C’est
un mineur délinquant qui a été incarcéré aujourd’hui même, pour « délit
d’entrave à l’entrée d’un hall d’immeuble ».
Il
n’a pas seize ans.
Enfermé
dans sa cellule, il n’arrive pas à dormir.
- Tu dors ?
- Oui.
Et toi ?
- Moi aussi.
Raconte-moi ton songe.
- Lequel ?
- Le dernier.
- Je te l'ai déjà raconté.
- Raconte-le encore.
- Tu es comme dans le premier songe.
Le paysage me rappelle un souvenir lointain et en même
temps proche.
Un vent glacial arrache les êtres comme des troncs de
palmiers déracinés.
Les vannes du ciel s'ouvrent en des flots abondants.
De la terre jaillissent des eaux qui rejoignent les flots.
Sur une étendue infinie, les êtres réapparaissent comme une
marée de sauterelles.
La végétation se voile et se dévoile.
Les pierres sont multicolores.
La terre est rouge.
Parallèlement au sentier que tu suis coule un fleuve, sans
bruissement, au milieu de galets verts. Le soleil est foncé et le ciel orange.
Je te vois à travers une fumée. Je suis comme tourmenté mais au fond, serein.
Le soir arrive en flots silencieux et répand le parfum du
sol après un orage d'été.
Par moments, tu donnes l'impression de reculer mais tu
avances.
Tu te diriges vers un arbre.
Tu t'élances pour l'atteindre.
Tu sembles essoufflée, comme si tu allais abandonner, mais
quelque chose de très fort en toi te soutient.
La terre, les pierres, les plantes, le fleuve, l'arbre sont
emportés dans les airs.
Il n'y a ni chaleur, ni froid. Il n'y a plus de fumée.
Je te regarde.
Tu es belle comme les Univers.
Tu ne dis rien mais je t'entends.
Ton silence me parle toujours.
En moi, ton rire irrigue mes sens …
- Tu es réveillée ?
- Non.
Et toi ?
- Moi non plus.
- Alors dors bien.
- Toi aussi.
C'est souvent ainsi, la nuit, entre des créatures de rêves
…[1]
BOUAZZA
[1] Texte mis sur le net le 11
novembre 2003, selon le calendrier dit grégorien, à partir d'écrits antérieurs.
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