J’étais au collège, à l’internat de l’établissement Mouçaa
Ben Noçaïr.[3]
J’aimais aller au cinéma lorsque cela m’était possible.
À
Lkhmiçaate, il y avait le cinéma de ‘abd Sslaam,[6] dit
cinéma nnour,[7]
et le luxueux cinéma marhaba.[8]
Un
petit local rudimentaire, avec des sièges ordinaires.
À l’extérieur, un haut parleur diffusait
les dialogues et les musiques des films.
Les
personnes qui n’avaient pas d’argent pour payer le droit d’entrée, et j’en
faisais parfois partie, s’agglutinaient vers ce haut parleur pour suivre le déroulement
de l’histoire.
Certaines,
qui déclaraient parfois avoir déjà vu le film, assuraient la traduction, le
commentaire, l’analyse et les explications.
Chacun
faisait appel à son imagination et se passait son film dans sa tête.
Plusieurs
projections se déroulaient ainsi simultanément.
Le
fils de ‘abd Sslam qui était mon compagnon scolaire, me permettait parfois de
voir des films sans payer.
Il
le faisait en cachette de son père qui n’aurait peut-être pas permis, même s’il
me connaissait bien, cette entorse à l’esprit commercial.
Le
fils prenait des risques pour moi, et je ne l’ai pas oublié.
Je
n’ai pas oublié non plus que parfois, le père[11] me
faisait payer la moitié du prix seulement.
Je
préférais ce lieu au luxueux marhaba, sur la route Rbaate-Mknaas, le boulevard
principal de l’agglomération.
La
construction de ce cinéma a été achevée en 1960 ou 1961 je crois.[12]
Ce
cinéma avait mis aussi un haut parleur extérieur qui permettait, entre autres,
à un de mes compagnons scolaires, impressionnant par ses multiples capacités,
de nous éblouir.
Il
rejouait le film à lui tout seul, redistribuait les rôles, les adaptait à
l’auditoire, décrivait les décors, faisait la musique.
J’
allais bien sûr au marhaba, mais dans celui de ‘abd Sslam, je ressentais une
autre chaleur et une autre émotion.
J’y
repense avec une tendresse particulière.
Dans
les années soixante, c’est le cinéma marhaba qui projetait
« Spartacus ».
Un
film sur le soulèvement des esclaves contre la République esclavagiste de Rome.
À
l’époque, je ne connaissais pas ces données : j’y allais pour voir les
exploits de Kirk Douglas.[13]
Des
années plus tard, j’ai regardé ce film avec mon fils aîné, qui était encore
enfant.
Il
avait beaucoup aimé et depuis, nous saisissons
les occasions de le revoir, même si nous ne le faisons pas ensemble.
Le
dimanche 5 juillet 2020, il passait pour la énième fois à la télévision.[14]
Pendant
que je le regardais, mon fils, avec le sien, encore enfant, faisaient de même,
à plusieurs centaines de kilomètres du lieu où je suis installé.
Je l’ai regardé en pensant à Bilaal, un des premiers
compagnons de Mohammad, l’ultime Messager et Prophète sur lui la bénédiction et
la paix.
Esclave noir, il a compris que l’affranchissement de
l’esclavage, est dans la résistance pour l’Islaam.[15]
Les tortures, les mauvais traitements, la haine, les
insanités, les insultes, le mépris, et autres n’ont fait que le renforcer dans
sa croyance, dans son attachement au Message d’Allaah.
Il a survécu aux pires supplices.[16]
Mohammad, l’ultime Messager et Prophète sur lui la
bénédiction et la paix, l’a désigné pour assurer les appels à la prière, pour
être « mouaddine ».[17]
Les
horreurs, les crimes des ennemis du Message d’Allaah n’ont pas manqué, ne
manquent pas, ne manqueront pas.
Le
témoignage des croyants et des croyantes,[18]
proclamé, renouvelé et transmis, avec ce qui s’en suit, à travers le temps et
l’espace, a aiguisé, aiguise, aiguisera le ressentiment des ennemis qui ne
supportent pas qu’Allaah l’Unique, le Maître des univers soit Adoré, comme
Il le demande.
Les
croyants et les croyantes ont eu à faire face à de multiples épreuves.
Mohammad,
l’ultime Messager et Prophète sur lui la bénédiction et la paix, comme d’autres
Messagers et Prophètes sur eux la bénédiction et la paix, a été injurié,
calomnié, accusé de mensonges, maltraité, humilié, marginalisé, persécuté,
pourchassé, menacé d’être tué.
