mardi 25 juillet 2023

SUITE DE LA DEUXIÈME JOURNÉE À AGAADIIR


Pour la troisième journée, j’ai reçu une suite de la deuxième :
« Nous nous sommes rendus donc en voiture  à Imi Wadaar.
Nous sommes passés par Awrir,[1] un petit village avec des vendeurs de bananes partout, et des
senteurs de Tajiines[2] que nous n’avons pas goûté, mais comptons le faire une autre fois et acheter des bananes.
Arrivé à notre destination, nous nous somme garés dans un parking à cinq dirhams,[3] et avons rejoint la plage.
Les enfants se sont mis tout de suite dans l’eau.
Je me suis mis à l’ombre à côté de quelques swasaa[4] qui préparaient un Tajiine en jouant aux cartes, à rrouneda.[5]
Partout des vendeurs ambulants de thé, de café,[6] de gâteaux, de beignets, de glaces, et autres.
Certains proposent une petite balade à dos de dromadaires ou de petits chevaux.
Des activités qui permettent à ces personnes de se faire un peu d’argent.
Les enfants, ravis d’être dans l’eau, n’en sortent que rarement pour jouer au ballon.
Ils préfèrent se baigner.
Et voilà qu’aladaane[7] de la prière d’addohr me parvient et m’enchante : alhamdo lillaah ».
J’ai répondu :
« Qu’Allaah accepte ta prière.
Au Maroc,[8] lorsque j’étais jeune, beaucoup de médecins considéraient que certains de mes problèmes de santé provenaient de l’asthme dû à une allergie au climat du littoral, et conseillaient de m’éloigner de la mer.
À Agaadiir je n’avais pas de problème et je profitais de la mer.
Mais j’étais obligé de venir en France[9] pour des études universitaires que je ne pouvais pas suivre à Rabat, ville de littoral que je ne supportais pas.
En France, je retrouvais la mer chaque fois que je le pouvais.
La mer, ce bienfait d’Allaah qui s’ajoute aux innombrables autres bienfaits dont Il nous comble, est un pétillement intime, un ravissement, un bonheur : alhamdo lillaah.
Lorsque je suis à la mer, je crois que je suis plus attentif.
J’écoute les vagues.
Flux et reflux.
« Une autre vague vient par-dessus la première et fulgure. Etincelle et ruisselle d’une vie nouvelle. Sans nombre, débordant par-delà les rives du temps, de l’éternité à l’éternité d’autres vagues naissent et meurent, se couvrant et se renouvelant, ajoutant leur vie à la vie. D’aussi loin qu’on les entende, toutes ont la même voix, répètent le même mot : paix, paix, paix … »[10]
Et me voilà plongé dans des pensées.
Je pense au temps qui continue de s’écouler.
Aux saisons qui succèdent aux saisons.
À l’alternance des jours et des nuits.
Aux signes[11] qui sont partout.
À la miséricorde d’Allaah qui m’aide à les observer et à réfléchir.[12]
Aux souvenirs qui s’assemblent.
Aux pensées qui se rassemblent.
Aux mots qui s’associent.
À la mémoire qui résonne au rythme de l’inoublié.
Je suis parmi vous, ravi de ce séjour dans le Sud du Maroc, et content de constater que mon maréchal et les siens baignent dans la foi et la bonne humeur ». 
 
BOU’AZZA

Cette photo a été prise à Nice en France.

[1] Le « r » roulé, Aourir.
[2] Tajine, ragoût de composition variée constituant l’un des plats principaux au Maroc.
C’est aussi le nom du plat en terre cuite avec un couvercle de forme conique qui est est encore utilisé parfois pour faire cuire tajine ou le servir.
[3] Le « r » roulé, cinquante centimes d’euro.
[4] Masculin pluriel de Sousi, de la région de Sous (Sousiyya est le singulier au féminin, et Sousiyyaate est le pluriel au féminin).
[5] Le « r » roulé, arrouneda, jeu très répondu au Maroc.
Se joue avec des cartes espagnoles.
[6] Je me suis offert un à cinq dirhams.
[7] L’appel à la prière.
[8] Maghrib (le « r » roulé).
[9] Franeçaa (le « r »roulé).
[10] Driss Chraïbi, La Civilisation ma Mère !..., Paris, Editions Denoël, 1972, p. 14.
Idriis Achchraaïbii (les « r » roulé).
[11] Aayaate, pluriel de Aaya.
[12] Méditer sur le jour qui se lève, sur le soleil et ses lueurs matinales, sur la lune quand elle vient après lui, sur la nuit qui s’étend, sur la terre, la mer, le ciel qui se rejoignent.
Aimer à retrouver la Raison.

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