dernière ville que par un peu plus de
cinquante kilomètres.
Je rentrais de temps à autre à
la maison à la fin de la semaine.
De la voiture, je regardais les
champs sans me lasser.
Je connaissais bien cette route
avec les virages dits d’Ouad-Bhte.[10]
Elle était bordée
d'interminables fermes de colons, avec parfois des oliviers et des vignes[11] à perte
de vue et une éolienne qui tournait au gré du vent.[12]
Après les jardins dits de
« la vallée heureuse », la voiture ne tardait pas à pénétrer dans la
ville : bab lkhmiis, bab Maneçour,[13]
rouamzine,[14]
le consulat de France et le grand bâtiment du commissariat central signalant
l'entrée à hmria[15]
en ville nouvelle.
Les villas de hmria
commençaient à être occupées par plus de marocains qu'avant ce qui a été appelé
« l’indépendance dans l’interdépendance ».
Après le rond point en face du
cinéma « caméra », la voiture passait devant le bar « le roi de
la bière », tournait à gauche, dépassait le pont de la gare ferroviaire et
arrivait, quelques minutes plus tard, à la rue Bugeaud où se trouvait la maison
que nous occupions.
Mais revenons à ‘abd Alqaadir.
Défait en 1847, il a été déporté en France.
Emprisonné
avec des membres de sa famille et des compagnons[18] d’abord
au fort lamalgue à Toulon, ensuite à Pau, ils ont été transféré en 1848 au
château d’Amboise, utilisé comme prison à cet occasion.
Durant
quatre années, les captifs ont vécu dans des conditions pénibles.
Seuls
deux lits étaient installés au château.
Les
prisonniers avaient du mal à se chauffer, n’avaient pas assez de couvertures, pas
assez de vêtements.
Ils
souffraient de mal nutrition, de multiples maladies, et autres.
Plusieurs
sont morts en détention, parmi eux des enfants :
« L’enfant
mourut le 19 novembre 1848. [...].
Des
prières s’élevaient du château où les hommes et les femmes jeûnaient à chaque
étape de leur destinée. Comment, sinon, se fussent-ils purifiés de manière
sûre ? Comment n’eussent-ils pas faibli et moisi ? Exilés comme leur
père Abraham,[19]
appelés de même à éprouver leurs sens jusqu’à la complète connaissance, ils
jeûnèrent donc en dépit des avertissements du médecin : leurs ventres
avaient faim des pousses de l’esprit, et leurs organes aspiraient à restaurer
en eux l’espace d’une virginité. Pour les laver et venir à bout des miasmes
étrangers, il eût fallu le Déluge. Cette Loire et ses crues ? Quand ils
regrettaient l’oued El-Hammam[20] et
l’eau guérisseuse[21] de la
plaine d’Elghriss ?[22] Les
saints se détachaient des enveloppes provisoires et unifiaient leurs forces,
qui n’allaient plus frapper à tous les huis du corps. Et une fois unifiés, eux,
les morts d’avant la mort, fusaient vers le Vrai fécondant pour nourrir
l’Univers d’abondance subtile. Voilà pourquoi la suite d’Abdelkader jeûnait
comme
Abraham,[23] comme
Moïse[24] et
comme le Christ,[25]
le prophète angélique : elle désirait le néant, qui était le chas du
monde. Il suffisait à chacun de s’écarter des limites humaines et, au coeur de
l’exil terrestre, d’en choisir un autre. Il s’agissait de se retirer, hors du
temps et des lieux, dans le désert intérieur qu’était le temple de Dieu[26] ».[27]
Libéré en 1852, ‘abd Alqaadir a fini par se rendre en Syrie
où il a vécu jusqu’à sa mort, et où il a été enterré.[28]
« Le prince-président Louis Napoléon Bonaparte vint
annoncer sa libération à Abdekader au château d’Amboise le 16 octobre 1852,
mettant fin à quatre années de captivité en Touraine. L’émir fut conduit avec
toute sa famille à Brousse,[29]
en Turquie,[30] et rejoignit ainsi le Dar
al-islam,[31] « la Demeure de
l’islam », et le pays de ses ancêtres venus du Hijâz,[32]
au nord de La Mecque.[33]
Cependant, mal accueilli par ceux qui redoutaient de voir s’étendre son
influence parmi les émigrés issus du Maghreb[34]
colonisé, il quitta la Turquie pour le
Liban[35]
en 1854 et s’installa à Damas l’année suivante dans la maison de son maître
spirituel, l’Andalou[36]
Ibn ‘Arabi,[37] où il put vivre jusqu’à
sa mort avec les siens ».[38]
Sans parler des bagnes et des lieux d’enfermement utilisés
par le colonialisme dans les colonies, bagnes et lieux d’enfermement dans les
quels des prisonniers par milliers ont eu à faire face à de terribles
conditions de détention,[39] plusieurs
endroits en métropoles ou dans ce qui est appelé les territoires d’outre-mer,
ont servi de lieux de déportation de résistants, dits « terroristes »,
et autres.
