Hier
et avant hier, j’ai regardé « Nos meilleures années », le film
italien de Marco Tullio Giordana,[1] une saga
familiale dans l’Italie des années soixante aux années deux mille.
« La
fresque d’une génération qui, avec ses contradictions, avec sa fougue tantôt
ingénue, tantôt violente, avec sa rage parfois déplacée, a essayé de ne pas se
résigner au monde tel qu’il est, mais de le rendre un peu meilleur ».
Cette
saga familiale « s’inscrit en parallèle avec les événements de l’Italie
contemporaine : l’inondation de Florence, la lutte contre la mafia, les
grands matches de football, les Brigades Rouges... ».
Une
bonne partie de ce film qui dure six heures, se déroule à Turin, une ville où
vivent des membres de la famille de mon épouse, dont le père était d’origine
italienne, et où je me suis rendu plusieurs fois depuis les années quatre-vingts.
Je
me souviens de la première fois chez la cousine de mon épouse, le mari de
celle-ci, et leur fille qui était encore enfant.
Les
grands parents paternels de l’enfant n’étaient pas encore décédés, et
habitaient dans le même immeuble.
Les
voisins étaient au courant de l’arrivée d’un Marocain et pensaient que j’allais
arriver en gandoura[2]
bleue avec voile de Targui,[3] ou en
jllaba[4]et
selham.[5]
Je
suis arrivé habillé en pantalon d’été, en chemise colorée et avec des lunettes
de soleil … Comme un Italien …
Je
pouvais débarquer dans une des tenues qu’ils espéraient, mais j’ignorais leur
attente …
En
parlant maintenant de l’Italie, je pense à Haçane Ibn Alwazzane, capturé par
des pirates au XVIème siècle, donné au Pape et devenu géographe.
Le
géographe Jean Léon de Médicis, dit Léon l’Africain :
«
[…] Après avoir vécu à Grenade, sa ville natale, à Fès, à Tombouctou, au Caire,
à Constantinople, Léon passe plusieurs années à Rome, où il enseigne l’arabe,
écrit la partie hébraïque d’un dictionnaire polyglotte, et rédige en italien,
sa célèbre « description de l’Afrique », qui va rester pendant quatre
siècles une référence essentielle […].
Homme
d’Orient et d’Occident […] »[6].
En
regardant ce film, j’ai pensé bien sûr à la famille italienne de mon épouse, à
ma famille, à d’autres familles, à mon parcours, à divers événements.
Ainsi
sont les jours qu’Allaah répartit entre les êtres.[7]
BOUAZZA
[2]
Gandoura : robe longue.
[3]
Targui : singulier de Touareg, populations du Sahara, appelées les
« Hommes bleus », en raison du vêtement couleur de ciel qui déteint
sur eux …
[4]
Jllaba : jellaba, robe longue avec capuchon.
[5]
Selham : burnous, cape avec capuchon, manteau …
[6]
Amin Maalouf, Léon l’Africain, Jean Claude Lattès, Paris1986, page de
présentation.
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