lundi 15 août 2016

LE POULET AUX AUBERGINES

J’en ai déjà parlé, je sais.
Cela n’empêche pas d’en reparler.
Ne dit-on pas que la pédagogie c’est la répétition ?
Et je me veux pédagogue, y compris lorsqu’il s’agit de recettes de cuisine.
Je répète donc, encore une fois, celle transmise, en imagination, à un jeune délinquant que j’ai connu dans mon parcours dit « professionnel » : le poulet aux aubergines.
Tu prends des aubergines, pas celles qui mettent des prunes aux caisses en stationnement interdit, tu les laves, tu coupes la queue, pas celle à laquelle tu penses, tu les partages en deux avec minutie, ou avec Nathalie si tu préfères, et tu les mets dans l’eau salée.
Après, tu les épluches dans le sens de la longueur, en gardant à intervalles égaux, des parties de deux centimètres avec leur peau ; c’est peut-être chiant, mais n’oublie pas que ta mère l’a fait mille et une fois avec amour.
Tu coupes en rondelles de deux centimètres d’épaisseur.
Tu étales sur un plat, je sais, tu aimes étaler, mais pas sur un plat.
Tu saupoudres de sel fin au fur et à mesure afin qu’elles ne noircissent pas, même si tu es basané et que tu n’a rien contre les noirs.
Tu fais frire à l’huile bouillante d’arachide, de Rachid, d’olive, comme le prénom de ta copine de l’école primaire Jules Ferry, si tu veux.
Tu fais frire des deux côtés.
Tu laisses égoutter.
Le poulet, pas celui qui t’a arrêté pour vol, tu le coupes, tu places les morceaux dans une cocotte, non pas celle de ton quartier, avec tout ce qu’il faut : safran, gingembre, poivre, sel, coriandre, huile et deux verres d’eau.
Cuisson a feu doux.
Laisser le temps au thon[1] disaient certains zé certaines, en oubliant qu’il en faut pour le poulet aussi.
En cours de cuisson, tu ajoutes un peu d’eau si nécessaire.
Lorsque c’est cuit, tu mets dans un plat avec la sauce autour.
Les aubergines sont au dessus du poulet, parfois c’est l’inverse, mais pour cette fois, c’est ainsi.
Tu sers chaud.
Au moment de manger, n’oublie pas de partager ce délice, d’être reconnaissant pour les bienfaits qui te sont offerts et de penser à ta mère qui sait mettre les saveurs de l’amour dans chaque plat et sans laquelle les « recettes de cuisine » ne valent rien.

BOUAZZA




[1] Pour ne pas admettre que rien n’a changé avec la gauche au pouvoir et que la gauche et la droite c’est bonnet blanc et blanc bonnet, François Mitterrand, président de gauche de la République française de 1981 à 1995 aimait répéter avec ses chroniqueurs et chro-niqueuses du parti socialiste qu’ ʺil faut laisser le temps au tempsʺ.
Ils prenaient des airs de je ne sais quoi pour parler du thon des sœurs Ise (le ʺtemps des cerisesʺ, une chanson de 1866 qu’ils cherchaient à faire passer pour une chanson de ʺgaucheʺ de 1871, année du soulèvement populaire dit ʺCommune de Parisʺ).
La gauche ─ comme toutes les autres composantes de l’échiquier politique ─ n’est pas à une tromperie près !

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