jeudi 1 décembre 2022

« L’OGRE »

« L’ogre ».
C’était ainsi qu’elle désignait son époux.
Sur son lieu de travail où on se roulait des pelles, où on se tripotait, où on se faisait des fellations, où on se léchait, où on aménageait des moments pour se livrer à des enculeries, où on procédait à des explorations anatomiques, où on baisait dans des bureaux, dans des chiottes, dans des voitures, et n’importe où, elle ne perdait pas de vue son thème de prédilection consistant à dénigrer son époux.
À des repas qui entretenaient la culture de la baise sans frontières, elle participait aux bavardages, vantant des saveurs, détaillant des prémices, insistant sur des préliminaires, mettant des bas-ventres en appétit.
Des bavardages qui faisaient saliver, baver, humecter, mouiller.
Des bavardages qui alimentaient l’envie de laper, de mordre, de se délecter, et autres.
Pour elle, c’était « valorisant ».
Elle n’oubliait pas « l’ogre », en parlait à tort et à travers, faisait de lui « le coupable » et d’elle « la victime ».
La « victimologie », encore la « victimologie », toujours la « victimologie ».
Elle en usait pour continuer à ne faire qu’à sa tête.
Et s’irritait de la moindre critique, du moindre reproche, de la moindre remarque, qui provoquaient chez elle des réactions immatures, irresponsables, délirantes, et mettaient en relief son entêtement, ses dérèglements, ses troubles.
Elle ne se souciait pas des conséquences de ses comportements, s’en foutait de tout ce qui n’était pas elle.
Tout ce qui était incompatible avec elle était nul et non avenu.
Seuls comptaient ses caprices, ses envies, ses désirs, ses pulsions, ses impulsions.
Pour elle, être épouse c’était avoir quelqu’un à qui imputer ses frustrations, ses insatisfactions, ses sautes d’humeur, ses dérives, ses défaillances, ses désordres, ses dérapages, et autres.
Quelqu’un à rendre responsable de ses inconséquences, de ses incohérences, de ses dévoiements, de ses errements, de ses dysfonctionnements, de ses divagations, de ses confusions, de ses déséquilibres.
Pour celles qui pensent à l’adultère, qui s’y adonnent, l’époux n’a jamais été un obstacle.
Des fournisseurs de bites, d’autres débauchés mâles et femelles, tous portés sur des ébats avec des putes, dont celles qui s’en tapaient d’êtres épouses, d’avoir des enfants, savaient parfaitement que le dénigrement de l’époux signifiait en fait que l’épouse était ouverte à la baise sans frontières.
Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ce rêve, qu’elle vivait des événements de ce genre en dormant. 
 
BOU’AZZA 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire