mercredi 17 mai 2017

NAISSANCE …


Vous vous souvenez ?
Je suis l'arbre qui renaît …
Je vous parlerais peut-être un jour ou une nuit, de certains moments avec cet éducateur qui s'intéresse à la « délinquance juvénile » pour un accompagnement en détention …
J'ai quitté ma cellule et lui est resté là-bas, avec d'autres …
Dans cette marche, ils sont tous avec moi par la pensée. Nous allons vers les cimes, à la rencontre des liens entre les rives de la Mer Blanche Intermédiaire … Albahr Alabyad Almotawassite … La Mer Méditerranée …
Vous vous souvenez ?
Enveloppé dans un manteau, je suis au milieu de la multitude venue de tous les horizons.
De toutes les conditions.
De tous les âges.
Des couleurs.
Des mouvements.
Des hommes.
Des femmes.
Des enfants.
Nous marchons.
La nuit n'était pas encore remplacée par le jour lorsque l'appel fut lancé.
De tous les cœurs s'éleva le chant de la marche : NAISSANCE...
Pour qui marchons-nous ?
Les « médias » se posent la question.
Et à coups de rappels historico-économico-politico-socio-cul-turels et autres répondent : c'est une terrible menace …
C'est suce-pet, trés suspect …
Le « journaliste » con-pétant fait son travail « d'information » de l'opinion pub-lique …
La marche continue.
Je retrouve la musique de l'eau …
L’eau d'où jaillit toute chose vivante …
Une halte au bord du fleuve …
De mémoire de Rhône, jamais tant d'êtres en même temps ne se sont lavés ici avec tant de ferveur …
Le mistral balaya la brume.
Une voix répandit l'émotion …
Par le soleil et par son éclat …
Les oiseaux reprirent le chant du jour naissant.
Le fleuve se voyait couler dans les yeux de la multitude et sa mélodie se pressait pour se mélanger à la Mer Blanche Intermédiaire.
Et il en fut ainsi : tous ceux qui entendirent ce jour-là la mélodie du Rhône, tout le long de son parcours, sentirent dans leur poitrine des battements, tels ceux du cœur de la mère, que je garde en moi …
Je marche et me mélange avec la nature …
Le ciel me tend la main et entretient les frissons de mon cœur …
Mon rire illumine l'espace …
Un fabuleux feu d’artifice …
Le temps ne compte pas …
Elle marche en moi.
Belle comme les Univers.
Subitement, elle s’étendit sur la grève.
Un cercle s’est tout de suite formé autour d’elle et ce fut comme si tout le monde fut en elle pour voir ce qu’il faut voir avec le cœur.
L’accouchement a commencé …
Au bout d’un moment, un homme s’est dégagé du cercle.
L’enfant dans les bras de sa mère agitait ses mains comme s’il voulait attraper le ciel.
- C’est une fille, dit la mère.
L’homme posa un baiser sur le front de son épouse, prit sa fille avec amour, l’embrassa sur les yeux qui déjà, brillaient comme des perles.
- Elle est pure.
Comme ton regard, dit-il à la mère.
Celle-ci s’est assise et semble fouiller les cœurs de ceux qui l’entourent.
Une voix lointaine chante la renaissance de l’arbre …
La mère emplit ses yeux de lumière.
Son cœur semble débarrassé de toute peine.
Elle sait qu’il n’y a pas mieux que la Terre pour lit et le Ciel pour abri.
Elle est apaisée.
Sereine.
Sa fille fut prénommée Safiyya.
Pure.[1]

BOUAZZA




[1] Texte mis sur le net, sans la photo, le 22 novembre 2017, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

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