lundi 5 juin 2017

DE FIL EN AIGUILLE ...

« Marinella, j’ai pris tes jambes pour tes bras et quand je m’en suis aperçu, j’avais ma bouche sur ton cul ».
Depuis un long moment, un détenu du quartier « adultes » diffuse à tue-tête cette prose en espérant atteindre les quatre points cardinaux de la prison et donc le quartier « mineurs » qui n’est pas en reste dans ce genre de dynamique …
Une manière, pas comme une autre, de « fêter » le printemps …
« La petite Marie qui fait couscous, moi par derrière je fais pousse pousse.
Aïe, aïe la petite Marie aïe aïe la petite Marie ».
Dès qu’on parle couscous, les mères Guez[1] suivent … et le reste …
Le tout est repris en autant de langues que les multiples origines ethniques des détenus Français et déclenche d’infinies improvisations sur ce thème « revigorant » …
Des fonctionnaires, lâchés parmi cette France multi-ethnique et multi-langues, tentent de s’occuper au « mieux » …
Par moments, certains dont le « cerveau » est au bas de la ceinture cherchent à l’utiliser avec celles dont la « pensée » est entre les cuisses …
Cela fait « saliver des braguettes » et « mouiller des cul-ottes »,[2] en attendant des instants plus « zintimes »,[3] y compris pour celles zé ceux[4] qui « vivent maritalement avec quelqu’un » et font des « galipettes » avec d’autres, dans un va-et-vient qui leur permet « de se découvrir autrement », contribuant ainsi à l’exploration en profondeur d’étendues encore mal connues, pas vierges certes … mais « mal connues » …
Ce qui permet de faire « progresser énormément la lutte pour la Liberté … et … le droit de disposer de son corps … ».
Sous le fumier la graine ou comme disait l’autre, sous les pavés, la plage …
Dans un endroit qui paraît être « ailleurs » par rapport au reste, des mots Autres ruissellent à travers les barreaux de la cellule d’un détenu, répandant l’émotion, y compris parmi les corbeaux et les mouettes autour de la prison.
Une voix de murmureur :
« Tu ne t’es point préparé à accueillir ce qui t’arrive …
Tu as oublié que parfois la clarté n’apparaît que dans les ténèbres …
Les feuilles s’étiolent, les branches s’affaiblissent et l’arbre est à l’agonie …
Mais la sève est là.
Elle résiste.
Les feuilles repoussent, les branches se revitalisent, l’arbre renaît …
Tu es l’arbre qui renaît.
L’arbre vert au milieu des chaumes …
Je me vois en toi …
Je nous vois beaux comme les univers.
Les ruisseaux coulent dans nos corps …
La Source irrigue nos racines …
De l’eau jaillit toute chose vivante … ».[5]
  
BOUAZZA



[1] Merguez.
[2] Culottes.
[3] Plus intimes.
[4] Celles et ceux.
[5] Texte mis sur le net le 28 mars 2004, selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

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