lundi 15 mai 2017

LE CÂBLE ... A PÉTÉ... OU IL A PÉTÉ ... UN CÂBLE ... ?

Il n'est pas donné, dit-on au Mghrib,[1] à tout le monde, d'apprécier les délices du gingembre.
Autrement dit, il y a lieu d'éviter de donner à croquer ce qui est dur à un être sans dentition.
C'est ce que les Chinois expliquent en précisant que lorsque le doigt indique la lune, il y a des êtres qui ne voient que le doigt.
C'est vous dire combien je suis heureux d'apprécier les délices du gingembre que sont certains mots … qui me transportent vers la lune … « m'apaisent et me domptent, me poussant à m'aventurer hors de ma geôle … » pour contempler « sur l'herbe mate des vaches qui rêvent… ».
- Arrête d'écrire pépé et raconte-moi le dialogue entre les deux représentants de l'Etat, dit Mkhzn[2] dans ton bled d'origine … de l'autre côté de la Mer Blanche Intermédiaire … Albahr Alabyad Almoutawassite … la Mer Méditerranée …
- Je te l'ai déjà raconté.
- Raconte encore.
- La situation est devenue subitement incontrôlée comme dirait le représentant du Mkhzn, sous couvert de la voie hiérarchique de l'Etat métropolitain qui lui a transmis le relais pour asseoir la moudirniti[3] et tout ce qui sans-suie.[4]
Le représentant du Mkhzn au niveau loup-cale[5] s'agite dans ses murs :
- Allô … à l'eau …
- Tuuee … tuuee …
- Allô … à l'eau … j'essuie l'auto-rité loup-cale.[6]
- ICI L’ÉTAT.
MAROC.
RABAT.
PARLEZ.
- Rabat? Joie.
Coment safa?
- Rabat.
Joie réciproque.
 Ça va.
- Tout allait bien … la roue-tine[7] … coua[8]
- Venons-en aux faits.
- Aux fêtes.
Super.
Le méchoui,[9] le couscous, la passe-tilla,[10] la danse du ventre avec les bas-bouches[11] climatisées … sal-yves[12] mon frère … salive …
- Les faits.
F.A.I.T.S.
Compris?
- Con-pris.
J'essuie dix-bordées.[13]
- Tu es débordé?
- C'est glissant, comme du saboune[14]
- Qu'est-ce qui est glissant comme du savon?
- Ils ri-tournent à la prime-itiviti at à la barre-bari …[15]
- Ils n'ont rien compris alors à la modernité.
Et toi fais attention à la prononciation.
C'est du domaine de l'AU-TO-RI-TÉ.
Il en va de l'édification de l'Etat moderne.
Ne jamais l'oublier, sinon …
- Il ne fou-pas m'en fou-loir mon frire[16] … je fais tous les jours, même le dimanche où je ne travaille pas, dix-zi-fours con-ce-temps … bourre ma milyouri …[17]
- C'est bien de faire des efforts constants pour t'améliorer.
Il faut en faire aussi le samedi puisque tu ne travailles pas non plus.
Sans parler des autres jours de la semaine …
- J'en fais, j'en fais mon frère, cependant ma langue n'a pas d'os et les mots qu'elle fait ne sont pas toujours fermes et les connes-rient, sans le fou-loir [18]… j'en fais … la tension[19] est bonne …
- Oui, l'intention est bonne.
Très bien.
- Pourquoi tu téléphones ?
- Pourquoi jeter les faunes ?[20]
- Parce que je ne sais pas ce qu'ils veulent.
J'essuie dix-bordés … ji mounque dit-fictif.[21]
- Tu es débordé et tu manques d'effectif ?
- Ils répètent tous : rêve … au lit … rêve … au lit …. révolition[22] … Allô … à l'eau … mirde … six-coups[23] … paix …[24]
  
BOUAZZA




[1] Le ʺrʺ roulé, Maroc.
[2] Note qui ne figurait pas dans le texte auparavant et j’ajoute pour plus de clarté.
Du mot arabe ʺalmakhzaneʺ.
Mkhzn.
Le makhzen.
Terme qui renvoie à magasin, et qui s’appliquait à l’origine à l’entrepôt de stockage des vivres accumulés par ʺle sultanʺ.
Du mot arabe ʺsoltaaneʺ, titre que s’attribuait au Maroc un personnage soutenu par un groupe ou plusieurs, un clan ou plus, appuyé par des moyens armés, religieux, économiques, culturels et autres, pour dominer une population, contrôler un territoire et exercer la tyrannie en imposant ce qui a été appelé en français un ʺsultanatʺ.
Avant le colonialisme, cette tyrannie avait du mal à s’imposer face aux luttes des populations et le ʺpouvoirʺ du ʺsultanʺ était limité à ce que le colonialisme a appelé ʺbled lmkhznʺ (le pays du makhzen) ou ʺMaroc utileʺ, face à ce qu’il a appelé ʺbled sibaʺ (pays de l’anarchie ou Maroc inutile) pour désigner les régions qui contestaient le ʺpouvoir″ du sultanʺ.
La soldatesque colonialiste a fait en sorte que ʺle sultanatʺ regroupe le ʺMaroc utileʺ et le ʺMaroc inutileʺ.
ʺLe sultanʺ est devenu ʺroiʺ et ʺle sultanatʺ a été transformé en ʺmonarchie héréditaireʺ dite ʺde droit divinʺ.
Une tyrannie qui se réfère toujours à l’Islaam pour tenter de donner une sorte de ʺlégitimitéʺ à l’imposture que l’Islaam rejette, dénonce, condamne et combat.
Les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate) savent que des régimes de ce genre, n’ont rien à voir avec l’Islaam, que les individus placés à leur ʺtêteʺ sont des imposteurs et que depuis des lustres, aucun État Musulman n’existe plus, nulle part.
ʺL’indépendance dans l’interdépendanceʺ, statut octroyé par le système colonialo-impérialo-sioniste, et qui s’est traduit dans les colonies par la multiplication des ʺÉtatsʺ supplétifs, subordonnés avec plus ou moins de zèle, de soumission et de servilité dans l’exécution des ordres des métropoles et autres employeurs, poursuit l’imposture.
Ces ʺÉtatsʺ sont fondés sur le crime, la trahison, la tromperie, la corruption, l’injustice, la perversion, la débauche, le mensonge, le pillage, l’oppression, l’exploitation, le viol, la tyrannie, la torture, l’enfermement, la négation de l’être humain.
Le régime qui sévit auc Maroc, est toujours appelé ʺlmkhznʺ par les populations.
[3] Le ʺrʺ roulé, la modernité.
[4] Ce qui s’ensuit.
[5] Local.
[6] Je suis l'autorité locale.
[7] La routine.
[8] Quoi...
[9] Viande grillée.
[10] Pastilla, bstila.
[11] Babouches.
[12] Salive.
[13] Je suis débordé.
[14] Savon.
[15] Ils retournent à la primitivité et à la barbarie.
[16] Il ne faut pas m’en vouloir mon frère.
[17] Des efforts constants ... pour m’améliorer...
[18] Et les conneries sans le vouloir
[19] L’intention.
[20] Pourquoi je téléphone ?
[21] Je manque d’effectif.
[22] Révolution.
[23] Merde c’est coupé.
[24] Texte mis sur le net le 14 novembre 2003, selon le calendrier dit grégorien, à partir d'écrits antérieurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire