jeudi 13 octobre 2022

SUR LE PARVIS DE LA MAIRIE

Il m’arrive, le samedi après-midi, de me mettre sur un banc du parvis de la mairie[1] de la ville[2] où je suis installé,[3] et d’observer les mariés qui, après les formalités administratives, s’attardent un peu à l’extérieur avec ceux et celles qui les accompagnent.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Dans le passé, sur ce même parvis, j’imaginais le mariage de mes deux fils qui, par la miséricorde[4] d’Allaah, sont aujourd’hui mariés et parents.
Parfois, je suis transporté plus loin dans le temps et l’espace.
J’étais enfant.
J’avais sept ou huit ans.
Nous habitions au quartier de l’Océan.[5]
Notre maison avait un patio où j’aimais jouer et auquel je repense avec douceur.
Nous occupions le rez-de-chaussée, ma belle-mère, mes sœurs, mes frères et moi.
Mon père, lui, avait le premier étage où son épouse le rejoignait la nuit.
Pour y accéder, mon père passait cependant par notre espace et y restait un peu parfois.
À notre tour, nous empruntions les allées de son territoire pour monter à la terrasse.
Et c’est à cet endroit que j’ai eu des sensations qu’il m’est difficile, aujourd’hui encore, de décrire avec des mots.
Un jour, j’y suis resté un long moment.
Seul peut-être.
La terrasse voisine était couverte d’une toile qui la transformait en une sorte de grande tente. C’était la fête.
Je ne sais pas comment les choses se sont passées, mais subitement, elle était devant moi.
Je ne regardais qu’elle.
Je n’avais jamais vu quelqu’un comme elle.
Je ne savais pas qu’une femme pouvait être aussi radieuse.
C’était une femme, mais pour moi c’était « autre chose ».
Je ne savais pas quoi.
Je pensais qu’elle ne regardait que moi et j’avais la sensation qu’elle me caressait du regard, me transmettait l’affection, m’offrait l’amour.
Une coulée de bonheur irriguait mon cœur.
C’est ma belle-mère, je crois, qui m’a expliqué que j’avais vu la mariée.
La signification exacte m’échappait un peu et j’avais une forte envie de rejoindre cette femme, de rester avec elle.
Du temps s’est écoulé.
Des saisons ont succédé aux saisons.
Des événements aux événements.
Sur le parvis de la mairie, il arrive à ma mémoire de me souffler des mots d’Abou Al’ataahiyya qu’elle a gardée dans ses replis depuis le lycée :
« Ah si le jeune âge revenait un jour, pour que je l’informe de ce qu’a fait l’âge avancé ». [6] 
 
BOU’AZZA
[1] Hôtel de ville, municipalité, commune.
[2] En Île-de-France, en région parisienne.
[3] Depuis plus de quarante ans.
[4] Rahma (le "r" roulés).
[5] À Rrbaate ("r" roulés), Rabat au Maroc.
[6] Fayaa layta achchabaaba ya’oudo yawmane,
Faokhbiraho bimaa çana’a almachiibo.
Abou Al’ataahiyya (Abu al-atahiya)..
Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.net
http://voyageur-autre.blogspot.com
http://lmslm.blogspot.com
http://iimaane.blogspot.com
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com


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