mercredi 31 mai 2017

PARFUM DE VIE...

Un de mes compagnons de détention, celui qui me prêtait le cahier de la sœur qu'il a perdue, va sortir demain, ine chaa-e Allaah.[1]
Je me suis attaché à lui.
Un frère.
Dès que je l'ai vu, j'ai eu un élan particulier de sympathie à son égard.
Je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi.
L'éducateur en prison dit que c'est une question d'atomes crochus.
Je ne sais pas ce que cela signifie vraiment.
Je ne connais que la tome de Savoie … ou l'atome nucléaire …
Depuis son arrivée en prison, ce compagnon de détention m'a décrit avec d'infinis détails ce qu'il fera une fois dehors.
L'éducateur le sait aussi.
Nous en avons souvent parlé ensemble.
Cette sœur lui rappelle une des siennes.
À sa sortie, le compagnon en détention ira sur la tombe de sa sœur …
Il lui racontera son incarcération …
Je connais cette sœur.
Il n'a jamais cessé de m'en parler …
Elle me connaît aussi.
Elle est venue plusieurs fois dans ma cellule.
Nous avons discuté longuement.
Elle m'a gratté plus d'une fois la tête.
Jusqu'à m'endormir.
Elle sait que cela me plaît.
Je ne me suis jamais lassé de la regarder.
Eblouissante.
Belle comme les univers.
Son frère m'a fait part de l'amour qu'elle a pour les parfums.
Avant son départ, il lui en a offert un.
Celui qu'elle préfère.
Il se rappelle de tous les détails …
En l'ouvrant, elle a fermé les yeux et a passé un long moment à sentir.
C'est ce qu'elle fait toujours avec les parfums.
Elle vit un instant de recueillement, une invocation ...
Il m'a expliqué qu'une fois dehors, il va se procurer un flacon de parfum.
Celui qu'elle préfère.
Il ira retrouver cette sœur.
Partie suite à ce que des médecins ont appelé une leucémie.
Il lui fera sentir le parfum qu'il répandra tout autour d'elle puis lui parlera, comme autrefois, lorsqu'ils étaient convaincus que l'échange continuait même lorsqu'ils dormaient …
J'ai attendu longtemps derrière les barreaux de la fenêtre de la cellule pour fixer les pas de ce compagnon se dirigeant vers la sortie.
Lorsqu'il s'est arrêté puis s'est retourné pour me regarder, je lui ai montré le papier qu'il m'a glissé la veille.
Et au même moment, la symphonie de nos rires s'est répandue au loin, reprise en chœur dans le ciel par les corbeaux et les mouettes qui vivent dans notre voisinage …
Vous vous souvenez ?
Ce papier contient une recette de cuisine.
Le gâteau de foie.
Tu haches un foie de volaille avec oignon, ail et persil.
Tu fais roussir ce hachis dans l'huile d'olive.
Vierge bien entendu.
Aussi vierge que ta sœur avant qu'elle ne découvre l'huile de Rachid …[2]
Tu ajoutes un peu de farine, tu tournes et tu laisses cuire.
Le temps qu'il faudra.
Tu délaies quatre jaunes d’œuf dans un demi-litre de lait.
Oui, du lait de vache, pas de ta mère …
De la vache qui rit de préférence, il est meilleur que celui de la vache folle …
Tu verses les jaunes d’œuf avec le lait sur le hachis de foie et tu laisses épaissir en tournant. Le temps qu'il faudra.
Tu ajoutes du sel et du poivre.
Tu montes les blancs en neige et tu les incorpores au tout.
Tu mets au four, à température moyenne et tu attends que ça gonfle.
Le temps qu'il faudra.
Puis tu partages ce délice avec le plus grand nombre … et d'abord avec ma sœur et moi …
Lorsque j'ai lu cette recette, mes larmes cette nuit-là, avaient la senteur du parfum préféré de ma sœur … parfum de vie …
Vous connaissez ?[3]
  
BOUAZZA



[1] Si Allaah veut.
[2] Dite d’arachide.
[3] Texte mis sur le net le 31 janvier 2004, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

