Une
de mes soeurs qui cherche à comprendre des situations pour surmonter certains
problèmes, a eu besoin de précisions afin d’exposer à son soignant des faits
relatifs à notre famille.
Elle
s’est adressée à moi par « mail »,[1] pour
avoir des données concernant notre grand-père paternel :
« je
vais essayer de faire de mon mieux pour te transmettre certaines informations
au sujet de notre grand-père paternel.
J’espère
qu’elles te seront utiles dans le cheminement qui est le tien.
Ces
informations proviennent de différentes sources.
Elles
sont parcellaires, parfois peut-être romancées, mais peuvent en effet,
éclaircir un point ou un autre.
Avant
la colonisation officielle du Maroc en 1912,[2]
principalement par la France et l’Espagne, une partie de la population
Smaa’laa, appelée Lbraakça, et autres, aux environs de Ouad Zmm,[3] a eu, au
dix-neuvième siècle, vers 1883, à affronter les hordes du sultan,[4] qui
s’attaquaient à des tribus pour les piller et les soumettre.
Parmi
les survivants de cette population, certains, dont notre arrière grand-père, se
sont réfugiés au sein de la tribu Zmmour[5] à
Tiddaas[6] et aux alentours.
Et
c’est ainsi, paraît-il, que notre grand-père paternel est né en tribu zmmour,[7] et s’est
marié avec une fille de Zmmour, mariage par lequel il a été considéré comme
faisant partie de la population de la tribu de son épouse.[8]
Lorsque
notre père était enfant, sa mère n’a pas été à la
hauteur du mariage, de la famille, et autres.
Comment
voyait-elle la famille ?
Comment
pouvait-elle aller si loin dans l’incompréhension de ce qui est élémentaire pour une épouse ?
Pour
une mère ?
Que
savait-elle de la confiance ?
De la dignité ?
De l’honneur ?
Du respect de soi ?
Du respect de l’autre ?
De la responsabilité ?
Comment pouvait-elle ignorer la gravité de
son acte ?
Et la
nuit, lorsque notre grand-père était absent, notre père, enfant, que sa mère
croyait endormi, ne ratait rien des ébats de celle-ci et de son amant.
Une
nuit, notre père avait accompagné le sien, notre grand-père, pour une embuscade
dans un ravin, afin d’éliminer l’amant qui empruntait le
chemin, à proximité du lieu où il était attendu.
L’obscurité était totale.
Le coup de feu a été tiré dans le noir, et n’a pas atteint
la cible.
À cette
époque, les troupes colonialistes françaises étaient engagées contre la
résistance dans la région.
Le colonialisme enrôlait des supplétifs indigènes pour
servir de chair à canon, afin de limiter les pertes parmi les effectifs de la
soldatesque métropolitaine qui elle, était considérée comme de la chair à canon
de « qualité », à traiter autrement.
Le mari, notre grand-père, trahi par l’épouse, notre grand-mère, était déjà enrôlé par les colonialistes
français.
Ayant divorcé suite à
la trahison de son épouse, il a quitté la région pour aller je ne sais où, et a
été tué par des résistants.
Lui-même en avait tué
quelques uns auparavant.
La trahison.
Une trahison d’une
autre nature.
Qu’est ce qu’il en a retenu ?
Quelle a été la place de l’adultère de sa mère dans son
parcours ?
Comment a-t-il vécu de son père ?
Quelles conséquences l’adultère de sa mère a-t-il eu sur
ses divers mariages ?
Sur ses rapports avec ses enfants ?
Avec d’autres ?
Comment voyait-il la femme ?
Lui-même n’a pas cessé de s’adonner à l’adultère.
Après son divorce, notre grand-mère a épousé son amant.
celui-ci s’était mis à la mépriser.
Ce mari qui a vécu longtemps après la mort de notre
grand-mère, venait chez nous lorsque j’étais adolescent, et il était bien reçu
par notre père.
Pourquoi venait-il ?
Pourquoi notre père lui réservait un bon accueil ?
Je n’en sais rien, et je n’ai pas cherché à savoir.
