C’était
au souq,[1] sous
une tente[2] près
de laquelle des ânes et des mulets, pleins de patience, attendaient
tranquillement.
La
personne venue pour « enlever le sang » s’asseyait sur une natte à
même le sol.
Le
« soigneur », accroupi derrière, réalisait son intervention.
J’ai
entendu parler, lorsque j’étais enfant, de l’importance « d’enlever le
sang »[3] pour éloigner la maladie.
« Hjjme ».[4]
Il
s’agissait, d’après ce que j’ai retenu, de retirer du sang de l’organisme, à
l’aide de deux sortes d’objets en cuivre, ayant la forme de cornes fines, pas
très longues.
La
personne chargée d’effectuer ce travail, procédait à des incisions derrière la
tête, près de la nuque, et plaçait les objets pour récupérer le sang.[5]
Dans
les allées du souq, poussiéreuses l’été, boueuses l’hiver, chacun vaquait à ses
occupations, et la personne qui se faisait « enlever du sang » ne
tardait pas à se mêler à la foule.[8]
BOUAZZA
La
peinture qui illustre ce texte a été réalisée par mon épouse, à partir d’un
carte postale ancienne.
Les hommes, les femmes et les enfants sur la photo
n’ont pas été peints.
[1] Souk,
marché rural qui sert, entre autres, à l’échange de marchandises, et où des
ruraux cherchent, encore aujourd’hui, à se faire soigner par des personnes
désignées comme ayant des compétences dans le domaine de la santé.
[2]
Lguitoune, la guitoune.
[3] Hiyyed ddmme.
[4] Terme
de l’arabe parlé au Maroc (ddarijaa, le ʺrʺ roulé), qui vient de ″hijaama″ (hijama), mot traduit par ″saignée″
et qui est lié à ″hjjaame″, c'est-à-dire celui qui pratique la
″saignée″.
Le
mot signifie aussi coiffeur, barbier qui rasait aussi complètement la tête.
[5]
Retirer du ″mauvais sang″ m’avait-on expliqué, pouvait aider
la personne malade à retrouver la santé.
Il
fallait même, par prévention, ″enlever
le sang″ à intervalles
réguliers.
[6] Avant le changement de l’emplacement du souq.
[7] Khémisset.
[8] Je ne fais que reprendre
ce dont j’ai déjà parlé.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com
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