UN MOIS POUR PLUS D’EFFORTS

Le mois de ramadaane,[1] un mois purificateur, est propice pour fournir plus d’efforts dans la Voie d’Allaah.
Plus d’efforts pour être encore et encore à l’écoute à laquelle invite l’Islaam.[2]
L’écoute pour saisir le Sens[3] et approfondir le Lien.[4]
L’écoute qui se nourrit de la raison pour apprendre, réapprendre, chercher, s’interroger, réfléchir, voir, analyser, comprendre, se repentir,[5] aimer, croire, élaborer, choisir, évoquer, invoquer, construire, agir, lutter, résister et autres.
« Ceux qui écoutent ce qui est dit[6] et en suivent le meilleur. Ce sont ceux-là qu’Allaah a bien guidés et ce sont ceux-là les gens qui ont un cerveau[7] ».[8]
Plus d’efforts pour lire et essayer de comprendre Alqoraane.[9]
Plus d’efforts pour méditer sur la vie de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
Plus d’efforts pour s’intéresser aux parcours de croyants et de croyantes.
C’est l’occasion par exemple de voir ou de revoir le documentaire filmé sur ‘Omar Ibn Alkhattaab[10] qu’Allaah le bénisse, dont Voici le site :
Le mot de passe est "Omar".
Qu’Allaah nous éclaire et nous guide.

BOUAZZA



[1] Le ″r″ roulé, le mois de ramadan.
Le mois de siyaame, de jeûne. qui fait partie des obligations qu’accomplissent les croyants et les croyantes.
Le jeûne dépend de la situation de chaque personne.
Des aménagements existent et concernent par exemple la maladie, le voyage, la faiblesse liée au grand âge, les règles, la grossesse, l’accouchement, les lochies et autres.
Il est bon de répéter, encore répéter, toujours répéter qu’être en état de jeûne ne consiste pas seulement à renoncer aux aliments, aux boissons ou aux relations sexuels entre l’époux et l’épouse (l’époux est un homme et l’épouse est une femme).
Être en état de jeûne signifie aussi faire plus d’efforts dans les domaines de la sincérité et de l’endurance.
Faire plus d’efforts pour s’éloigner des actes impudiques et de toute mauvaise action.
Faire plus d’efforts pour augmenter les bonnes oeuvres.
Faire plus d’effort pour être mieux à l’écoute.
Faire plus d’efforts pour renforcer l’humilité et aller vers l’équilibre.
Faire plus d’efforts pour consolider la foi.
Faire plus d’efforts pour mieux saisir le Sens et renforcer le Lien.
Faire plus d’efforts pour s’améliorer et devenir meilleur dans la Voie d’Allaah.
Le soir, la rupture du jeûne ne signifie pas la gloutonnerie ou le « ramdam » comme certains désignent cette période en raison de la mauvaise image qu’en donnent ceux et celles qui ne comprennent pas la portée profonde de ce mois, ou qui la dénaturent.
Le soir, la rupture du jeûne signifie l’amour, la rencontre, l’échange, le partage, le pardon, la prière, l’invocation, le rappel, la continuation de l’effort sur soi.
Le soir, la rupture du jeûne signifie la reconnaissance, les remerciements adressés à Allaah pour ce bienfait et pour tous les bienfaits.
[2] L’Islaam depuis Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
L’Islaam n’est pas une question d’ethnie, de tribu, de clan, de classe sociale, de sexe, de couleur, de langue, de parti politique, de pays, de nationalité, d’Etat.
L’Islaam c’est ce qui unit les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate) où qu’ils soient, sur la base du Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers.
Alqoraane est la continuation, la synthèse et le parachèvement du Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers.
Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix (sallaa Allaah ‘alayh wa sallame), a eu pour mission de le transmettre.
Assonna a trait à la conduite de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
