Ce
matin, elle avait l’air bouleversée par des images de son rêve de la veille :
Des
êtres aux yeux jaunes, arrogants, prétentieux, voulaient changer ce que les
enfants pensaient.
Ils
les enfermaient et les mettaient dans des machines pour les « rééduquer »,
leur faire oublier ce qu’ils sont.
Ils leur
distribuaient des immondices, et leur
ordonnaient de souiller la source.
Les
êtres aux yeux jaunes, arrogants, prétentieux, s’étaient emparés d’elle aussi,
pour la « rééduquer ».
Elle
a résisté, comme les enfants, et n’a pas oublié qui elle est.
À
son réveil, ces images étaient dans la petite pièce qu’elle utilise souvent.
Une petite
pièce qu’elle trouve incroyablement spacieuse.
Dans
cet espace réduit, les souvenirs qui jaillissent ne sont jamais à l’étroit.
La
petite pièce peut en accueillir à l’infini.
Avec
le confinement en raison de l’épidémie du coronavirus,[1] ses
pensées continuent de se clarifier.
Hier,
elle s’est mise à se remémorer :
- Je
me suis encore rendu dans la petite boutique du cordonnier qui aime me parler
en usant de métaphores, de paraboles.
Il
tient à souligner qu’il évite de parler pour ne rien dire, de discourir pour
épater la galerie, de se camoufler derrière des mots, de débiter du baratin à
n’en plus finir.
Il a
une connaissance qui lui permet d’être ce qu’il est.
Il
sait d’où il vient, et où il va.
Il
aime rappeler que les êtres dorment, et quand ils meurent, ils se réveillent.
Il a
fait partie de mes éducateurs.
C’est
de lui que je tiens la « légende » du corbeau.
Vous
ne la connaissez pas ?
Autrefois,
le corbeau n’était pas comme il est aujourd’hui.
Un
jour, il a vu une colombe et a été subjugué par son apparence.
Tellement
subjugué qu’il voulait à tout prix avoir la même démarche qu’elle.
Il
n’y est pas arrivé, et sa mémoire n’a pas retenu la démarche qu’il avait avant
d’être subjugué par la colombe.
C’est
ainsi qu’il est devenu comme nous le connaissons aujourd’hui :
Ni
ce qu’il était avant, ni ce qu’il voulait devenir.
C’est
une vieille histoire … d’actualité.[2]
BOU’AZZA
[1] Covid 19.
[2] Texte
daté de 2004, selon le calendrier dit grégorien, réalisé à partir d’écrits
antérieurs, adapté un peu aujourd’hui..
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