C’est ainsi, par exemple , que
‘abd Alkariim[40] Alkhattaabii,[41] dirigeant de la résistance au nord du
Maroc,[42] dans la région du Rif,[43] passera 21 ans, déporté avec quelques
proches, dans l’Ile de la Réunion, colonisée par la France.
Dans les arrangements entre les
puissances colonialistes pour le partage de l’Afrique, l’Espagne s’est vu
reconnaître par la France des droits sur le nord du Maroc.
En 1921, l’armée espagnole a engagé
dans la région des dizaines de milliers de militaires, commandés par le général
Sylvestre, afin d’écraser la résistance des populations du Rif et son dirigeant
Mohammad Ben ‘abd Lkriim Lkhttaabii.
C’est la bataille dite d’Anoual.[44]
L’armée colonialiste de l’Espagne
est décimée.
La résistance menace toute
l’entreprise du colonialisme au Maroc.[45]
La France prête main forte à
l’Espagne.
Le général Naulin prend le
commandement des opérations coordonnées par le maréchal Pétain qui négocie à
Madrid avec le général Primo de Rivera, la collaboration Franco-Espagnole[46]contre
la résistance au Maroc.[47]
La France et l’Espagne concentrent
des centaines de milliers de militaires dotés d’un matériel de destruction
terrifiant, appuyés, à l’époque déjà, par plusieurs escadrilles d’aviation.
Un horrible carnage est commis.[48]
Face
à la résistance victorieuse des Indigènes,[49] le
colonialisme hispano-français,[50] soutenu
par d’autres, a procédé, comme c’est le cas dans toutes les entreprises de ce
genre, à ce qu’il a fait partout :
Horreurs.
Terreurs.
Carnages.
Abjections.
Orgies
exterminatrices.
Le
criminel Pétain,[51]
qui a dirigé les opérations, s’est illustré dans les massacres.
Le
sinistre Franco[52]
a fait ses premières classes d’assassin à cette époque.
Les
tueurs ont pavoisé.[53]
En 1926, Mohammad Ben ‘abd Lkrim
Lkhttabi[54] est déporté dans l’Ile de
la Réunion.
En 1947, lors d’une escale pendant
un transfert en bateau, ‘abd lkrim a pu rester en Egypte,[55] où il a poursuivi la lutte contre le
colonialisme qui continuait le massacre des indigènes un peu partout.
Jusqu’à son décès, il a refusé de
retourner au Maroc de «l’indépendance dans l’interdépendance» où les indigènes
étaient encore haïs, méprisés, humiliés, écrasés, et le sont encore.
Le
système colonialo-impérialo-sioniste continue les massacres.
Un
peu partout.
Des
populations à travers le monde ont connu et connaissent la domination.
Les
massacres.
Les
crimes multiples.
Les
pillages.
Les
usurpations.
Les
tortures.
Les
viols.
Les
transgressions sans nombre.
Les
humiliations.
La
terreur.
La
désagrégation.
Le
désarroi.
Les
déséquilibres.
L’harmonie
mutilée.
La
mémoire infectée.
La
décomposition alimentée.
Les
« empires coloniaux » ont peut-être disparu, mais pas les méfaits du
système colonialo-impérialo-sioniste.
La résistance, sous de multiples
formes, se poursuit.
la marche continue.
Les marcheurs, de tous les horizons, marchent toujours.
Ils n’oublient pas.
« Et l’avenir est à la piété ».[56]
BOUAZZA
[1] La
première lettre du prénom ‘abd c’est le lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans
l’alphabet français, et non la lettre a (qui n’est donc pas écrite ici en
lettre majuscule).
Né
à aljazaa-i-r (le "r" roulé), Algérie le 6 septembre 1808
selon le calendrier dit grégorien, mort le 26 mai 1883 à Dimachq (Damas) à
souryaa (le "r" roulé), en Syrie.
[2]
Le ʺrʺ roulé, Le Déterminant.
Abd Elkader, l’émir Abdelkader.
[3]
Le serviteur d’Allaah.
[4]
1784-1849
[5] Statut
octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans
les colonies par la multiplication des "États" supplétifs,
subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans
l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la
tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge,
le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement,
la négation de l’être humain.
[6]
Meknes.
[7]
Khémisset.
[8] École
primaire dite "franco-musulmane" à laquelle a été ajoutée une partie
collège, avant que le tout ne soit lycée.
[10]
Waade-Beht.
[11] La
production viticole continue, et ses consommateurs qui se disent "musulmans" y sont très attachés, comme ils sont attachés aux vins
et alcools importés qui contribuent à faire de ce pays dit "musulman",
un pays où règne l’alcoolisme et tout ce qui l’accompagne.
[12] J’ai
toujours aimé les éoliennes.
Pluriel de "nçraanii" (le "r"
roulé), nazaréen, chrétien, non-musulman, français.
[17] Les
nouveaux.
Les
nouveaux nazaréens, chrétiens, non-musulman, français (parce qu’auparavant, ces
demeures étaient réservées aux colonialistes français).
[18]
Une centaine de personnes.
[19]
Ibraahiime (le ʺrʺ roulé) sur lui la bénédiction et la paix.
[20]
Waad alhammaame.
[21]
Les soignants soignent, et Allaah guérit.
[22]
Ghriis (le ʺrʺ roulé).
[23]
Ibraahiime sur lui la bénédiction et la paix.
[24]
Mouçaa sur lui la bénédiction et la paix.
[25]
Al maçiih.
‘iiçaa
Ibn Mariame (le "r" roulé) sur lui la bénédiction et la
paix, Jésus fils de Marie sur lui la bénédiction et la paix.
La
première lettre du prénom ‘iiçaa c’est le lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas
dans l’alphabet français, et non la lettre i (qui n’est donc pas écrite ici en
lettre majuscule).
[26]
Allaah.
[27]
Martine Le Coz, Le jardin d’Orient, Éditions Michalon, Paris 2008, p.
89-90.
[28]
Le transfert de ses restes à Alger a eu lieu en 1965.
[29] Bursa,
Bourça (le ʺrʺ roulé).
[30] Torkya (le ʺrʺ roulé).
[31] Daar
alislaam (le ʺrʺ roulé), espace où les populations
sont gouvernées selon le Message d’Allaah.
[32]
Hijaaz en Arabie.
[33]
Makka.
[34] Maghrib
(le ʺrʺ roulé).
[35]
Lobnaane.
[36]
Alanedaloçiyy.
[37] Ibn
‘arabii (le ʺrʺ roulé).
La
première lettre de ‘arabii c’est le lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans
l’alphabet français, et non la lettre a (qui n’est donc pas écrite ici en
lettre majuscule).
[38]
Martine Le Coz, op.cit, p. 211 ;
[39]
Beaucoup sont morts dans ces lieux.
[40]
Le serviteur du Généreux, le serviteur d’Allaah.
[41] Mohammad Ben Abd Lkriim Alkhttabii (le ʺrʺ roulé).
[42] Lmghrib, Almaghrib (le ʺrʺ roulé).
[43] Arriif, Rriiff (le ʺrʺ roulé).
[44] Nom du lieu.
[45] La République du Rif a été proclamée en 1921 avec à sa
tête, le serviteur du Généreux.
[46] Pour défendre la ʺLibertéʺ, la ʺCivilisationʺ et la
ʺConscience Universelleʺ selon l’étable de la loi des massacreurs des
résistants.
[47] En 1924, Lyautey, premier Résident Général du colonialisme
français au Maroc a déclaré, concernant ce dirigeant de la résistance :
ʺC’est un champion de l’indépendance musulmane qui se lève
sur notre front Nord. Il ne saurait se produire pour notre établissement au
Maroc de facteur plus défavorable que l’instauration, à si faible distance de
Fès, en bordure de la méditerranée, d’un groupement musulman autonome,
modernisé et appuyé par des populations guerrières...ʺ.
[48] Franco, ʺfils de Pétainʺ, va s’illustrer dans les horreurs
auxquelles il n’a pas manqué de recourir pour conquérir la présidence de son
pays. Et le système du Maroc de ʺl’indépendance dans l’interdépendanceʺ va
également s’illustrer dans les horreurs contre les populations du Rif et les
populations des autres régions.
[49]
Appellation arrogante et méprisante utilisée par le colonialisme, pour désigner
les populations des territoires colonisés.
[50] Qui
craignait de perdre la colonie et de ne plus pouvoir se référer au
ʺprotectoratʺ pour ʺjustifierʺ les massacres des populations.
[51]
Président de la République française durant l’occupation par l’Allemagne
(régime de Vichy, 1940-1944).
À
cette époque, des ʺrésistants françaisʺ fuyaient la France occupée pour
s’installer au Maroc colonisé par la France qui envoyait des marocains
colonisés (et des colonisés d’autres contrées) combattre l’Allemagne pour
libérer la France !
Pendant
la guerre dite de ʺ14-18ʺ, la France colonialiste au Maroc envoyait déjà des
marocains colonisés (et des colonisés d’autres contrées) combattre l’Allemagne
pour libérer la France !
[52]
Chef de l’État espagnol de 1939 à 1975.
[53]
Ceux d’aujourd’hui pavoisent également.
[54] Né au
nord du Maroc, à Ajdiir (le r roulé) en 1882, mort en Égypte, au Caire,
Alqaahira (le ʺrʺ roulé) en 1963.
[56]
Wa al’aaqiba littaqwaa.
Alqoraane
(Le Coran), sourate 20 (chapitre 20), Ta-ha, aayate 132 (verset 132).
Je
ne fais que répéter beaucoup de ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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