Lorsqu’on parle de hadiite (hadite, hadiith, hadith), cela renvoie à ce qui a été rapporté concernant la conduite de Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
Alqoraane n’a de sens qu’avec Assonna et Assonna ne peut exister sans Alqoraane.
Assonna procède d’Alqoraane.
L’Islaam se résume dans le témoignage (achchahaada) qu’il n’y a d’Ilaah (Divinité) qu’Allaah et que Mohammad est le Messager d’Allaah, l’accomplissement de la Prière (assalaate), l’acquittement du prélèvement purificateur (azzakaate), le jeûne du mois de ramadaane (assawme) et le pèlerinage (alhajj) à la Maison Sacrée d’Allaah (bayte Allaah alharaame, que symbolise Alka’ba, la Kaaba à Makka, à la Mecque).
À cela, il faut lier la Foi (aliimaane) et le Bienfait (alihçaane).
La Foi est de croire à Allaah, à Ses Anges, à Ses Livres, à Ses Envoyés, au Jour Dernier (la Résurrection) et à la Prédestination qu’il s’agisse du Bien ou du Mal.
Le Bienfait étant d’Adorer Allaah comme si nous le voyons car, si nous ne le voyons pas, Lui nous voit.
(Contenu de la réponse faite à l’Ange Jibriil (le ″r″ roulé), Gabriel, paix sur lui, par Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
Hadiithe rapporté dans ″Sahiih Moslime″ (Recueil authentique de Moslime).
ʺLes musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les obéissants et les obéissantes, les loyaux et les loyales, les endurants et les endurantes, les craignants et les craignantes, les donneurs d’aumône et les donneuses d’aumône, les jeûneurs et les jeûneuses, les gardiens de leur chasteté et les gardiennes, ceux qui invoquent beaucoup Allaah et les invocatrices, Allaah leur a préparé un Pardon et une Récompense Immense. Il n’appartient pas à un croyant ni à une croyante, une fois qu’Allaah et Son Messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allaah et à Son Messager, s’est égaré d’un égarement évidentʺ.
Alqoraane (Le Coran), sourate 33 (chapitre 33), Alahzaab, Les Coalisés, aayate 35 et aayate 36 (verset 35 et verset 36).
Les représentations, les fantasmes, les mythes et tout ce qui en découle, ne peuvent jamais anéantir cette Vérité.
Aujourd’hui, et depuis des lustres, l’État  (ou une institution semblable, appelée autrement) des croyants et des croyantes n’existe plus, nulle part.
Les ʺÉtats″ qui prétendent l’être sont fondés sur l’imposture, le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
L’Islaam les dénonce, les rejette, les condamne, les combat.
L’État des croyants et des croyantes n’existe plus, nulle part, mais les membres de la communauté (alomma, la matrie) des croyants et des croyantes sont partout et seront partout, par la miséricorde d’Allaah, jusqu’à la fin de l’existence ici-bas.
Pour ce qui est des êtres humains, le Message d’Allaah L’Unique, Le Seigneur des univers, est adressé à toute l’humanité.
Les bavardages stériles, les divagations hystériques, les discours mensongers, les commentaires désobligeants, les déclarations arrogantes, les campagnes de dénigrement, les insultes continues, les vexations répétées, les sous-entendus outrageants, les élaborations humiliantes, les propagandes malfaisantes, les tromperies constantes, les combinaisons funestes, les amalgames cruels, les menaces ouvertes, les attaques brutales, les entreprises de démolition et autres pratiques immondes recourent au faux pour entretenir et maintenir la confusion, l’imposture.
[3] Le Sens du Message d’Allaah.
[4] Le Lien avec Allaah.
[5] Qu’Allaah pardonne nos égarements, nous éclaire, et nous guide.
[6] Alqawl.
[7] Oulou alalbaab, les personnes douées d’intelligence.
[8] Alqoraane (Le Coran), sourate 39 (chapitre 39), Azzomar (le ″r roulé), Les Groupes, aayate 18 (verset 18).
[9] Le ″r″ roulé.
[10] Omar Ibn Alkhattab, qu’Allaah le bénisse.

