Avec
sa boîte en bois de cireur, il se rendait dans les cafés, toujours de bonne
humeur, se mettait à genoux devant les chaussures d’un consommateur, et
commençait sa besogne, tout en racontant beaucoup de choses, et en échangeant.
L’wiina.[3]
Tout
le monde l’appelait ainsi.
Était-ce
son vrai prénom ?
Je
ne l’ai jamais su.
Enfant
attachant, son travail était de cirer des chaussures.
Je
l’ai connu, et je n’ai jamais accepté qu’il me cire les chaussures.
Ni lui,
ni un autre.
C’est
inadmissible.
À
l’époque où je l’ai connu, j’étais très jeune pour lier mon attitude à un rejet
du régime hideux qui sévissait, et qui sévit toujours au Maroc.[4]
Les
terrasses des cafés où je voyais L’wiina le plus, étaient sur la route[5] Mknaas Rrbaate,[6] l’artère
principale de Lkhmiiçaate.
En
direction de Mknaas, sur la gauche, il y a la petite forêt d’eucalyptus avec
l’église.[7]
De
l’autre côté, sur la droite, en face, il y a l’établissement scolaire Mouçaa
Ibn Noçayr[8] dont je
suis ancien élève.
L’wiina
est dans mon coeur.
Flots
de pensées.
Averses
d’images.
Afflux
de sensations.
Qu’est-il
devenu ?
Se
souvient-il de moi ?
De
ces moments ?
Est-il
encore de ce monde ?
Qu’Allaah
déverse sur nous Sa miséricorde, nous éclaire, et nous guide.[9]
BOU’AZZA
[1] Khémisset.
[2] Le ʺ rʺ
roulé, Zemmour.
[3] Petite source.
C’est aussi un diminutif affectueux pour désigner
l’oeil..
[4] Qui a
bénéficié de ʺl’indépendance dans l’interdépendanceʺ.
Statut
octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans
les colonies par la multiplication des "États" supplétifs,
subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans
l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs.
Ces
"États" sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie,
la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le
pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture,
l’enfermement, la négation de l’être humain.
Au
Maroc, occupé par la France, l’Espagne, et autres, occupation dite
″protectorat″, le système colonialo-impérialo-sioniste a transformé le sultanat
moribond, en monarchie héréditaire, dite de "droit divin".
Le
sultan, protégé, est alors devenu roi, au service de ce système.
[5] L’autoroute n’existait pas
encore.
[6] Le ʺrʺ roulé, Meknès-Rabat.
[7] Devenue par la suite
bâtiment administratif.
[8] Le ʺ rʺ
roulé.
Moussaa Ben Nouçaïr, dit école musulmane par le
colonialisme, puis école primaire, cet établissement est devenu collège, puis
lycée.
Je l’ai fréquenté
pendant des années du primaire, puis de collège.
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