jeudi 22 juin 2017

LE DOIGT ET LA LUNE ...


Très autrefois, loin dans le temps et ailleurs, il s’est mis à parler une langue d’où jaillit ce qui a existé avant le langage …
Des mots sur l’avènement de l’événement …
Une expression de la mémoire …
La mémoire de Demain …
Une parole qu’il voit …
Reliant la Terre au Ciel …
Une Crue de Joie …
Un Ruissellement d’Amour …
Salaam.
Paix.
Pace.
Peace …
Son rêve s’est arrêté …
Il s’est réveillé dans sa cellule, mouillé de transpiration …
Incarcéré avec d’autres mineurs délinquants, il commence, dedans, dans l’enfermement, à avoir une vision AUTRE du temps et de l’espace …
En se rendant quelques heures plus tard à la bibliothèque de la prison, avec l’éducateur chargé de son suivi en détention, il espérait que le détenu chargé du fonctionnement de cette bibliothèque serait disponible pour lui parler, comme il sait le faire, d’art culinaire.
Depuis son emprisonnement, la cuisine l’intéresse …
Dehors, à moins d’une heure à vol de corbeaux et de mouettes, l’éducatrice chargée depuis de nombreux mois du suivi, dans le cadre d’une mesure judiciaire suite à plusieurs actes de délinquance, du voisin de cellule du mineur délinquant incarcéré, ânonne ses ânes à Lise[1] dénonçant les magistrats qui appliquent la loi sur l’emprisonnement des mineurs délinquants, et insultant les éducateurs qui travaillent en détention …
C’est l’éducatrice du département de la Seine-Saint-Denis, le neuf trois,[2] en région parisienne, vous vous souvenez ?
Le mois dernier, elle avait emmené le mineur en question, qui n’était pas encore incarcéré, pour faire du canoë-kayak dans les gorges de l’Ardèche, pendant trois semaines.
Avec deux autres éducatrices et deux mineurs.
Tous frais payés par l’administration.
Super pour « les ducs à tiffes »[3] dit-elle …
Elle cligne des yeux et se gratte entre les cuisses.
Devant et derrière.
Se met l’index dans le nez pendant un moment, puis continue sa prose …
Le regard éteint, elle n’arrive pas à dissimuler les effets de ses nuits blanches …
Bien que commençant ses journées de travail toujours en retard et les achevant toujours en avance, elle a du mal à récupérer les manques de sommeil accumulés …
Ne pouvant pas rester debout, elle s’installe à califourchon sur un tabouret.
Elle tire son string et expose le tatouage, au dessus de ses reins, représentant un crâne. Devant, elle est fière du piercing de son nombril, et voudrait qu’il plaise à la stagiaire qu’elle ne cesse de harceler, et au seul représentant au sein du service de l’espèce dite mâle …
D’un mouvement sec de la tête, elle rejette en arrière ses cheveux dénoués et détaille à « l’équipe » les grandes lignes d’un rapport au magistrat.
Le projet de sortie pour le mineur incarcéré dont elle a le suivi.
Elle propose un « séjour de rupture » de quelques mois en Afrique du Nord, dans le cadre d’une « structure d’accompagnement » …
Auparavant, avant de connaître la prison, ce mineur avait déjà effectué un « séjour de rupture » dans une autre région d’Afrique …
À chaque fois, c’est plusieurs milliers d’euros de prise en charge pour « les ducs à tiffes » que régissent des ramifications que ne connaissent que les « initiés » n’est-ce pas ?
En se relevant, elle a cligné des yeux et s’est grattée entre les cuisses.
Devant et derrière.
S’est mis l’index dans le nez pendant un moment, puis a quitté la salle …
Elle ne sait pas écouter et ne peut pas envisager autre chose en dehors de l’idée au logis[4] de son sein dit cas …[5]
Quelqu’un a dit que lorsque le doigt indique la lune, il y a des personnes qui ne voient que le doigt.[6]
Elle, ne voit même pas le doigt …
À la bibliothèque de la prison, le mineur délinquant incarcéré écoute le détenu chargé du fonctionnement de cette bibliothèque.
Il lui parle de poisson au four :
- Tu prends un gros poisson.
Tu le vides.
Tu le laves comme il se doit.
Mieux que toi-même lorsque tu prends ta douche.
Puis, tu le fais mariner.
Le temps nécessaire.
Je te fais confiance.
Trois heures ou plus, dans une préparation de coriandre hachée et d’épices (je sais, tu aimes manger et pisser) : piment doux, cumin, poivre où tu ajoutes un peu d’eau salée et du jus de citron, deux à trois cuillères d’huile d’olive ou d’arachide (non, pas de Rachid), et de l’ail pilé (et pas pillé).
Le tout est dans un plat à four avec des tomates coupées en tranches, un oignon en rondelles, quelques poivrons pelés, en morceaux.
De temps en temps, s’il le faut, tu ajoutes un peu d’eau et un peu d’huile pour avoir une sauce onctueuse.
Tu laisses cuire doucement.
Tranquillement.
Une heure ou plus.
Tu ajoutes des olives violettes.
Et tu me fais signe pour partager ce délice …[7]
  
BOUAZZA



Peinture réalisée par mon deuxième petit-fils le 21 décembre 2016 selon le calendrier grégorien.
Il a eu quatre ans en mars 2016.
[1] Analyses.
[2] Département 93.
[3] L’éducatif.
[4] L’idéologie.
[5] Syndicat.
[6] Proverbe  de Chine.
[7] Texte mis sur le net, sans l’illustration, le 29 août 2004 selon le calendrier dit grégorien, à partir d’écrits antérieurs.

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