mardi 30 mai 2017

« LES DUCS Á TIFFES » ...

Habitué à s’allonger, pas sur le divan du psy, il pense avec nostalgie à la période dite de formation où le slogan de ralliement était : « baisons futés » …
Con-densé[1] d’une « pensée pénétrante » …
Affalé devant le dossier d’un mineur délinquant placé par un magistrat dans cette structure dite d’hébergement, il se demande, deux mois après son arrivée comme éducateur, combien de temps va-t-il encore rester …
Il ne comprend rien à ce jeune qui l’insulte copieusement chaque fois qu’il lui rappelle « le rapport à la loi » … pour l’aider à se « structurer » … à retrouver ses « repères » … et à préparer sa « socialisation » …
Il ne comprend rien à la famille et aux rapports en son sein …
Il ne saisit pas la place des uns et des autres …
Le parcours des uns et des autres …
Il est con-vaincu[2] qu’il ne peut arriver à rien … mais il ne doit pas le dire …
Les mites[3] s’entretiennent et il se doit – dans le cadre du travail d’équipe – de débiter un baratin de circonstance pour être dans le moule …
Ce mineur délinquant « met tout en échec » … il est une « patate chaude », un « incasable »… Suite à un « profond travail d’équipe » … il a été décidé de préparer une note au magistrat pour obtenir une « main levée » qui signifie que le mineur doit absolument aller se faire voir ailleurs …
Lorsque la flamme faiblit, l’éducateur se rend parfois dans un bar pour retrouver des collègues « engagés » comme lui …
Dans la pénombre enfumée, il sirote du whisky-coca-cola, en débattant de « la contradiction principale et des contradictions secondaires » pour dégager les positions à adopter au sein de l’administration qui l’emploie, afin que le saint-dit-cas[4] continue d’entretenir les mites au logis[5]
Les moments au bar le replongent dans des souvenirs d’atmosphères des temps de la formation … autrefois … jadis … la dialectique de la militance … les affrontements à coup de citations … les nuages formés par la fumée … les bouteilles d’alcool vides … les couples qui petit à petit s’éclipsent pour aller continuer la dialectique sous forme de fornication sur fond de musique à message et de cris et chuchotements « engagés », avant de sombrer dans les « bras de Morphée », entourés des condensés de la « pensée pénétrante » et d’affiches de la « création cul-turelle » …
« Les ducs à tiffes »[6]
Vous connaissez ?
« Détricoter », « retricoter », garder le « fil rouge » …
Vous vous souvenez ?
Le whisky-coca-cola aidant, l’éducateur di-vague[7]
I have a dream …[8]
I have a dream … other …[9]
I have a dromadaire…[10]
Il regarde sa paire en train de se déhancher et lance : quel sexe à piles[11] … puis s’effondre sur l’épaule d’un pote et s’endort …
Des paroles lui parviennent, il ne sait comment … des paroles d’une chanson douce que ne lui chantait pas sa mère … mais un Targui,[12] nomade du désert …
Le dromadaire qui dort ne voit pas partir la caravane…
Vous comprenez ?[13]
  
BOUAZZA



[1] Condensé.
[2] Convaincu.
[3] Les mythes.
[4] Le syndicat.
[5] Les mythologies.
[6] L’éducatif.
[7] Divague.
[8] J’ai un rêve ...
Un certain Martin Luther King avait dit ʺçaʺ aussi.
[9] J’ai un rêve ... autre ...
[10] J’ai un dromadaire...
[11] Sex-appeal ...
[12] Singulier de Touarga (le ʺrʺ roulé), Touaregs.
[13] Texte mis sur le net le 25 janvier 2004, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

ILS NE CESSERONT PAS DE COMBATTRE LES CROYANTS ET LES CROYANTES

« Ils ne cesseront pas de vous combattre[1] jusqu’à ce qu’ils vous détournent de votre religion,[2] s’ils peuvent. Celui d’entre vous qui se détourne de sa religion[3] et qui meurt en mécréance,[4] ceux-là voient leurs oeuvres annihilées ici-bas et dans l’au-delà ;[5] et ceux-là sont les gens du Feu[6] où ils demeureront éternellement ».[7]



[1] Les ennemis de l’Islaam ne cesseront pas de combattre les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate).
[2] L’Islaam.
[3] L’Islaam.
[4] Qui meurt mécréant, infidèle.
[5] Dans ce bas monde et dans l’autre, dans la vie immédiate et la vie future.
[6] De l’Enfer.
[7] Alqoraane (Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara (le ʺrʺ roulé), La Vache, aayate 217 (verset 217).
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com

