mardi 27 septembre 2022

FAIRE LE POINT


En revenant en France en 1981,[1] avec mon épouse et nos deux fils, j’ai travaillé pendant quelques semaines, trois mois je crois, en intérim.[2]
Je partageais le bureau avec un homme originaire d’Italie,[3] sur le point de partir à la retraite.
Il n’avait plus d’attribution et passait son temps à lire des documents sur le cinéma.[4]
Cette passion lui procurait une grande satisfaction et lorsqu’il m’en parlait, il était enthousiaste.
En arrivant le matin, il sortait diverses publications, apportait un café et commençait ses lectures.
Il s’arrêtait de temps à autre pour me parler un peu, le plus souvent d’un film, d’un metteur en scène, d’un acteur, d’une actrice, et autres.
Pour déjeuner, le restaurant ouvert au personnel de notre service, était à quelques kilomètres du lieu du travail, et il ne le fréquentait que lorsque quelqu’un lui proposait d’y aller en voiture.
Il pouvait disposer d’une voiture, mais n’avait pas le permis de conduire.
Moi je l’ai.
Nous prenions donc le véhicule, Renault 4L,[5] pour le repas, et profitions d’une longue coupure pour manger, prendre un café, discuter de ce dont je ne me souviens plus.
Au retour, mon compagnon ressortait les diverses publications et avant de se replonger dans ses lectures, il téléphonait à son épouse, et invariablement disait quelque chose du genre :
- Bonjour, ah je te réveille, excuse moi, ça va ? rien de spécial ? Rendorts-toi.
Il m’avait expliqué que son épouse travaillait comme infirmière la nuit, qu’ils se voyaient très peu, et que s’était bien ainsi.
Le soir, après manger, il allait souvent au cinéma ou regardait un film à la télévision.
Un jour, il s’était mis à me parler de sa fille unique.
Elle avait une trentaine d’années je crois.
Mère d’un petit garçon, elle n’était pas mariée et s’occupait seule de lui.
Elle avait décidé subitement d’aller en Italie avec son fils, à la montagne, dans un village isolé qui, l’hiver, en raison de la neige, était difficilement accessible.
Pour faire le point.
Faire le point répétait-il, énervé contre elle et inquiet pour le petit, son petit-fils.
Il ne m’avait plus parlé d’eux.
« Ainsi sont les jours qu’Allaah répartit entre les êtres ».[6] 
 
BOU’AZZA
[1] Selon le calendrier dit grégorien..
[2] Une bonne opportunité qui ne s’est pas représentée par la suite, parce que l’intérim ne proposant pratiquement que des activités manuelles pour lesquelles je n’avais pas les compétences requises.
[3] Pays d’origine du père de mon épouse.
[4] J’ai appris par la suite qu’il participait à des émissions de radio, de télévision qu’il gagnait parfois des prix de valeur.
[5] La même voiture que celle de mon épouse à cette époque.
[6] Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.com
http://voyageur-autre.blogspot.com
http://lmslm.blogspot.com
http://iimaane.blogspot.com
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com


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