N’hésite pas à me demander d’autres informations : je
ferai de mon mieux, ine chaa-e Allaah,[15] pour te répondre, et t’aider ainsi peut-être, à rendre un
peu plus simple ce qui semble compliqué ».[16]
BOUAZZA
[1] E-mail,
message, courrier électronique envoyé par internet, depuis une boîte aux
lettres électronique vers une autre.
[2]
Selon le calendrier dit grégorien.
[3]
Oued Zem, vers Khouribga (le ʺrʺ roulé).
[4]
Lmkhzne, makhzen ʺpouvoir du sultanʺ.
Á
partir de 1912, le système colonialo-impérialiste s’est saisi du Maroc, occupé
par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite ″protectorat″, et a
transformé le sultanat moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit
divin".
Le
sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
Et
ce régime de l’imposture sévit encore.
Ce
qui a été appelé par la suite ʺindépendance dans l’interdépendanceʺ, est un
statut octroyé par le système, et qui s’est traduit dans les colonies par la
multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins
de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des
métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la
tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge,
le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture,
l’enfermement, la négation de l’être humain.
[5]
Zemmour, que le sultan craignait et n’osait pas agresser.
[6]
Tiddas, Tedders.
[7]
Le ʺrʺ roulé.
[8]
AAyte Hkm, Aïte Hkem ?
[9]
Au Maroc, comme dans d’autres pays dits ʺmusulmansʺ, l’adultère est répandue.
[10]
Appellation arrogante et méprisante utilisée par le colonialisme, la métropole,
pour désigner les populations des territoires colonisés, la colonie.
[11]
Que savait-elle des enseignements de l’Islaam sur la femme, ou l’homme, qui
s’adonne à l’adultère ?
[12]
La première trahison c’est d’abord la trahison de l’engagement envers Allaah.
ʺEt lorsque ton Seigneur tira des reins des fils
d’Aadame leur progéniture et les fit témoigner contre eux-mêmes : ʺNe
suis-Je pas votre Seigneur ?ʺ Ils dirent : ʺSi, nous en témoignonsʺ.
Alqoraane
(Le Coran), sourate 7 (chapitre 7), sourate Ala’raaf (le ʺrʺ roulé), aayate 172
(verset 172).
C’est dire que notre histoire commence avant notre
apparition ici-bas.
Ce commencement est marqué par un engagement.
Dans sa traduction du Qoraane, Kachriid (les ʺrʺ
roulés) note qu’il s’agit du fameux pacte pris par Allaah sur la race humaine
dès sa création. C’est un acte de foi et d’allégeance selon lequel les enfants
d’Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, reconnaissent et attestent
que Allaah est leur Seigneur-et-Maître en exclusivité et sans restriction aucune.
Donc chaque être humain est lié à sa naissance par ce
pacte et s’il renie son Seigneur-et-Maître ou Lui donne quelque associé, il a
manqué à son engagement et commis la plus grosse injustice.
Salaah
Addine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran),
Loubnane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaami,
cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984).
Note en bas de la page 221.
Qu’Allaah
pardonne nos égarements, nos errements, nos fautes, nos mauvais comportements, et
autres, dans les multiples domaines.
Il Est Celui qui répond aux invocations.
[13]
Habitat rural, akhaame, lkhiima, alkhayma.
[14]
Coup de crosse à la tête.
Notre grand-mère paternelle et
notre grand-père paternel avaient eu une fille avant notre père et une après.
Suite à son mariage avec son amant,
elle a eu deux garçons (dont un est aujourd’hui décédé) et une fille
(aujourd’hui décédée aussi).
Nos oncles et notre tante
paternels.
Notre grand-mère est décédée
quelques années après notre grand-père paternel.
Leurs filles, nos tantes
paternelles, que je n’ai pas connues, sont décédées quelques années après leur
mariage.
Le second mari de notre grand-mère
a vécu de longues années après elle.
Il a eu d’autres femmes, et
d’autres enfants, dont une fille, de presque mon âge qui était scolarisée dans
le même collège que moi à Lkhmiçaate (Khémisset).
Elle avait épousé le frère cadet du
premier mari de notre sœur institutrice (aujourd’hui retraitée).
Les deux frères sont aujourd’hui
décédés ; le deuxième mari de notre grand-mère aussi.
[15]
Si Allaah veut.
[16] Je ne
fais que reprendre ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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