J’aimais
chercher à la voir au milieu des champs.
Je
la regardais, et mon imagination, pleine de couleurs, de parfums de l’enfance,
était débordante.
Elle
était majestueuse au milieu de la nature.[1]
En
ce temps là, je ne connaissais pas grand-chose sur le système colonialiste, sur
les métropoles qui ont fait du Maroc une colonie, comme d’autres régions en
Afrique, et ailleurs.
La
voir me procurait une sorte de joie que je n’arrive toujours pas à décrire, et
encore moins à expliquer.
Son
attrait, lorsqu’elle tournait, provoquait en moi une jouissance particulière.
Je
ne sais plus comment j’ai découvert son nom : l’éolienne.
En
ce temps là, je n’avais pas encore appris que des paysans, des indigènes,[2] ont été
massacrés, éliminés, écrasés, spoliés, que le système colonialiste s’est emparé
de centaines de milliers d’hectares parmi leurs meilleures terres, pour y
installer ses colons,[3] et
répandre les pillages, les violences, les agressions, les horreurs, les crimes,
et autres.
Je ne
savais rien de « l’indépendance dans l’interdépendance ».[4]
Flots
de pensées.
Averses
d’images.
Afflux
de sensations.
Ici,
il m’arrive parfois de penser à elle, avec douceur, en dépit de ce que j’ai
appris.
Qu’est-elle
devenue là-bas ?[5]
BOUAZZA
[1] J’ignorais
que les terres sur lesquelles elle était installée, étaient des terres
accaparées par des spoliateurs du système colonialiste.
[2]
Appellation arrogante et méprisante donnée par la métropole, aux populations de
la colonie.
La France en a usé à satiété, et continue de le faire
pour ce qui est des personnes des colonies, issues du processus migratoire.
Les originaires d’Afrique, les nègres, les bamboulas,
même français, et surtout les bougnoules, les ratons, les melons, même
français, c’est à dire les arabes, donc les musulmans, car pour la métropole
c’est du pareil au même.
La métropole recours sciemment à l’amalgame, à la
confusion entre ʺethnieʺ, ʺcroyanceʺ, ʺdélinquanceʺ.
Ainsi, pour parler d’hommes et de femmes originaires
d’Afrique du Nord par exemple, des ʺmaghrébinsʺ, la métropole use de
connotations négatives pour dire les ʺarabesʺ, c’est à dire les ʺmusulmansʺ,
autrement dit des ʺviolentsʺ, des ʺvoleursʺ, des ʺvioleursʺ, des ʺassassinsʺ et
autres.
[3]
Qui ont installé les éoliennes.
[4] Statut
octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les
colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés
avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des
ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la
tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge,
le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture,
l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au
Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite
″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat
moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le
sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
Et
ce régime de l’imposture, continue de sévir.
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