lundi 29 mai 2017

LIS


Lorsque l’animatrice de l’atelier d’écriture en prison m’a demandé de faire part aux autres mineurs détenus de ce que j’ai écrit, je me suis senti défaillir …
C’est comme si je recevais un poids énorme que mes forces ne pouvaient pas supporter … L’animatrice n’a pas insisté …
Le lendemain, c’est elle qui a décidé de lire son texte :
- « Allongée sur un tapis après une journée bien chargée, elle apprécie le massage de son époux, dont les mains expertes, ont une bonne connaissance de son corps et agissent là où il faut … ».
Et il est arrivé ceci :
les mots se sont mis en mouvement pour faire tomber les murs et cheminer avec moi en plein air.
L’éducateur m’a dit une fois que lui, les mots qu’il aime, le transportent et, de joie, son coeur s’envole comme un faucon …
- «  Bercée par des sons qui emplissent l’espace, son regard semble accroché au milieu du plafond de la pièce que décore un cercle entouré d’une écriture de couleur bleue.
Comme le ciel.
Une phrase calligraphiée par son homme … ».
Les mots continuent de cheminer avec moi.
Leur frôlement me procure une sensation qu’il m’est difficile de décrire …
Je suis au-delà du temps et de l’espace …
- « Elle ferme les yeux et sent en elle une délicieuse coulée de Salaam.
Paix.
Pace.
Peace …
Alors, lentement, elle s’éveille, comme émergeant d’un rêve, prend la tête de son époux entre les mains et l’embrasse sur le front … ».
Tout devient autre …
- « À son tour, il la prend dans ses bras et la couvre de baisers.
Elle est éblouissante.
Belle comme les Univers.
Ses yeux parlent au coeur et à l’esprit.
Sa peau se marie parfaitement avec sa douceur.
Son visage, sa façon d’accompagner sa parole de gestes, son sourire, l’éclat de ses dents, son corps chantent la sérénité.
Deux êtres se répandant l’un dans l’autre, se complétant l’un par l’autre en une mélodie fantastique qu’est l’ÉQUILIBRE.
De cet ÉQUILIBRE témoignent aussi le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, le vent, la mer, les cours d’eau, la terre, les saisons, les animaux, les plantes, l’arbre qui renaît … ».
Je me suis trouvé avec les mots de l’animatrice dans les cimes.
Sa voix, mélangée à celle de l’éducateur, semble, par moments, être la mienne :
- « Son regard fixe de nouveau le milieu du plafond que décore un cercle entouré d’une écriture de couleur bleue.
La phrase calligraphiée par son époux :
L’AMOUR NE MEURT JAMAIS … ».
Ce dont je ne voulais pas faire part aux autres mineurs en détention, pouvait s’écrire ainsi :
Je suis conscient de ma marche.
Le chemin a un point de départ et un point d’arrivée.
Si ma mémoire ne sait pas où donner de la tête par moments, elle se ressaisit …
Je sais que je me dois de parcourir le chemin …
À mon rythme …
Je marche à travers l’espace et le temps, pour un espace et un temps AUTRES …
Tu comprends ?
Je me souviens de DEMAIN.
Toutes les ramifications mènent à l’ÉTERNITE.
La mienne je la rêve LUMINEUSE.
Et toi ?
PAR LE SOLEIL ET SON ÉCLAT …
Trois lettres emplissent l’horizon :
LIS.[1]
  
BOUAZZA





Alphabet brodé par mon épouse.
[1] Texte mis sur le net, sans l’illustration, le 18 janvier 2004, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

AVEC GRAND-PÈRE


Normandie.
Luc-sur-Mer.
Parc.
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.[1]
  
BOUAZZA

DÉPENSER DANS LE SENTIER D’ALLAAH

« L’exemple de ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allaah est comme celui d’un grain d’où germent sept épis, dans chaque épi cent grains. Et Allaah multiplie à qui Il veut. Et Allaah est Plein de Largesse, et Il est Omniscient ».[1]



[1] Alqoraane (Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara, La Vache, aayate 261 (verset 261).
Je ne fais que reprendre ce que j’ai déjà cité.
Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com

dimanche 28 mai 2017

SE SOUVENIR DE DEMAIN ...