Il a
résisté, avec les croyants et les croyantes, et dirigé la résistance, le combat
dans la Voie d’Allaah.
« Innaa lillaah wa innaa
ilayh raaji’oune ».[19]
Depuis
Aadame[20] sur lui
la bénédiction et la paix, les croyants et les croyantes, se défendent,
partout, contre les ennemis d’Allaah.
L’Islaam
a toujours été combattu, il est toujours combattu, sera toujours combattu par
ces ennemis qui continuent à user de tous les moyens à cet effet.
Les
croyants et les croyantes ont toujours résisté, résistent, résisteront jusqu’à
la fin de l’existence ici-bas.
La prétendue « puissance » des ennemis ne les détourne pas de
la Voie d’Allaah.
La
mémoire résonne au rythme de mots inoubliés.
Rythme
qu’a connu notre père Aadame sur lui la bénédiction et la paix.
Qu’a
connu notre mère Hawwaa-e[21]
qu’Allaah la bénisse.
Rythme
des couleurs originelles.
De
l’Adoration.
De
la louange.
Rythme
des graines qui germent.
Des
fleurs qui embaument le temps et l’espace.
Rythme
des invocations.
De
la Lumière.[24]
Du
souvenir de Demain.
« Et
l’avenir est à la piété ».[25]
BOU’AZZA
[1] Khémisset, ville entre Rbaate (le ʺrʺ roulé), Rabat
et Mknaas (Meknès), dans le moyen Atlas, en régionde Zemmour (le ʺrʺ roulé),
Zmmour.
[2]
Selon le calendrier dit grégorien.
[3]
Le ʺrʺ roulé, Mouçaa Ibn Noçayr, Moussa Ibn Noçaïr.
[4]
En 1956.
[5]
L’indépendance.
J’ai
appris, des années plus tard, qu’il s’agit de ʺl’indépendance dans
l’interdépendanceʺ, statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste,
et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des
"États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de
soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres
employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la
tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge,
le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture,
l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au
Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite
″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat
moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le
sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[6] ‘abd
Assalaam (la première lettre du prénom ‘abd Assalaam c’est la lettre ‘ (‘iine)
qui n’existe pas dans l’alphabet français, et non la lettre i qui n’est donc
pas écrite ici en lettre majuscule).
[7]
Le ʺrʺ roulé, annour, la lumière
[9]
Le serviteur de la Paix, d’Allaah.
[10]
Elle est morte en 1970, à l’âge de 28 ans.
[11]
Aujourd’hui décédé.
[12]
J’ais 11 ans en 1961.
J’en ai 70 aujourd’hui, selon le calendrier dit
grégorien.
[13]
L’acteur, héros du film, chef des esclaves.
[14]
Arte, 21 heures.
[15] L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction
et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah
le demande.
L’Islaam n’est pas une question d’ethnie, de tribu, de
clan, de classe sociale, de sexe, de couleur, de langue, de parti politique, de
pays, de nationalité, d’Etat.
L’Islaam c’est ce qui unit les croyants et les
croyantes où qu’ils soient, sur la base du Message d’Allaah, Le Seigneur des
univers.
Alqoraane
est la continuation, la synthèse, le parachèvement du Message d’Allaah,
L’Unique.
Mohammad,
l’ultime Messager et Prophète sur lui la bénédiction et la paix (sallaa Allaah
‘alayh wa sallame), a eu pour mission de le transmettre.
[16] Abou
Bakr (le ʺrʺ roulé), appelé plus tard Abou Bakr Assidiiq (le véridique), le
plus proche compagnon de Mohammad, l’ultime Messager et Prophète sur lui la
bénédiction et la paix, a payé la forte somme exigée par celui qui était décidé
à faire subir à Bilaal, le pire jusqu’à la mort.
[17]
Celui qui appelle à la prière.
En
français, ce mot est souvent dit muezzin.
[18]
Almouminoune wa almouminaate.
[19]
Le ʺrʺ roulé.
ʺNous sommes à Allaah et à Lui nous retournonsʺ.
Alqoraane (Le Coran), sourate2 (chapitre 2), Albaqara
(le ″r″ roulé), La Vache, aayate 156 (verset 156).
[20]
Adam sur lui la bénédiction et la paix.
[21]
Ève qu’Allaah la bénisse.
[22]
Sens du Message d’Allaah.
[23]
Lien avec Allaah.
[24]
Annour.
Allaah est la Lumière des cieux et de la terre.
Alqoraane
(Le Coran), sourate 20 (chapitre 20), Ta-ha, aayate 132 (verset 132).
Voir :
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