Les
mineurs délinquants incarcérés suscitent des discours qui n’en finissent pas …
et les éducateurs qui travaillent dans les prisons auprès des mineurs
délinquants incarcérés, alimentent une parlotte bien connue sur « les ducs
à tiffes »[1] …
Vous
le savez, je sais.
C’est
moi-même qui vous l’ai dit.
Et
je tiens parfois à me répéter …
« Les
ducs à tiffes » c’est important.
C’est
quelque chose qui remonte aux temps zimmémoriaux[2] …
bien avant le thon des sœurs Ize[3] … au
temps où « les dromadaires avaient des ailes et les grenouilles avaient
des plumes » …
On
se gave de mots … on bave d’autosatisfaction … on parle de lanternes alors
qu’il s’agit de vessies … on se croit précieux …
Vous
vous rappelez de l’éducatrice du département de la Seine Saint Denis ?
Le
neuf trois en région parisienne ?
Elle
est dans un meeting et pense au temps de la jeunesse de sa mère qui lui a fait
découvrir « Spartacus » et compagnie …
Après
une formation « engagée », elle se sent irrésistible … et avec son
nouveau string, elle est sûre d’être bien armée pour ânonner ses analyses[4] …
« Certains
et certaines font tout pour supprimer l’éducatif en soutenant que tout est
affaire de marché et de profit.
Nous,
nous soutenons l’inverse.
Je
vais vous donner un exemple.
La
femme dans le cadre d’un marché et l’eau vendue en bouteilles comme produit.
Certains
et certaines disent à la femme qu’elle doit boire au maximum.
Boire
et pisser.
En
pissant, la femme a la conviction que sa vie est valorisée.
Pourquoi ?
Parce
que certains et certaines le lui disent.
Mais
nous, nous disons que c’est à la femme, à nous, de fixer en totale liberté
l’objectif … Nous pisserons si on veut » …
Elle
cligne des yeux et se gratte entre les cuisses.
Devant
et derrière.
Se
met l’index dans le nez pendant un moment, puis continue :
« Pour
l’éducatif, c’est la même analyse.
Nous
disons que c’est à nous de fixer l’objectif.
En
totale liberté ».
Sa
mère ouvre une énième canette de bière et la vide d’un trait.
Sa
mort fine.[5]
La
fille se lance, en termes d’affrontement, dans une vocifération
névrotico-hystérique contre les magistrats :
« Les
magistrats sont un grand danger parce qu’ils veulent mater l’éducatif et
écraser les adolescents soutenus et défendus par nous justement …
Certes,
les prises en charge éducatives qui nous sont confiées le sont suite à des
décisions de magistrats, mais nous disons que c’est à nous de leur dire ce
qu’il y a lieu de faire par la suite, et les magistrats doivent le faire parce
que c’est éducatif …
S’ils
s’y refusent, c’est une atteinte à la Liberté, incarnée par nous » …
Un
ego de cette taille est rare, je vous l’accorde, et en dehors de l’amputation
et de l’ablation, je ne vois pas comment limiter le surdimensionnement …
Acharnée,
elle continue et martèle que pour faire du bien, il faut participer à la
manifestation du week-end prochain, organisée place de la conne-corde[6] par
l’association « les chiennes », afin de combattre le mâle …
En
tirant sur le string, elle cligne des yeux et se gratte entre les cuisses.
Devant
et derrière.
Se
met l’index dans le nez pendant un moment, puis quitte l’estrade dans un bruit
de marteau-piqueur qu’elle reproduit chaque fois qu’elle se déplace …
La
mère, avec un monticule de canettes de bière vides à côté, ronfle.
En
dormant, elle rêve souvent qu’elle a d’autres chattes à fouetter et se presse
pour les retrouver, car elle n’aime pas les faire attendre …
J’allais
oublier …
Un
mineur délinquant incarcéré a reçu hier une lettre avec cette recette de
cuisine qu’il s’est empressé de me passer.
C’est
la voisine qui initie sa sœur aux « bonnes choses », comme le
« Flan coco » :
Prenez
trois œufs, une boîte de lait concentré sucré, un demi litre de lait, cent
vingt cinq grammes de coco râpé et quinze morceaux de sucre.
Battez
les œufs en omelette.
Faites
chauffer le demi litre de lait en y incorporant les oeufs et le lait concentré,
tout en remuant.
Caramélisez
un moule et versez la préparation dans le moule.
Mettez
au four, au bain-marie, thermostat 7, pendant une demi heure.
Servez
frais.
Et
n’oubliez surtout pas de m’inviter, avec l’éducatrice du neuf trois …[7]
BOUAZZA
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