vendredi 17 août 2018

IL M’ARRIVE PARFOIS DE PENSER Á ELLE



J’aimais chercher à la voir au milieu des champs.
Je la regardais, et mon imagination, pleine de couleurs, de parfums de l’enfance, était débordante.
Elle était majestueuse au milieu de la nature.[1]
En ce temps là, je ne connaissais pas grand-chose sur le système colonialiste, sur les métropoles qui ont fait du Maroc une colonie, comme d’autres régions en Afrique, et ailleurs.
La voir me procurait une sorte de joie que je n’arrive toujours pas à décrire, et encore moins à expliquer.
Son attrait, lorsqu’elle tournait, provoquait en moi une jouissance particulière.
Je ne sais plus comment j’ai découvert son nom : l’éolienne.
En ce temps là, je n’avais pas encore appris que des paysans, des indigènes,[2] ont été massacrés, éliminés, écrasés, spoliés, que le système colonialiste s’est emparé de centaines de milliers d’hectares parmi leurs meilleures terres, pour y installer ses colons,[3] et répandre les pillages, les violences, les agressions, les horreurs, les crimes, et autres.
Je ne savais rien de « l’indépendance dans l’interdépendance ».[4]
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Ici, il m’arrive parfois de penser à elle, avec douceur, en dépit de ce que j’ai appris.
Qu’est-elle devenue là-bas ?[5]
  
BOUAZZA



[1] J’ignorais que les terres sur lesquelles elle était installée, étaient des terres accaparées par des spoliateurs du système colonialiste.
[2] Appellation arrogante et méprisante donnée par la métropole, aux populations de la colonie.
La France en a usé à satiété, et continue de le faire pour ce qui est des personnes des colonies, issues du processus migratoire.
Les originaires d’Afrique, les nègres, les bamboulas, même français, et surtout les bougnoules, les ratons, les melons, même français, c’est à dire les arabes, donc les musulmans, car pour la métropole c’est du pareil au même.
La métropole recours sciemment à l’amalgame, à la confusion entre ʺethnieʺ, ʺcroyanceʺ, ʺdélinquanceʺ.
Ainsi, pour parler d’hommes et de femmes originaires d’Afrique du Nord par exemple, des ʺmaghrébinsʺ, la métropole use de connotations négatives pour dire les ʺarabesʺ, c’est à dire les ʺmusulmansʺ, autrement dit des ʺviolentsʺ, des ʺvoleursʺ, des ʺvioleursʺ, des ʺassassinsʺ et autres.
[3] Qui ont installé les éoliennes.
[4] Statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des "États" supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces "États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite ″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
Et ce régime de l’imposture, continue de sévir.

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