J’en ai déjà parlé, je sais.
Cela n’empêche pas d’en reparler.
Ne dit-on pas que la pédagogie c’est la répétition ?
Et je me veux pédagogue, y compris lorsqu’il s’agit de
recettes de cuisine.
Je répète donc, encore une fois, celle transmise, en imagination, à un jeune
délinquant que j’ai connu dans mon parcours dit
« professionnel » : le poulet aux aubergines.
Tu prends des aubergines, pas celles qui mettent des prunes
aux caisses en stationnement interdit, tu les laves, tu coupes la queue, pas
celle à laquelle tu penses, tu les partages en deux avec minutie, ou avec
Nathalie si tu préfères, et tu les mets dans l’eau salée.
Après, tu les épluches dans le sens de la longueur, en
gardant à intervalles égaux, des parties de deux centimètres avec leur peau ;
c’est peut-être chiant, mais n’oublie pas que ta mère l’a fait mille et une
fois avec amour.
Tu coupes en rondelles de deux centimètres d’épaisseur.
Tu étales sur un plat, je sais, tu aimes étaler, mais pas
sur un plat.
Tu saupoudres de sel fin au fur et à mesure afin qu’elles
ne noircissent pas, même si tu es basané et que tu n’a rien contre les noirs.
Tu fais frire à l’huile bouillante d’arachide, de Rachid, d’olive,
comme le prénom de ta copine de l’école primaire Jules Ferry, si tu veux.
Tu fais frire des deux côtés.
Tu laisses égoutter.
Le poulet, pas celui qui t’a arrêté pour vol, tu le coupes,
tu places les morceaux dans une cocotte, non pas celle de ton quartier, avec
tout ce qu’il faut : safran, gingembre, poivre, sel, coriandre, huile et deux
verres d’eau.
Cuisson a feu doux.
Laisser le temps au thon[1]
disaient certains zé certaines, en oubliant qu’il en faut pour le poulet aussi.
En cours de cuisson, tu ajoutes un peu d’eau si nécessaire.
Lorsque c’est cuit, tu mets dans un plat avec la sauce
autour.
Les aubergines sont au dessus du poulet, parfois c’est
l’inverse, mais pour cette fois, c’est ainsi.
Tu sers chaud.
Au
moment de manger, n’oublie pas de partager ce délice, d’être reconnaissant pour
les bienfaits qui te sont offerts et de penser à ta mère qui sait mettre les
saveurs de l’amour dans chaque plat et sans laquelle les « recettes de
cuisine » ne valent rien.
BOUAZZA
[1] Pour
ne pas admettre que rien n’a changé avec la gauche au pouvoir et que la gauche
et la droite c’est bonnet blanc et blanc bonnet, François Mitterrand, président
de gauche de la République française de 1981 à 1995 aimait répéter avec ses
chroniqueurs et chro-niqueuses du parti socialiste qu’ ʺil faut laisser le
temps au tempsʺ.
Ils
prenaient des airs de je ne sais quoi pour parler du thon des sœurs Ise (le ʺtemps
des cerisesʺ, une chanson de 1866 qu’ils cherchaient à faire passer pour une
chanson de ʺgaucheʺ de 1871, année du soulèvement populaire dit ʺCommune de
Parisʺ).
La
gauche ─ comme toutes les autres composantes de l’échiquier politique ─ n’est
pas à une tromperie près !
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