mardi 30 mai 2017

« LES DUCS Á TIFFES » ...

Habitué à s’allonger, pas sur le divan du psy, il pense avec nostalgie à la période dite de formation où le slogan de ralliement était : « baisons futés » …
Con-densé[1] d’une « pensée pénétrante » …
Affalé devant le dossier d’un mineur délinquant placé par un magistrat dans cette structure dite d’hébergement, il se demande, deux mois après son arrivée comme éducateur, combien de temps va-t-il encore rester …
Il ne comprend rien à ce jeune qui l’insulte copieusement chaque fois qu’il lui rappelle « le rapport à la loi » … pour l’aider à se « structurer » … à retrouver ses « repères » … et à préparer sa « socialisation » …
Il ne comprend rien à la famille et aux rapports en son sein …
Il ne saisit pas la place des uns et des autres …
Le parcours des uns et des autres …
Il est con-vaincu[2] qu’il ne peut arriver à rien … mais il ne doit pas le dire …
Les mites[3] s’entretiennent et il se doit – dans le cadre du travail d’équipe – de débiter un baratin de circonstance pour être dans le moule …
Ce mineur délinquant « met tout en échec » … il est une « patate chaude », un « incasable »… Suite à un « profond travail d’équipe » … il a été décidé de préparer une note au magistrat pour obtenir une « main levée » qui signifie que le mineur doit absolument aller se faire voir ailleurs …
Lorsque la flamme faiblit, l’éducateur se rend parfois dans un bar pour retrouver des collègues « engagés » comme lui …
Dans la pénombre enfumée, il sirote du whisky-coca-cola, en débattant de « la contradiction principale et des contradictions secondaires » pour dégager les positions à adopter au sein de l’administration qui l’emploie, afin que le saint-dit-cas[4] continue d’entretenir les mites au logis[5]
Les moments au bar le replongent dans des souvenirs d’atmosphères des temps de la formation … autrefois … jadis … la dialectique de la militance … les affrontements à coup de citations … les nuages formés par la fumée … les bouteilles d’alcool vides … les couples qui petit à petit s’éclipsent pour aller continuer la dialectique sous forme de fornication sur fond de musique à message et de cris et chuchotements « engagés », avant de sombrer dans les « bras de Morphée », entourés des condensés de la « pensée pénétrante » et d’affiches de la « création cul-turelle » …
« Les ducs à tiffes »[6]
Vous connaissez ?
« Détricoter », « retricoter », garder le « fil rouge » …
Vous vous souvenez ?
Le whisky-coca-cola aidant, l’éducateur di-vague[7]
I have a dream …[8]
I have a dream … other …[9]
I have a dromadaire…[10]
Il regarde sa paire en train de se déhancher et lance : quel sexe à piles[11] … puis s’effondre sur l’épaule d’un pote et s’endort …
Des paroles lui parviennent, il ne sait comment … des paroles d’une chanson douce que ne lui chantait pas sa mère … mais un Targui,[12] nomade du désert …
Le dromadaire qui dort ne voit pas partir la caravane…
Vous comprenez ?[13]
  
BOUAZZA



[1] Condensé.
[2] Convaincu.
[3] Les mythes.
[4] Le syndicat.
[5] Les mythologies.
[6] L’éducatif.
[7] Divague.
[8] J’ai un rêve ...
Un certain Martin Luther King avait dit ʺçaʺ aussi.
[9] J’ai un rêve ... autre ...
[10] J’ai un dromadaire...
[11] Sex-appeal ...
[12] Singulier de Touarga (le ʺrʺ roulé), Touaregs.
[13] Texte mis sur le net le 25 janvier 2004, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

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