Vous
vous souvenez ?
Je
suis l'arbre qui renaît …
Je
vous parlerais peut-être un jour ou une nuit, de certains moments avec cet
éducateur qui s'intéresse à la « délinquance juvénile » pour un
accompagnement en détention …
J'ai
quitté ma cellule et lui est resté là-bas, avec d'autres …
Dans
cette marche, ils sont tous avec moi par la pensée. Nous allons vers les cimes,
à la rencontre des liens entre les rives de la Mer Blanche Intermédiaire … Albahr Alabyad Almotawassite … La Mer Méditerranée …
Vous
vous souvenez ?
Enveloppé
dans un manteau, je suis au milieu de la multitude venue de tous les horizons.
De
toutes les conditions.
De
tous les âges.
Des
couleurs.
Des
mouvements.
Des
hommes.
Des
femmes.
Des
enfants.
Nous
marchons.
La
nuit n'était pas encore remplacée par le jour lorsque l'appel fut lancé.
De
tous les cœurs s'éleva le chant de la marche : NAISSANCE...
Pour
qui marchons-nous ?
Les
« médias » se posent la question.
Et à
coups de rappels historico-économico-politico-socio-cul-turels et autres
répondent : c'est une terrible menace …
C'est
suce-pet, trés suspect …
Le
« journaliste » con-pétant fait son travail
« d'information » de l'opinion pub-lique …
La
marche continue.
Je
retrouve la musique de l'eau …
L’eau
d'où jaillit toute chose vivante …
Une
halte au bord du fleuve …
De
mémoire de Rhône, jamais tant d'êtres en même temps ne se sont lavés ici avec
tant de ferveur …
Le
mistral balaya la brume.
Une
voix répandit l'émotion …
Par
le soleil et par son éclat …
Les
oiseaux reprirent le chant du jour naissant.
Le
fleuve se voyait couler dans les yeux de la multitude et sa mélodie se pressait
pour se mélanger à la Mer Blanche Intermédiaire.
Et
il en fut ainsi : tous ceux qui entendirent ce jour-là la mélodie du
Rhône, tout le long de son parcours, sentirent dans leur poitrine des
battements, tels ceux du cœur de la mère, que je garde en moi …
Je
marche et me mélange avec la nature …
Le
ciel me tend la main et entretient les frissons de mon cœur …
Mon
rire illumine l'espace …
Un
fabuleux feu d’artifice …
Le
temps ne compte pas …
Elle
marche en moi.
Belle
comme les Univers.
Subitement,
elle s’étendit sur la grève.
Un
cercle s’est tout de suite formé autour d’elle et ce fut comme si tout le monde
fut en elle pour voir ce qu’il faut voir avec le cœur.
L’accouchement
a commencé …
Au
bout d’un moment, un homme s’est dégagé du cercle.
L’enfant
dans les bras de sa mère agitait ses mains comme s’il voulait attraper le ciel.
-
C’est une fille, dit la mère.
L’homme
posa un baiser sur le front de son épouse, prit sa fille avec amour, l’embrassa
sur les yeux qui déjà, brillaient comme des perles.
-
Elle est pure.
Comme
ton regard, dit-il à la mère.
Celle-ci
s’est assise et semble fouiller les cœurs de ceux qui l’entourent.
Une
voix lointaine chante la renaissance de l’arbre …
La
mère emplit ses yeux de lumière.
Son
cœur semble débarrassé de toute peine.
Elle
sait qu’il n’y a pas mieux que la Terre pour lit et le Ciel pour abri.
Elle
est apaisée.
Sereine.
Sa
fille fut prénommée Safiyya.
Pure.[1]
BOUAZZA
[1] Texte
mis sur le net, sans la photo, le 22 novembre 2017, selon le calendrier dit
grégorien, à partir d’écrits antérieurs.
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