Ce
matin, l’éducateur en détention est plus pensif que d’habitude …
Il y
a parfois de curieuses coïncidences …
La
veille, un mineur délinquant incarcéré lui a longuement parlé d’une éducatrice
qui travaille dans une structure d’hébergement dite foyer d’action éducative,[1] où il
a séjourné un certain temps avant son incarcération.
L’éducateur
en détention la connaît.
Elle
travaille toujours dans la structure d’hébergement.
Elle
est originaire de l’autre côté d’Albahr Alabyad Almotawassite.
La
Mer Blanche Intermédiaire.
La
Mer Méditerranée …
La
soldatesque colonialiste continue les massacres …
Les
résistants tiennent …
LA
RÉSISTANCE.
SAVEZ-VOUS
CE QU’EST LA RÉSISTANCE ?
ET
QUI VOUS DIRA JAMAIS CE QU’EST LA RÉSISTANCE ?
Des
généraux du colonialisme, avec des milliers d’hommes parmi lesquels des
Sénégalais, des Maghrébins et autres, enrôlés dans les troupes colonialistes,
tentent de mettre fin à la Résistance : celle d’hommes, de femmes et
d’enfants déterminés à défendre ce qu’ils ne veulent pas abandonner.
Une
volonté ferme.
Une
flamme ardente.
Une
Foi inébranlable.
Les
troupes colonialistes ne comprennent pas comment une telle Résistance est
possible.
Des
soldats sont saisis d’effroi face aux pertes de plus en plus nombreuses en vie
humaines …
Une
accalmie …
Un
officier est en train de mourir.
Il
parvient à sortir deux photos de sa poche.
Sur
l’une, il est avec sa jeune épouse, le jour du mariage, devant un édifice sur
lequel apparaissent trois mots : Liberté-Egalité-Fraternité.
La
devise de la république en France.
L’autre
photo est celle de deux enfants.
Les
siens.
Il
la pose sur sa bouche et rend son dernier soupir ici-bas.
Un
groupe avancé de résistants se prépare pour la prière du début de l’après midi.
C’est
un bonheur d’avoir encore de l’eau pour les ablutions.
« Quelques
gouttes tombèrent sur une touffe sèche […] petite plante misérable, jaune,
flétrie et sans vie sous les âpres rayons du soleil. Mais dès que l’eau
commença de s’égoutter sur elle, un frisson parcourut ses feuilles recroquevillées
qui s’ouvrirent lentement et en tremblant. Quelques gouttes de plus, et les
petites feuilles s’animèrent, s’enroulèrent et se redressèrent doucement, en
hésitant et frissonnant […]. Encore un peu d’eau sur la touffe d’herbe. Elle
s’anima plus vivement, presque avec violence, comme si quelque force
mystérieuse la faisait sortir du rêve de la mort. Ses feuilles se contractèrent
et s’étendirent comme les tentacules d’une étoile de mer, apparemment saisies
par un délire timide, mais irrépressible, véritable petite orgie de joie
sensuelle. Ainsi la vie rentra victorieusement dans ce qui, il y a un moment,
n’était que chose morte ; elle entrait visiblement, passionnément, avec
majesté dépassant l’entendement »[2].
L’accalmie
est de courte durée …
Les
combats reprennent.
Les
forces colonialistes décident d’appliquer un autre plan qui consiste en des
bombardements ininterrompus.
Des
éléments parmi les troupes du colonialisme sont effrayés devant la résistance
de ces populations qui paraissent se confondre et se dissoudre entièrement dans
l’espace et qui ont du temps une notion Autre …
Les
bombardements font rage.
Sans
répit.
Jours
et nuits …
Un
matin, un résistant, tenant un bébé dans ses bras et le couvrant d’une partie
de son selhaam[3], décide avec le reste des
enfants, des femmes et des hommes de quitter la montagne. Un nuage voile la
clarté du jour.
Ce
nuage n’est pas dans le ciel mais dans les yeux des résistants.
Des
yeux qu’ils n’ont pas voulu empêcher de se remplir de larmes …
Des
saisons ont succédé aux saisons, des événements aux événements. Le bébé a
grandi … Il a quitté son bled[4] pour
la France …
Les
raisons ?
Cette
question continuera longtemps à être posée …
En
France, il a eu des enfants.
Sa
fille est devenue éducatrice dans une structure d’hébergement où les mineurs
placés suite à des décisions judiciaires, sont pratiquement tous originaires de
l’autre côté d’Albahr Alabyad Almotawassite …
C’est
dans cette structure que le mineur délinquant incarcéré a fait sa connaissance
…
Ce
mineur ne sait pas que le père de cette éducatrice est décédé il y a quelques
jours…
Mais
il sait qu’elle s’appelle FLEUR …[5]
BOUAZZA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire