Je
me souviens du thé à la menthe que nous dégustions ensemble.
Dans une pièce de la modeste demeure, il s’asseyait les jambes croisées[1] sur un tapis fait par son épouse, ajustait sa « rzza »,[2] et participait aux échanges avec un sens de l’humour qui égayait l’assistance.
J’entends encore son rire apaisant.
Dans la petite cour, sur un « mjmaar »[3] en terre cuite, l’eau de la bouilloire chauffait déjà sur le feu de bois.
Devant lui, à portée de la main, deux plateaux en cuivre je crois, disposés par une jeune fille.
Sur l’un, une théière et des verres à thé.
Sur l’autre, une boîte avec du thé vert, une autre avec du sucre, et un grand bol avec de la menthe.
Lorsque la jeune fille arrivait avec la bouilloire fumante, il mettait du thé vert dans la théière et demandait à la jeune fille, pour commencer, de verser un peu d’eau qui permettait aux feuilles du thé de s’ouvrir pour dégager leur arôme.
Il laissait infuser un petit moment, puis versait le contenu dans un verre que la jeune fille se chargeait par la suite de retirer du plateau.
Il mettait ensuite beaucoup de menthe, beaucoup de sucre, et demandait à la jeune fille de verser pour remplir la théière d’eau bouillante.
La jeune fille quittait la pièce, ajoutait de l’eau dans la bouilloire et la remettait sur le feu.
Il laissait infuser,[4] puis versait dans un verre et remettait le contenu aussitôt dans la théière, afin de permettre un meilleur mélange des ingrédients.
Il attendait un peu puis versait l’équivalent d’un quart de verre qu’il gouttait,[5] avant de remplir les autres verres.
Il les remplissait à moitié afin que les personnes puissent les tenir par le haut sans se brûler.
La jeune fille se chargeait alors de servir les personnes rassemblées dans la pièce, des membres de la famille, et tout le monde dégustait ce bienfait avec reconnaissance.
La même opération était répétée une deuxième, et une troisième fois.[6]
Lui, c’était khaalii « ‘omar[7] le cousin de ma mère, le paysan pauvre qu’elle avait épousé en deuxième noces, lorsque mon père s’était remarié et ne voulait plus d’elle.
Elle tissait, et pas que des tapis, en y mettant croyance, amour, endurance, humilité, modestie, honneur, loyauté, fidélité, dignité, générosité, solidarité, hospitalité, détermination, résistance, noblesse, et autres.
La jeune fille, une de leurs enfants, ma soeur.
C’était il y a longtemps.
Khaali ‘omar et ma mère ont quitté la vie d’ici-bas[8] et rejoint la vie dernière.[9]
Qu’Allaah les couvre de Sa miséricorde.
La demeure est tombée en ruines.
Ma soeur, veuve, est aujourd’hui grand-mère.
Ainsi sont les jours qu’Allaah répartit entre les êtres.[10]
BOU’AZZA
[1] En tailleur.
[2] Turban.
[3] Le ʺrʺ roulé, brasero.
[4] Parfois il demande à la jeune fille de mettre la théière sur le feu pendant un petit moment, afin de mieux infuser.
[5] Pour s’assurer qu’il avait fait ce qu’il fallait faire.
[6] Parfois plus.
[7] ʺOncleʺ ‘omar.
La première lettre du prénom ‘omar c’est la lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans l’alphabet français et non la lettre o qui n’est donc pas écrite ici en lettre majuscule.
[8] Addoneyaa.
[9] Alaakhira (le ʺrʺ roulé), l’au-delà.
[10] Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.com
http://voyageur-autre.blogspot.com
http://lmslm.blogspot.com
http://iimaane.blogspot.com
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
Dans une pièce de la modeste demeure, il s’asseyait les jambes croisées[1] sur un tapis fait par son épouse, ajustait sa « rzza »,[2] et participait aux échanges avec un sens de l’humour qui égayait l’assistance.
J’entends encore son rire apaisant.
Dans la petite cour, sur un « mjmaar »[3] en terre cuite, l’eau de la bouilloire chauffait déjà sur le feu de bois.
Devant lui, à portée de la main, deux plateaux en cuivre je crois, disposés par une jeune fille.
Sur l’un, une théière et des verres à thé.
Sur l’autre, une boîte avec du thé vert, une autre avec du sucre, et un grand bol avec de la menthe.
Lorsque la jeune fille arrivait avec la bouilloire fumante, il mettait du thé vert dans la théière et demandait à la jeune fille, pour commencer, de verser un peu d’eau qui permettait aux feuilles du thé de s’ouvrir pour dégager leur arôme.
Il laissait infuser un petit moment, puis versait le contenu dans un verre que la jeune fille se chargeait par la suite de retirer du plateau.
Il mettait ensuite beaucoup de menthe, beaucoup de sucre, et demandait à la jeune fille de verser pour remplir la théière d’eau bouillante.
La jeune fille quittait la pièce, ajoutait de l’eau dans la bouilloire et la remettait sur le feu.
Il laissait infuser,[4] puis versait dans un verre et remettait le contenu aussitôt dans la théière, afin de permettre un meilleur mélange des ingrédients.
Il attendait un peu puis versait l’équivalent d’un quart de verre qu’il gouttait,[5] avant de remplir les autres verres.
Il les remplissait à moitié afin que les personnes puissent les tenir par le haut sans se brûler.
La jeune fille se chargeait alors de servir les personnes rassemblées dans la pièce, des membres de la famille, et tout le monde dégustait ce bienfait avec reconnaissance.
La même opération était répétée une deuxième, et une troisième fois.[6]
Lui, c’était khaalii « ‘omar[7] le cousin de ma mère, le paysan pauvre qu’elle avait épousé en deuxième noces, lorsque mon père s’était remarié et ne voulait plus d’elle.
Elle tissait, et pas que des tapis, en y mettant croyance, amour, endurance, humilité, modestie, honneur, loyauté, fidélité, dignité, générosité, solidarité, hospitalité, détermination, résistance, noblesse, et autres.
La jeune fille, une de leurs enfants, ma soeur.
C’était il y a longtemps.
Khaali ‘omar et ma mère ont quitté la vie d’ici-bas[8] et rejoint la vie dernière.[9]
Qu’Allaah les couvre de Sa miséricorde.
La demeure est tombée en ruines.
Ma soeur, veuve, est aujourd’hui grand-mère.
Ainsi sont les jours qu’Allaah répartit entre les êtres.[10]
[1] En tailleur.
[2] Turban.
[3] Le ʺrʺ roulé, brasero.
[4] Parfois il demande à la jeune fille de mettre la théière sur le feu pendant un petit moment, afin de mieux infuser.
[5] Pour s’assurer qu’il avait fait ce qu’il fallait faire.
[6] Parfois plus.
[7] ʺOncleʺ ‘omar.
La première lettre du prénom ‘omar c’est la lettre ‘ (‘iine) qui n’existe pas dans l’alphabet français et non la lettre o qui n’est donc pas écrite ici en lettre majuscule.
[8] Addoneyaa.
[9] Alaakhira (le ʺrʺ roulé), l’au-delà.
[10] Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.com
http://voyageur-autre.blogspot.com
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http://iimaane.blogspot.com
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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