Connaître son passé pour comprendre son présent …
En détention, dans le quartier des mineurs, l’éducateur me parle souvent de ce point en soulignant que l’une de ses collègues en a fait le fondement de sa réflexion …
Un détenu avait une sœur qui pensait aussi beaucoup à cela …
Il me parle toujours de cette sœur qu’il a perdue … et qui lui a laissé un cahier qu’elle utilisait pour écrire sur le pays d’origine de ses parents en expliquant qu’elle arrivait ainsi à comprendre le présent …
De temps à autre, mon compagnon détenu me passe ce cahier.
Lorsque je l’ai ouvert le premier soir où je l’ai eu dans ma cellule, je n’ai pas dormi …
Je suis tombé, mais sans me faire mal, sur une coupure du quotidien  « Bas-bouche »,[1] avec une recette cul-inaire[2] de madame Anastasia « la muse gueule d’amour ...
Prendre une belle endive.
Tartiner l’intérieur avec de la crème de Roquefort, parsemer d’œufs de lump, alterner les rouges et noirs, présenter avec des oeufs de caille …
Je n’ai jamais rien mangé de semblable.
Je ne sais même pas ce que signifie une belle endive, ni comment sont les oeufs de lump … mais les rouges et noirs m’ont fait couler l’eau de la bouche à inonder la prison …
Rouges et noirs … ça me met en transe.
En y ajoutant les oeufs de caille, je n’ai pas pu empêcher mon estomac d’entamer une interminable danse du ventre, mobilisant tout mon corps, conformément à la coutume ancestrale, pas la Gauloise, l’autre, pour fêter ces mets comme il se doit, c’est-à-dire en y associant tout le monde …
Je ne vous dis pas la veillée …
Le lendemain, en dépit de la fatigue, j’ai commencé à lire les écrits de la sœur …
À mon rythme … qui cherche doucement le sens … et qui ne va pas vite pour faire le lien …
« En ce début de matinée, derrière les barreaux d’une fenêtre du poste de surveillance installé sur la colline par les forces de l’occupation française, le responsable fume une cigarette.
La bouffée d’air qui pénètre dans les lieux lui passe par dessus la tête.
Il se tourne et fixe le paysage tracé sur la carte accrochée au mur.
Avec ses troupes, il contrôle la situation après avoir procédé à un massacre généralisé.
Il est fier de la marche de la Civilisation Française.
Il a une pensée pour Clauzel, Bugeaud et autres serviteurs du colonialisme et des idéologies qui y mènent et qui en découlent … ».
Dans ce cahier, j’ai relu je ne sais combien de fois des lignes sur la RÉSISTANCE :
« Les canons de la soldatesque colonialiste tonnent.
Les balles crépitent.
La montagne explose déversant des cavaliers armés de leur FOI.
Un cheval noir.
Les ombres se rassemblent à l’APPEL.
Elles refluent comme des vagues, puis remontent …
LA RÉSISTANCE.
SAVEZ-VOUS CE QU’EST LA RÉSISTANCE ?
ET QUI VOUS DIRA JAMAIS CE QU’EST LA RÉSISTANCE ?
Le cheval noir s’éloigne … ».
J’ai discuté avec l’éducateur en détention plusieurs fois de ces écrits en lui faisant savoir qu’il me faut d’énormes efforts auxquels je ne suis pas habitué, pour les lire et des efforts encore plus grands pour les comprendre …
Il m’a toujours répondu : LIS.
« Des créatures meurent.
D’autres naissent et meurent à leur tour.
Quiconque rejette la RESISTANCE, n’a pas compris l’ESSENTIEL … ne cherche pas à saisir le Sens … ne tient pas à faire le Lien … ».
Lorsque je pose le cahier, il m’arrive de recevoir, dans la cellule, la sœur de mon compagnon détenu.
Belle comme les Univers.
Elle me connaît.
Elle me parle de moi et murmure :
« LES JOURS S’EN VONT … JE DEMEURE … ».[3]
  
BOUAZZA



[1] Babouche, babouches.
[2] Culinaire.
[3] Texte mis sur le net le 17 janvier 2004, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs. 

AVEC LA PERMISSION D’ALLAAH


« Alif Laame Raa-e.[1] Un Livre[2] que Nous[3] t’avons[4] fait descendre[5] afin que tu sortes les gens[6] des ténèbres à la Lumière avec la permission de leur Seigneur, sur la Voie du Sublime,[7] du
Louable[8] ».[9]


[1] Le ʺrʺ roulé.
Mohammad hamiid Allaah (Muhammad Hamidullah) note dans sa traduction du Qoraane que "les sourates 2, 3, 7, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 19, 20, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 36, 38, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 50 et 68 commencent non par des mots, mais par des lettres de l’alphabet, détachées en n’ayant pas de sens particulier.
Le Prophète Mohammad lui-même, sur lui la bénédiction et la paix, ne semble pas avoir précisé leur signification, d’où d’innombrables interprétations suggérées par les commentateurs anciens et modernes.
Laissons-les alors telles quelles"
Note de bas de page, Qoraane (Coran), sourate2 (chapitre 2), Albqara, La Vache, aayate 1 (verset 1), p. 2.
Kachriid (le ʺrʺ roulé) souligne que "A.L.M.". (Alif. Laame. Miime.), "les trois lettres énigmatiques qui forment le premier verset du chapitre 2 sont l’un des mystères du Qoraane Coran).
Certains disent qu’Allaah veut nous signifier ainsi qu’Alqoraane a été réalisé dans toute sa splendeur et sa perfection à partir des simples lettres de l’alphabet.
D’autres y trouvent des symboles qui auraient leur signification dans la langue syriaque.
D’autres enfin veulent les interpréter par la valeur numérique attribuée à chacune des lettres de l’alphabet.
Disons tout simplement que notre esprit n’arrivera jamais à épuiser tous les sens cachés de ce Livre sacré qui, selon un fameux hadith "sera ressuscité vierge le jour du jugement dernier" (yob’ath haadaa lkitaab yawma alqiyaama bikrane)".
Pour le verset 1, du chapitre 20, il ajoute que "la tradition veut que "Ta-Ha" et "Ya-Sine" soient des appellations élogieuses données par Allaah à Son Prophète Mohammad, sur lui la bénédiction et la paix".
Salaah Addiine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), traduction du Qoraane (Coran), Lobnaane (Liban), Bayroute (Beyrouth), éditions Daar Algharb Alislaamii, cinquième édition, 1410 (1990), première édition, 1404 (1984).
Notes en bas des pages 2 et 406.
[2] Alqoraane (le ʺrʺ roulé), Le Coran.
Alqoraane est la continuation, la synthèse et le parachèvement du Message d’Allaah.
Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix, a eu pour mission de le transmettre.
Dans sa traduction du Qoraane, Kachriid (les r roulés) écrit que les anciennes Écritures étaient des codes transitoires qui devaient tous être abrogés par les révélations suivantes.
Alqoraane étant la forme définitive et parfaite du Livre, Allaah a pris en charge de le sauvegarder jusqu’à la fin du monde ; tandis que tous les autres Livres ont été plus ou moins défigurés, Alqoraane est resté intact, tel qu’il a été révélé à Mohammad, l’ultime Prophète et Messager, sur lui la bénédiction et la paix.
Salaah Addiine Kachriid (Salah Eddine Kechrid), op.cit, note en bas de la page 338.
les Prophètes et les Messagers sur eux la bénédiction et la paix, ont tous eu pour mission de transmettre ce qui leur a été révélé par Allaah.
La multiplicité des révélations se rapporte aux diverses étapes du Message d’Allaah.
C’est dire que l’Islaam ne commence pas à l’époque où Mohammad a entamé sa mission de Prophète et de Messager sur lui la bénédiction et la paix.
L’Islaam commence, pour l’humanité, avec Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix.
Avec Mohammad sur lui la bénédiction et la paix, Allaah annonce le parachèvement du Message :
ʺAujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et J’ai accompli sur vous Mon bienfait et J’ai agréé pour vous l’Islaam comme religionʺ.
Alqoraane (le Coran), sourate 5 (chapitre 5), Almaa-ida, La Table, aayate 3 (verset 3).
[3] Allaah.
[4] Allaah s’adresse à Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix.
[5] Voici un Livre que Nous avons fait descendre sur toi.
[6] Annaaçe, les humains.
[7] L’Irresistible, Al’aziiz.
[8] Digne de louange, Alhamiid.
[9] Alqoraane (le Coran), sourate 14 (chapitre 14), Ibraahiime (le ʺrʺ roulé), Abraham, aayate 1 (verset 1).
[9] Voir :
http://deshommesetdesfemmes.blogspot.com

samedi 27 mai 2017

ALBADR

Tala’a albdr[1] ‘alaynaa.
La pleine lune s’est levée sur nous.[2]



[1] Le ʺr roulé, la pleine lune.
[2] la pleine lune s’est levée au dessus de nous.
Ainsi commence le chant par lequel les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate) ont accueilli Mohammad, l’ultime Prophète et Messager sur lui la bénédiction et la paix à son arrivée à Yathribe(le ʺr roulé) devenue Almadiina (Médine), lorsqu’il a été menacé de mort et exilé de Makka (La Mecque) par les ennemis de l’Islaam.

LES CHIENS BOIVENT, LA CARAVANE TRÉPASSE ...

J’ai reçu une lettre de mon pote et je n’arrête pas de la relire, chaque fois que je regagne ma cellule.
Je suis dedans, il est dehors mais nous sommes ensemble … un vrai pote …
Ce qu’il m’écrit, c’est des trucs de ouf …[1]
La semaine dernière, une loisegau[2] qu’il connaît lui a raconté qu’elle s’est achetée un joint pour sa mère … il a flippé … il avait beaucoup de mal à y croire …
Alors le lendemain, il a cherché à savoir plus …
Elle a confirmé en précisant que c’était dans une droguerie où sa mère avait ses habitudes … Merde …
J’hallucine …
Mon pote a fini par découvrir que la droguerie ce n’est pas un endroit plein de drogue …
Il a donc dépoussiéré un peu ses neurones, comme Maigret,[3] et a capté que le joint acheté par la loisegau n’était pas ce que vous croyez, mais un joint pour la cafetière italienne de sa mère, dans une quincaillerie du coin, ou droguerie …
Sa mère … celle-là …
J’étais mort de rire …[4]
Les surveillants ont entendu dire « mort de rire » et ont conclu que j’étais mort.
Ils ont informé le service médical qui a commencé les démarches pour mon transfert à la morgue …
À la Maison d’Arrêt, on ne rigole pas avec les mots.
Dans « mort de rire » il y a mort … donc morgue …
Il m’a fallu beaucoup d’énergie pour prouver que j’étais encore « apte à rester en détention » … que la vie est encore en moi comme mon zob[5] en témoigne …
Et ce n’était pas un faux témoignage …
Dans la même lettre, mon pote continue de me parler de sa loisegau qui s’est rendue en pharmacie pour demander un thermomètre auri-cul-aire[6] qui coûte quarante cinq euros …
Je ne sais pas ce que signifie auri-cul-aire.
Je regarderais dans Larousse pour ça.
Pas la juge.[7]
Le dictionnaire.
Vous vous rappelez ?
C’est bien.
Alors que ceux zé celles[8] qui se rappellent, informent celles zé ceux qui ne savent pas …
Pour la recette concernant les pieds de veaux, lkar’ine, aussi …
Mais revenons au thermomètre.
Vu le prix, moi j’aurais pris un thermomètre cul-aire tout simplement.
C’est beaucoup moins cher, et tout le monde connaît.
Non ?
- C’est de la merde je te dis …
- Je sais que c’est de la merde …
J’ai toujours su que c’est de la merde.
Ce qui me fait chier c’est que personne n’arrive à s’en débarrasser …
- La merde, personne ne peut s’en débarrasser …
- Merde alors …
Au café « French con-con », affalés au zinc, devant leur énième verre d’alcool, deux zombies « échangent » sur les mineurs délinquants …
Mon pote me parle de cela aussi dans sa lettre.
Il est allé dans ce café pourri qu’il ne connaissait pas pour voir quelqu’un qui n’est même pas venu …
Mon pote m’écrit qu’il s’en bat les couilles de ce qu’il a entendu …
Il dit ça par pudeur mon pote …
Il n’étale pas sa souffrance … comme on étale je ne sais quoi …
Il dit ça pour ne pas déshabiller son cœur …
Mais moi je le connais …
Il est comme moi …
Kif kif …[9]
En ce moment, les deux zombies ont sûrement déjà les gueules explosées …
Dans un coin de rue, à proximité du « French Con-con » …
Ils avaient beaucoup de mal à mettre les yeux en face des trous, alors ils ont glissé sur une peau de banane basanée …
Comme mon pote …
Qui a le même profil que le mien …
Un écrit-vain[10] rappelle que les zombies ont des mères mal-baisées.
Parmi les mal-baisées, certaines éducatrices sont bien classées et contribuent à faire des zombies, des zombies encore des zombies … des zombies, des zombies, toujours des zombies.
Je parle à l’éducateur en détention des deux zombies du café.
Il me lance un proverbe, m’invite à le retenir, à en faire part à mon pote dans ma réponse après avoir fait appel à ce qui me sert de cervelle (il aime souvent me dire cela), puis nous en discuterons après …
« Les ducs à tiffes »[11] … Quoi …
J’ai attrapé sans mal le proverbe qui vient de je ne sais quelle cité.
Je l’ai instantanément retenu.
Comme une phrase de rap.
Il est peut-être d’un rappeur d’ailleurs …
Putain …
Ça me botte …
Mon pote va aimer aussi …
Le proverbe dit :
« Les chiens aboient, la caravane passe ».
Qu’est ce que vous en dites, vous ?[12]
  
BOUAZZA




[1] De fou.
[2] Une gauloise.
[3] Le commissaire Maigret, feuilleton télévisuel.
[4] MDR.
[5] Zeb, bite, pénis.
[6] Auriculaire.
[7] La rousse.
[8] Ceux et celles.
[9] Pareils, les mêmes.
[10] Un écrivain.
[11] L’éducatif.
[12] Texte mis sur le net le 10 janvier 2004, selon le calendrier dit grégorien.