dimanche 23 juin 2019

C’EST CHELOU

Quand je suis dans la street[1] chez les bobos,[2] on voit tout de suite que je suis de la téci.[3]
Personne ne dit rien mais tous me regardent.
Si quelqu’un me traite,[4] je lui nique sa race.
Je fais ce que je veux dans leur street.
Eux ne viennent pas chez moi dans ma téci.
Ils n’ont pas les couilles pour « ça ».
La semaine dernière, dans leur street, j’étais au babka,[5] avec mon tepo,[6] et deux bobos sont arrivés pour bouffer comme nous.
Je pense qu’ils cherchaient des joints.
Quand ils voient quelqu’un de la téci, ils veulent les joints.
C’est chelou.[7]
  
BOUAZZA



[1] La rue.
Terme anglais utilisé par des jeunes de certains quartiers, pour dire rue.
[2] Des personnes friquées qui aimeraient ne pas être perçues ainsi.
Terme né de la contraction de bourgeois-bohèmes.
[3] De la cité.
Cité de banlieue où sont parquées des populations issues du processus migratoire lié au colonialisme français, populations considérées comme de la merde.
Les cités de ce genre sont regardées par la classe dite politique, toutes tendances confondues, comme des lieux de perdition, des repaires d’agresseurs, de casseurs, de voleurs, de drogués, de trafiquants, de violeurs, de de dangereux musulmans, et autres.
[4] M’insulte.
[5] Kebab, kabab, kabaab : restauration dite d’origine turque, lancée en Allemagne par des turcs issus du processus migratoire, et répandue en France avec la participation de personnes originaires d’Afrique du Nord, issues du même processus.
Beaucoup de jeunes y vont pour manger à bas prix : sandwich avec grillade de viande halaal (licite selon les enseignements de l’Islaam), salade, tomate, oignon, sauce ʺandalouseʺ, ʺsamouraïʺ ou autres, frites,[5] et boissons non alcoolisées.
Il est possible, bien sûr, d’avoir des plats mieux élaborés, qui sont plus chers.
[6] Mon pote.

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