« Marinella,
j’ai pris tes jambes pour tes bras et quand je m’en suis aperçu, j’avais ma
bouche sur ton cul ».
Depuis
un long moment, un détenu du quartier « adultes » diffuse à tue-tête
cette prose en espérant atteindre les quatre points cardinaux de la prison et
donc le quartier « mineurs » qui n’est pas en reste dans ce genre de
dynamique …
Une
manière, pas comme une autre, de « fêter » le printemps …
« La
petite Marie qui fait couscous, moi par derrière je fais pousse pousse.
Aïe,
aïe la petite Marie aïe aïe la petite Marie ».
Dès
qu’on parle couscous, les mères Guez[1]
suivent … et le reste …
Le
tout est repris en autant de langues que les multiples origines ethniques des
détenus Français et déclenche d’infinies improvisations sur ce thème
« revigorant » …
Des
fonctionnaires, lâchés parmi cette France multi-ethnique et multi-langues,
tentent de s’occuper au « mieux » …
Par
moments, certains dont le « cerveau » est au bas de la ceinture
cherchent à l’utiliser avec celles dont la « pensée » est entre les
cuisses …
Cela
fait « saliver des braguettes » et « mouiller des
cul-ottes »,[2] en attendant des instants
plus « zintimes »,[3] y
compris pour celles zé ceux[4] qui
« vivent maritalement avec quelqu’un » et font des
« galipettes » avec d’autres, dans un va-et-vient qui leur permet
« de se découvrir autrement », contribuant ainsi à l’exploration en
profondeur d’étendues encore mal connues, pas vierges certes … mais « mal
connues » …
Ce
qui permet de faire « progresser énormément la lutte pour la Liberté … et
… le droit de disposer de son corps … ».
Sous
le fumier la graine ou comme disait l’autre, sous les pavés, la plage …
Dans
un endroit qui paraît être « ailleurs » par rapport au reste, des
mots Autres ruissellent à travers les barreaux de la cellule d’un détenu,
répandant l’émotion, y compris parmi les corbeaux et les mouettes autour de la
prison.
Une
voix de murmureur :
« Tu
ne t’es point préparé à accueillir ce qui t’arrive …
Tu
as oublié que parfois la clarté n’apparaît que dans les ténèbres …
Les
feuilles s’étiolent, les branches s’affaiblissent et l’arbre est à l’agonie …
Mais
la sève est là.
Elle
résiste.
Les
feuilles repoussent, les branches se revitalisent, l’arbre renaît …
Tu
es l’arbre qui renaît.
L’arbre
vert au milieu des chaumes …
Je
me vois en toi …
Je
nous vois beaux comme les univers.
Les
ruisseaux coulent dans nos corps …
La
Source irrigue nos racines …
De
l’eau jaillit toute chose vivante … ».[5]
BOUAZZA
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