Lundi
17 décembre 2018,[1]
j’ai eu mon frère aîné au téléphone, et dans l’échange, il a parlé, entre
autres, de mes efforts dans l’attachement au Message d’Allaah.
J’ai
répondu que ses mots me font monter les larmes aux yeux.
Je
sais mon frère, a-t-il dit, que tu es une personne attachée à la piété,
quelqu’un de généreux, quelqu’un qui pense aux autres, qui demande après nous,
un bon frère, un bon époux, un bon père, un bon grand-père.
Á la
fin de cet appel, je suis resté un moment songeur.
Flots
de pensées.
Averses
d’images.
Afflux
de sensations.
Dans un texte daté de 2006 et
intitulé « Juin 1967 », j’ai écrit :
J’étais sociable, soucieux des
autres, assez attentionné.
J’avais beaucoup d’humour.
Je ne pense pas avoir perdu cela
avec le temps.
Je suis sensible, d’un abord
facile, mais je peux être distant, ferme, inflexible et tranchant, lorsque je
le juge nécessaire.
Je n’apprécie pas les
complications, les tromperies, les tricheries, les mensonges, les hypocrisies
et autres comportements de ce genre.
Je suis attaché à la modestie, à la
simplicité des relations, à la pudeur, à l’hospitalité à la solidarité, à la
générosité, à la sincérité, à l’honnêteté, à la confiance, à la dignité, à
l’honneur, à l’équité, à la justice, à l’éthique.
Je fuis les compromissions.
Je les fuis, y compris
physiquement.
J’ai aussi des mauvais côtés, je
fais des faux pas, je commets des erreurs, des injustices.
Je me fais du tort, je fais du tort
à d’autres.
J’ai des moments d’agressivité.
Je suis impulsif, parfois très dur,
têtu, avec beaucoup d’autres attitudes négatives et je ne sais quoi encore.
Cependant, je fais des efforts pour
m’améliorer, et j’invoque le Créateur pour qu’Il me guide et me soutienne.
Les établissements scolaires m’ont
permis d’être en contact avec des personnes de diverses couches sociales.
Ce fut pour moi très bénéfique.
Surtout à l’internat.
J’ai
écrit aussi, dans un texte au sujet de l’internat, intitulé « Duralex »,
et daté de 2012 :
Une
période avec des compagnons auxquels j’étais très attaché.
Un
temps où il arrivait parfois, instantanément que naisse une relation qui se
scelle et se renforce, comme par enchantement.
J’en
ai un peu parlé au sujet d’un ami que j’appelais « alfaylasouf » (le
philosophe).
Beaucoup
de ces compagnons venaient d’un milieu démuni matériellement.
La
richesse était grande cependant par l’authenticité des sentiments, la
confiance, l’élan du cœur.
Au
réfectoire, les compagnons avec qui j’étais à la même table, me désignaient souvent
comme « chef de table », en dépit de mon jeune âge.
Et
ce n’était pas pour se décharger d’une corvée.
C’était
un encouragement, je pense, pour mes efforts visant à être fidèle et intègre.
Un
soutien à mon esprit de probité (J’ai réalisé plus tard et je réalise toujours,
combien ces attitudes sont détestées, méprisées, rejetées, et combattues
partout, à tous les niveaux, dans tous les domaines).
Je
prenais à cœur la « fonction » de « chef de table ».
Elle
contribuait à me rappeler, je crois, qu’il est important de faire de son mieux
pour ne pas être indigne de confiance.
Pour
témoigner du respect à l’égard des personnes dignes de respect.
Pour
ne pas perdre de vue l’équité.
Pour
ne léser personne (principes auxquels je suis attaché avec l’aide d’Allaah qui
m’appuie pour résister au mensonge, au faux, à l’imposture.
Je
l’invoque pour qu’Il me protège, m’éclaire, et me guide).
Mon deuxième fils a écrit dans un texte
daté de 2010 :
France, 1970.
En ce mois de janvier, l’air est glacial
mais ni plus ni moins qu’à l’accoutumée. D’ailleurs, personne ne semble
particulièrement troublé. Les passants se croisent, souvent sans un regard,
sans un bruit. Le froid semble les avoir envahis. Pourtant, parmi cette
multitude, il est un homme dont le corps et le cœur sont saisis à vif. Un
manque d’habitude sûrement…
Qui est-il ? D’où vient-il ? Où va-t-il
? Nul ne le sait encore… Et personne ne se le demande, pas même lui. Il sait
simplement qu’il vient de quitter sa terre natale, pour un ailleurs dont il ne
rentrerait jamais. Une éducation autonome, un père parachuté haut fonctionnaire
[...], un asthme qui l’empêche de vivre dans cette ville marocaine qui
l’oppresse physiquement (tout un symbole) : pêle-mêle, voilà quelques-unes
des raisons de son départ. Voilà donc quelques-unes des raisons de ma
naissance.
[...] Mon père…
Vingt ans. Je t’imagine fier,
enthousiaste, passionné, orateur, excessif, meneur, révolté, bouleversant,
rêveur, bouleversé, vivant tout simplement. La vie t’a élevé et tu lui
ressembles. Tu es plein de certitudes et tu veux révolutionner le monde. Un
idéaliste, voilà ce que tu es !
Un idéaliste, voilà ce que tu resteras…
[...] Tu as quitté le Maroc. Tu y as
laissé tes proches, tes amis, ta famille, une partie de ton cœur… Tel un arbre
élagué qui poursuit sa course vers le ciel avec plus d’aplomb et une force
régénérée, ton cœur « amputé » s’en est trouvé renforcé. Libre arbitre et
prédestination…
BOUAZZA
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